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      Sécurisez votre compte Firestorm   04/03/2023

        Sécurisez votre compte Firestorm   Dans ce post, nous allons vous donner quelques bonnes pratiques afin de renforcer la sécurité de votre compte Firestorm.
      Pour rappel, votre compte est sous votre responsabilité, et vous êtes en mesure de le protéger sans que cela vous prenne plus que quelques minutes: pas cher payé pour se protéger des "hackeurs" et autres arnaques, non ?       Étape 1: Ajoutez un Authenticator (Authentificateur) La vérification en 2 étapes (ou 2FA) est extrêmement importante, et nous ne pouvons que vous conseiller de l'activer: C'est la meilleure des protections, et également un bon réflexe à prendre pour protéger vos autres données: chaque nouvelle connexion sur votre compte depuis un nouvel emplacement nécessitera un code que seul vous aurez. Comment l'activer: Ouvrez votre page de gestion d'authenticator sur le site. Cliquez sur "Activer mon authenticator". Téléchargez l'application Authy (meilleur que Google Authenticator). Vous pouvez en apprendre plus ici. Une fois l'application téléchargée, scannez le QR code ou rentrez le code généré par l'application manuellement. Votre Authenticator est activé! Vous devrez donc renseigner le code fourni par l'application à chaque connexion depuis un nouvel emplacement. Téléchargez les codes de récupération: Ça peut toujours servir!     Note: Une fois votre compte créé, n'oubliez pas de vérifier votre adresse mail. Sans ça, n'importe qui ayant accès à votre compte pourra en modifier l'adresse mail, et même le mot de passe.   Étape 2: Utilisez un mot de passe fort / complexe N'utilisez pas de mots du dictionnaire, mais de préférence une suite de caractères (lettres, chiffres, symboles) que vous seul connaissez. Une autre alternative consiste à choisir une phrase entière que seul vous connaissez, puis remplacez certaines lettres par des symboles (E -> 3, A -> 4, a -> @, etc) plus le mot de passe est long, plus il est difficile à trouver. N'utilisez ce mot de passe que sur Firestorm. De manière générale, essayez de ne jamais utiliser le même mot de passe sur différents sites. Des solutions, telles que KeePass existent, et peuvent s'avérer un excellent choix si vous avez du mal à retenir plusieurs mots de passe. Il s'agit d'un gestionnaire de mots de passes. Ne notez votre mot de passe nulle part ! Pas sur votre téléphone, pas sur votre ordinateur, ni au dos de votre liste de courses !       Étape 3: Sécurisez votre ordinateur Scannez votre ordinateur fréquement afin d'éliminer les malware, keyloggers et autres virus. Faites les mise à jour système lorsqu'elles sont disponible: n'attendez pas plusieurs semaines, car elles contiennent souvent d'importantes amélioration de sécurité. Si possible, faites en sorte d'être le seul à vous servir de votre ordinateur.       Étape 4: Amis & Famille ? Partager votre compte Firestorm avec vos amis, ou votre famille est fortement déconseillé: moins il y a de personnes qui connaissent vos identifiants, mieux c'est pour la sécurité de votre compte. Essayez d'adopter ces bonnes pratiques: Fermez votre session / déconnectez vous de Firestorm lorsque vous vous éloignez de votre ordinateur Ne divulguez pas vos mots de passe à vos amis / famille, et ne les laissez pas acceder à votre téléphone qui contient votre application Authy.       Récapitulons: Choisissez un mot de passe fort, unique, que seul vous connaissez. Vérifiez votre adresse mail, et installez un authenticator (de préférence Authy). Ne cliquez sur aucun lien douteux, et gardez votre ordinateur en "bonne santé" en le scannant régulièrement pour le protéger contre les virus & malwares. Aucun membre du staff ne vous demandera votre mot de passe. Ne le divulguez JAMAIS. Ne partagez votre compte avec personne, pas même des amis ou de la famille. Tous ces conseils sont dans votre intérêt, afin que personne ne vous vole quoi que ce soit, et que votre compte reste le votre !       FAQ: Question: J'ai perdu l'accès à mon authenticator, et je n'ai pas mes codes de récupération, que faire ? Réponse: Vous pouvez faire un ticket sur le support en fournissant le plus de preuves possibles que le compte vous appartient. Question: Quelqu'un m'a "hack" et a supprimé mes personnages et items. Réponse: Pour ce qui concerne les personnages, vous pouvez les restaurer sur la boutique, mais on ne pourra rien faire de plus: votre compte est sous votre responsabilité, c'est pour cela qu'il vous faut le protéger ! Question: Quelqu'un m'a volé mon compte, que faire ? Réponse: Techniquement, nous ne pouvons rien faire pour vous, comme expliqué dans cet article. Vous pouvez toujours faire un ticket sur le support en fournissant le plus de preuves possibles que le compte vous appartient.  
      L'Équipe Firestorm France
    • Asmondya

      L'équipe Firestorm France   04/03/2023

          Voici les membres des différents pôles de l'équipe Firestorm France    Veuillez noter qu'aucun membre du staff ne vous demandera votre mot de passe !    
    • Asmondya

      Liste des instances disponibles sur Oribos   05/03/2023

      Voici la liste des instances disponibles sur le royaume Oribos (Shadowlands) Nous savons que beaucoup d'entre vous aiment passer du temps sur les anciens contenus. Nous les avons donc tous testés et avons établi une liste avec l'état de chaque instance (fonctionne entièrement, partiellement, pas du tout). Cependant, a chaque patch, mise à jour ou correctif, il se peut qu'une d'entre elles soit affectée. Nous vous invitons donc à répondre à ce post si vous jugez qu'une des instances a changé. Par exemple : Suite à un patch, une instance qui fonctionnait entièrement a changé et un boss n'est plus faisable. Il vous suffit dans ce cas de nous le notifier en réponse au post et nous irons faire de nouveaux tests sur l'instance, puis en fonction de nos résultats nous vous répondrons et mettrons la liste à jour.  
Ujaali

[Background] Ujaali, une Elfe de la Nuit

12 messages dans ce sujet

Bonjour, 

Depuis 2013, j'écris le BG de mon personnage principal, Ujaali. Je ne voulais pas voir le sujet se perdre donc, je le re-propose ici.

Et d'autant plus qu'il n'est pas encore terminé. Depuis cette date, j'ai remis les chapitres à jour (peut être y-a-t-il encore des coquilles, sans doute même).

 

Ici, une première partie se décomposant en 5 chapitres. 

Tome 1, lisible en entier ici -> http://myreader.toile-libre.org/uploads/My_556836f4b9cd4.pdf

Ou en petites parties, ci-dessous.

 

De la Découverte à l’Apprentissage

 

 

CHAPITRE I

 

La Lumière

 

 

En l’an 21 de notre ère, en Terre d’Azeroth,

 

Cela fait plus d’un an, au cours de la Troisième Guerre, que le continent de Kalimdor a été découvert par les habitants des Royaumes de l’Est, notamment par les Humains et les Orcs.

 

Un nouveau monde s’offrait à eux : de vastes prairies, déserts, jungles et pics rocheux, en somme, de nouveaux espoirs de reconstruction mais aussi de conquête. Ces terres étaient cependant déjà habitées. Ils y rencontrèrent de nouvelles civilisations, de nouveaux peuples… les sages Taurens, les tribus Trolls et les ancestraux Elfes de la nuit. De gré ou de force, chacun dû choisir un camp en vue des menaces qui se profilaient.

 

La symbiose entre toutes les races est fragile… mais elle semble pourtant exister.

 

 

En se débarrassant d’Archimonde, qui aspirait l’énergie de Nordrassil pour devenir aussi puissant qu’un dieu, Malfurion précipita également la chute de « l’Arbre-Monde ». L’immortalité des Elfes de la nuit fut perdue après le cataclysme et l’invasion de la Légion Ardente. Désormais, il est remplacé par Teldrassil, la « couronne de la Terre », au large du continent. L’ancienne île de Kalidar a été transformée ainsi, tel un grand témoignage de la puissance magique des Elfes de la nuit. L’arbre géant, plus petit cependant que Nordrassil, s’élève de la mer, rayonne et protège tout ce qui passe sous son feuillage : rivières, animaux, arbres...

 

 

La région de Gangrebois, autrefois si naturellement faste et dense, n’est désormais, depuis le passage de la Légion Ardente, qu’une immense et sombre forêt corrompue, habitée par des êtres vivants en majorité infectés.

 

Après une des nombreuses batailles entre le cercle d'Emeraude et le cercle Cénarien se disputant ces terres, un petit groupe d'Elfes de la nuit reprenait sa ronde dans la forêt embrumée, non loin des ruines de Constellas au sud-ouest de la région.

 

Gardiens pour le compte du Cercle Cénarien, ces trois elfes, deux hommes et une femme arpentaient chaque jour les secteurs à risque du territoire elfique, tentant de faire perdurer un équilibre, déjà si fragile. Repousser les Furbolgs agressifs, et surtout les démons hantant encore les lieux, étaient leurs principales missions.

 

Níniel, la chasseresse du groupe, était de garde sur leur camp de fortune, composé d’un feu discret caché dans le creux d’un rocher et de trois paillasses, au sommet d’une colline. Au bord de la falaise, elle réparait machinalement son arc, comme à chaque fois, resserrant un peu plus les nœuds en cuir de daim, aux extrémités de l’arc en bois de cèdre. Elle l’observa, le caressa en arpentant du doigt les symboles sculptés, tira un peu sur la corde et visa la lune. Satisfaite du résultat, elle l’abaissa sur ses genoux.

 

Son regard côtoyait les étoiles puis, descendit un instant sur la forêt qui s’étendait à ses pieds. Elle se releva sans bruit et scruta l’horizon, intriguée. Une lumière scintillait, au loin dans la pénombre des sous-bois. Níniel rangea l’arc dans son dos, sans quitter la lumière des yeux.

 

Au bout d’un moment, elle décida de réveiller les deux hommes pour leur montrer le phénomène.

 

- Ce n'est pas une lumière comme les autres, chuchota Dylnn d’un air mal réveillé.

 

C’était le plus grand des trois elfes, toujours calme et l’air rêveur. Mais, il ne fallait jamais se fier à la fausse tranquillité de ses mouvements, malgré son armure lourde, il pouvait fracasser aisément et très rapidement n’importe quelle forme de crâne, sauf peut être celui d’un tauren.

 

Il se releva doucement en se massant le front et vint aux côtés de la chasseresse pour observer la lumière d’un meilleur point de vue.

 

- Ce n'est peut être qu'un feu, répondit Níniel en soupirant.

 

Thélion, le chef de l'escouade, se frottait les yeux d’une main et ravivait le foyer de l’autre avec son épée.

 

- Une lumière tu dis ? Un feu ?

 

La chasseresse acquiesça d’un simple coup de tête, puis leva brièvement les épaules et les mains, perplexe, en regardant son chef. Comprenant, il se releva net en s’aidant de son arme et la rangea aussitôt dans son fourreau. Plissant les yeux pour se concentrer sur la source du problème, il trouva lui aussi ce phénomène étrange.

 

- Non, ce n'est pas un feu, la lumière est trop blanche et il n'y a pas de fumée. Grimaça-t-il.

 

Ils se regardèrent tous les trois, puis observèrent à nouveau la forêt. Thélion, leva la tête et sembla calculer l’heure à partir du positionnement des étoiles.

 

- Dans 1h, poursuivit-il, l'équipe de Wil nous remplacera. En attendant Níniel, fit-il en lui faisant signe, surveille cette lueur.

 

- D’accord.

 

- Nous deux, en pointant Dylnn, on va aller voir sur l’autre versant. Nous irons y jeter un œil après notre tour de garde dans ce secteur.

 

- Très bien !

 

- Mais à mon avis ce n'est qu'un simple chercheur de plantes! Lança-t-il d’un air narquois.

 

Les deux membres de l'équipe sourirent, terminant par une moue. Ils restaient crispés, sachant pertinemment que les herboristes ne s'aventuraient pas la nuit, ni autre chose d'innocent d'ailleurs... 

 

 

La suite de la veille se déroula sans encombre comme c'était le cas depuis plus d'une semaine. L'échange d'équipe s'effectua, rapidement, aux alentours de 3h du matin lorsque l'étoile bleue d'Helluin quittait son zénith. Quelques mots furent échangés rapidement et discrètement par les deux chefs, les membres adjoints de chaque équipe restant en retrait et aux aguets.

 

La lueur blanche, que n'avait pas quitté des yeux la chasseresse, était toujours là, elle n’avait même pas bougée, ce qui invalidait l’hypothèse d’un promeneur. En revanche, elle semblait plus faible, vacillante au milieu de la forêt.

 

Níniel avait repéré un arbre un peu plus grand que la moyenne très proche de la source lumineuse, une fois descendu de la colline il serait leur seul repère. Elle montra le chemin et parti en tête, la main sur sa dague.

 

 

D'un pas assuré et silencieux, le petit groupe progressa en direction du grand feuillu. La marche dura plus d'une heure sans qu'ils rencontrent la moindre présence hormis celles d'animaux nocturnes. La corruption de la forêt lui donnait un teint verdâtre voire même poisseux par endroit.

 

Nouveau présage venant s’ajouter à la lueur : le froid. Pourtant encore en bonne période de l’année, il faisait de plus en plus froid, au fur et à mesure qu'ils approchaient. Visuellement, la lumière semblait encore faiblir, s’éteignant petit à petit avant l’aube qui arrivait, elle, à grand pas.

 

La présence d'êtres-vivants insinuait pourtant, qu'il n'y avait aucun danger, mais sait-on jamais... les trois gardiens du cercle Cénarien s’équipèrent de leurs armes. Ils venaient de dépasser le grand arbre, ils n’étaient plus très loin. S’abaissant, pour mieux voir entre les branches basses, la femme elfe montra un nouvel arbre entouré de lierre, plus petit mais aux racines saillantes. La lumière provenait de l’autre côté du tronc sans aucun doute. Elle semblait même en venir du cœur.

 

Ils se firent des signes sans bruit, comme des codes qu’ils connaissaient tous depuis leur entrainement. Thélion, le guerrier, passa devant Niniel, en lui posant sa puissante main sur l’épaule. Il se faufila par la droite de l'arbre. Dylnn et Níniel prirent par la gauche.

 

Il faisait si froid. La chasseresse frissonnait en retirant deux flèches de son carquois. Elle les tint avec une technique particulière qui lui permettrait de tirer deux fois si besoin, très rapidement et sans être obligée d’aller chercher une flèche dans son dos. Elle se maintenait pour ne pas claquer des dents et risquer de se faire repérer. Son chef lui lança un œil sévère auquel elle répondit par un hochement de tête.

 

 Son épée vers l'avant prête à frapper, Thélion, après un dernier signal à ses coéquipiers, s'élança au milieu des racines hautes et épaisses. Dylnn fonça au milieu des cliquetis de son armure, à découvert, de l’autre côté de l’arbre. Dès qu'il le perçu dans son champ de vision, il invoqua sur son supérieur un bouclier rapide mais efficace. Tandis que Níniel, ayant du mal à suivre le rythme de Dylnn, fini quand même par le dépasser et se plaça en retrait, un genou à terre, arc bandé sur l’arbre et parée à tirer.

 

- STOP !! Jeta Thélion d'un ton sec et à la fois murmurant en levant une main à hauteur de son épaule.

 

La lumière se reflétait dans ses yeux étonnés laissant apparaître le vert pâle de l’iris qui n'était normalement visible qu'en plein soleil. De son autre main, il s’appuyait avec son épée sur une des racines.

 

Níniel et Dylnn, échangèrent un regard puis baissèrent leurs armes. Hésitants, ils s'approchèrent lentement. Leur chef était comme figé, hypnotisé par la lueur maintenant juste au-dessous de lui. Le froid tenaillant enrobait chacun des trois gardiens. Níniel eu un nouveau frisson et remarqua du givre qui progressait à leur pied mais aussi sur la lame de Thélion. Dylnn se voutait, comme pour mieux garder la chaleur sous son armure, avant d’oser rompre l’attention de son chef à voix basse.

 

- Thélion ?                         

 

Les deux acolytes attendaient impatiemment, inquiets... Mais après un silence qui parut long…

 

- Une enfant. Souffla le chef toujours en chuchotant.

 

Un soulagement fugace fit vite place à un vif étonnement, les deux coéquipiers s’approchèrent un peu plus et regardèrent par dessus l'épaule de leur chef. Níniel était obligée de se mettre sur la pointe de ses pieds et de s’appuyer sur Thélion, discrètement, comme pour continuer à être protéger… au cas où. Ils restèrent figés aussi à la vue de la lueur.

 

Frissonnante et en boule dans le creux des racines, une petite elfe aux cheveux bleus comme la glace et au teint blanc dégageait cette fameuse lumière froide de ses mains. Les vêtements déchirés, elle ne semblait pourtant ne pas avoir d’égratignures. Le cœur de l’arbre était devenu blanc, recouvert de cristaux de givre. Alors que pointait les premières lueurs du matin, elle dormait, tel un écrin de lumière : Ujaali.

 
 
 

CHAPITRE II

 

Le Voyage

 

 

 

Gangrebois, plus au Nord,

 

Auprès d’un feu de camp, Níniel finissait les bandages chauffants de Thélion, aidée de l’aubergiste Minivash, une taurène faisant parti du Cercle Cénarien. Le malheureux eut les bras entièrement enveloppés de glace lors du trajet de retour alors qu’il portait la frêle enfant-elfe jusqu’à la Halte de Cœur sauvage. Celle-ci ne s’était pas encore réveillée.

 

L’elfe grimaçait à chaque fois que la chasseresse posait sa main sur le bras tout engourdit, craignant qu’il ne se brise. Níniel se retirait rapidement et à plusieurs reprises, collant ses mains sur elle de peur, lorsqu’elle entendait le bras « crisser ». Minivash enveloppa le guerrier dans des peaux, pour le réchauffer le plus vite possible.

 

La pauvre aubergiste fut réveillée aux aurores, elle n’avait pas l’habitude d’avoir des urgences si tôt, ni de se transformer en infirmière… ou encore en nounou. La taurène courait partout, ses pas lourds faisaient résonner le sol comme un tam-tam.

 

Dylnn profita de cette halte pour envoyer un coursier, qu’il fit chercher par Minivash au dortoir de la petite auberge. Il rédigea rapidement un rapport qu’il fit envoyé à Havrenuit, au Nord. Bougon, le messager partit avec la lettre de Dylnn, où il y décrivait leur dernière garde et ce qu’ils venaient de découvrir dans la sombre forêt poisseuse.

 

Minivash avait préparé un lit de fortune près du feu pour la « petite lumière » comme ils la surnommaient déjà, et la couvrit de nombreuses couvertures de laine fabriquées par ses soins.

 

L’aubergiste s’interrogeait, admirant l’enfant. Que faisait-elle au beau milieu de la forêt ? Elle devait avoir environ 14 ans d’âge humain, soit un peu moins de 300 ans elfique…

 

Mais où était sa famille ?

 

Alors que la taurène la regardait d’un air inquiet et protecteur, une phalène soyeuse passait par là et se déposa doucement sur le front blanc et sans marques elfiques de l’enfant. Par le chatouillement des pattes de l’insecte, un léger froncement de sourcils suffit à dégager un petit étincellement clair, emprisonnant et cristallisant délicatement de glace le petit papillon. L’aubergiste assise, se recula soudainement, étonnée, puis, d’une main tremblante récupéra la phalène. L’insecte se réchauffait, la glace disparaissait lentement, libérant les ailes, puis chaque parti du papillon. La phalène s’envola dans les bois, reprenant sa route comme si de rien n’était. A ce moment, l’enfant ouvrit les yeux…

 

 

Deux jours après cette escapade nocturne, le coursier fut de retour et tendit un ordre de mission à Thélion. Le cercle Cénarien demandait à voir l’enfant et le trio de gardiens pour interrogations.

 

Entre-temps, pendant que l’aubergiste gardait l’enfant, L’escouade avait arpenté les alentours où ils l’avaient trouvée. Cherchant un indice quelconque, ils retournèrent racines et fouillèrent les buissons, une potentielle grotte...en vain.

 

Les bras encore douloureux et un peu engourdi, le chef, soucieux, préparait sa monture, son sabre-de-givre. Cette sorte de panthère à canines proéminentes, était une de ses plus précieuses alliées, il l’avait dressée lui-même. Dylnn et Níniel se hâtaient également, remerciant leur hôte de la Halte, Minivash, et prenant des provisions pour le voyage.

 

« Ujaali », n’ayant toujours pas prononcé le moindre mot, gardait ce surnom et semblait y répondre. Désormais, on l’appelait ainsi. Ce nom signifiait « Lumière » en langue ancienne. Ce fut tout ce qui était venu à l’esprit du groupe lors de leur rencontre dans la forêt.

 

La petite elfe marchait lentement, avec des chaussons dépareillés et troués, aux abords du camp, emmitouflée dans ses couvertures. Sans parler, elle arborait toujours son halo de lumière dans ses mains qu’elle maintenait le plus possible fermées et plaquées contre elle. Chacun avait compris que son état résultait de ces « pouvoirs » qu’elle ne contrôlait pas.

 

Thélion, s’approcha d’elle avec sa monture prête. L’enfant leva la tête et regardait le guerrier, elle serra encore plus fortement ses mains contre elle, l’air triste.

 

- Ne t’inquiètes pas, je sais que tu ne l’as pas fait exprès. Sourit-il en montrant son bras presque guérit.

 

La fillette baissa les yeux et desserra un peu l’étreinte.

 

- Regardes ! Tu vas monter dessus ! Elle est douce tu verras. Reprit-il en montrant la panthère.

 

 La fillette contempla la bête, et vit Thélion s’accroupir à sa hauteur. Elle grimaça, ferma les yeux et leva les mains le plus haut qu’elle put. Le guerrier la prit par la taille et la souleva, telle une plume pour la mettre sur sa monture.

 

- Très bien comme technique Ujaali ! fit-il en lui passant la main maladroitement dans ses cheveux ébouriffés.

 

- On t’emmène en sécurité et on te soignera, lui dit-il en se frottant les mains qui commençaient déjà à refroidir dangereusement.

 

Elle le fixa de ses yeux clairs, esquissant un léger sourire, puis baissa la tête le regard dans le vide, prête à partir.

 

 

Le voyage dura plusieurs jours, il fallait se rendre au nord de la région pour prendre le passage sous les montagnes. Leur objectif, Havrenuit. Connaissant parfaitement la région, l’escouade prendrait des raccourcis.

 

Le petit groupe préféra voyager de jour, cachant ainsi plus facilement le « rayonnement » d’Ujaali, et afin surtout, de ne pas attirer l’attention des gobelins de la clairière d’Arbrefer. Ces choses l’auraient facilement capturée pour des expériences... ou encore, la revendre on ne sait-où.

 

Ils faisaient des camps très simples, comme lors de leurs missions. Un feu caché et des tours de garde. L’enfant, ne dormait presque pas, restant silencieuse et fixant les flammes.

 

Avec Dylnn, elle montrait une de ses mains lumineuses, lui faisait de même. Il pouvait canaliser son froid et connaissait une autre forme de lumière... magique aussi mais différente. Ils se prenaient les mains souvent en se regardant, l’elfe espérait ainsi qu’elle prenne confiance pour parler enfin. Elle souriait lors de certaines absorptions en retirant ses mains et s’en grattant la paume. Le froid et la force des pouvoirs de Dylnn provoquaient des chatouilles à l’enfant.

 

Thélion parlait. Il parlait beaucoup. La fillette s’allongeait et l’écoutait. Il racontait plein d’histoires différentes, tantôt des légendes, tantôt des missions.

 

Lors d’une pause, Níniel l’emmena plus avant dans la forêt, toujours à la vue des deux hommes elfes. Entre les arbres, un loup voguait reniflant le sol. La chasseresse regarda Ujaali et en souriant mit son index sur sa bouche.

 

- Chut, reste là, fit-elle en un clin d’œil.

 

L’enfant s’accroupit derrière un buisson et suivait des yeux l’elfe aux cheveux verts à travers les branches. La chasseresse s’approcha au plus près de l’animal. Ce dernier releva la tête et la fixa, les oreilles dressés. Níniel lui parla, chuchotant presque, en Darnassien. Elle communiquait avec lui. Le loup sauvage huma l’air et se rapprocha lentement, tête en bas en guise de soumission.

 

L’enfant se releva et vint doucement elle aussi vers la chasseresse qui lui fit signe. Le loup s’asseyait et se laissait caresser monnayant toutefois quelques sucreries que la femme-elfe ne manquait jamais d’avoir sur elle. La petite, visiblement épatée par l’exploit, caressa le loup et souriait à la chasseresse.

 

Thélion leur fit comprendre que c’était l’heure de lever le camp. Níniel acquiesça et prit Ujaali dans ses bras. L’enfant gardait ses mains fermées tandis que la chasseresse prononça quelques paroles au loup. Ce dernier tourna les talons tranquillement, se retourna une dernière fois vers les elfes, avant de disparaître dans l’épaisse forêt.

 

 

Ils arrivèrent chez les Grumegueules du Nord, des Furbolgs paisibles. Ces derniers leur libérèrent l’accès au passage sous-terrain.

 

Dans la grotte, une de ces bêtes humanoïdes bizarres sortie d’un recoin d’un pas pressé. La fillette sursauta et poussa un cri en le voyant. Prenant peur, Ujaali émana un vent glacé tout autour d’elle faisant déguerpir la bête aussi vite qu’elle était apparue, mais avec la truffe congelée. Le trio de gardiens fut étonné de voir ce type de réaction et surtout de ce pouvoir. Ils étaient frigorifiés !

 

Après avoir rassuré l’enfant et expliqué aux Grumegueules, qui s’agglutinaient autour d’eux en signe de désapprobation, que ce n’était qu’un accident, Dylnn tint la main d’Ujaali jusqu’à la sortie de la caverne. Ils marchèrent décidés, pour sortir le plus vite possible de cet endroit.

 

Une journée de marche plus tard, il fallait au moins ça pour traverser le souterrain, s’étendait à l’horizon un immense lac argenté et brumeux : le lac d’Elune’ara. L’enfant lâcha la main de Dylnn et fit quelques pas en courant vers le lac et s’arrêta net.

 

- C’est beau !! s’écria Ujaali, le regard sillonnant le paysage scintillant.

 

Elle parlait enfin au bout d’une longue semaine, peut être une preuve d’une amélioration de son état ?

 

- Oui, répondit Thélion en ouvrant les bras pour montrer les environs, Bienvenue dans la vallée de Reflet de Lune !

 

Ils échangèrent un sourire avant de repartir vers leur destination. Au loin, on pouvait apercevoir Havrenuit : le siège du Cercle Cénarien, qui attendait leur venue…

 

 

 

 

CHAPITRE III

 

Entre Passé et Destinée

 

Un feu.

 

Des montagnes entières brûlaient avec leur forêt, le tout disparaissant de la vision sous une épaisse fumée. Un dragon rouge et or parcourait le ciel, les pattes recroquevillées sous son ventre pour avoir plus d’élan à chaque battement d’ailes. En plein envol et entièrement déployé, il devait mesurer plus de 6 mètres d’envergure. Il restait juste au-dessus de la cime des arbres, scrutant le sol.

 

Plein de rage, il était à l’origine de l’incendie. Survolant un secteur, il repérait quelque chose et souffla faisant s’embraser la riche et ancienne végétation.

 

Le bruit du crépitement des flammes, du bois qui craque.

 

La bête se dirigea vers un arbre gigantesque abritant un village aux pieds de ses racines plurimillénaire. A chaque pulsation, le dragon reniflait fortement, laissant s’échapper une légère vapeur de ses narines. Les bourrasques, qu’il formait avec sa voilure fine aux écailles protectrices, donnait une plus grande force au brasier.

 

Des cris, accompagnés de flammes et d'un vent chaud venu du Sud. Chaque centimètre de bois, léché par le feu finissait par faire effondrer les charpentes des maisons dans un fracas intense et bref à la fois.

 

Un silence, étouffant. Plus un son.

 

Au milieu du village ravagé, elle courrait sans autre but que celui de se sauver. 

 

Se prenant les pieds dans une racine, elle trébucha, puis rampa sur quelques mètres, les mains empoignant la terre et les cailloux, avant de se relever haletante.

 

Cachée derrière des rochers, elle le vit :

 

- Le dragon, murmura-t-elle.

 

Il était conduit par quelque chose ou plutôt quelqu'un. Elle discernait une silhouette humanoïde sur le dos de la bête. Ils s'avançaient vers elle une fois posés au sol. Toujours un grand silence où l’on entendait seulement son souffle. La démarche étrange du dragon le rendait encore plus menaçant. Il amenait sa patte droite avant en même temps que sa patte gauche arrière pour faire un pas et ainsi de suite, le faisant naturellement zigzaguer.

 

La peur la figeait, elle ne pouvait que fixer les yeux dorés du reptile qui progressait inlassablement. Il possédait de nombreuses petites cornes noires sur la tête et une fumée grisâtre et de plus en plus rougeoyante lui sortait des narines. D’un simple coup de tête il fit basculer le rocher, découvrant ainsi la fillette. Il la fixa dans les yeux, s’approchant plus encore. Il semblait sourire.

 

A quelques centimètres l'un de l'autre, elle pu apercevoir une montagne enneigée dans le reflet de ses yeux, tandis que celui-ci la reniflait lui envoyant quelques braises au visage. Il abaissa sa tête pour mieux la regarder. Une seule de ses narines faisait tout le visage de l’enfant. La fillette se mordit les lèvres, tentant de ne pas respirer et de ne pas pleurer de peur.

 

- Non ! ordonna-t-elle soudainement.

 

Le saurien recula d’un seul coup son énorme tête. Une voix sourde et sombre lui parlait dans une langue inconnue. Le dragon inclina légèrement la tête sur le côté pour écouter son maître. Il ouvrit alors la gueule découvrant ainsi ses crocs, un tourbillon de flammes parvenait du fond de sa gorge. Et juste avant que le feu ne l’emporte, elle cria.

 

- NOOONNNN!!

 

S'asseyant d'un bond, tout en criant pendant un instant, Ujaali respirait vite. Sa lumière vacillait dans tous les sens. Observant de tous les côtés, elle tentait de savoir où elle était, ce qu’il se passait. Elle n’arrivait plus à fermer ses mains.

 

- Tout va bien Ujaali.

 

Elle sursauta à la voix et mit quelques secondes pour réaliser qu'il s'agissait de Níniel. Entre deux vacillements de lumière, elle aperçu la chasseresse, se levant de son lit pour venir vers elle. Elle s’assit à côté d’elle et lui passa la main sur le front puis dans les cheveux.

 

- C'était un mauvais rêve, rendors-toi. Lui dit tranquillement la chasseresse en la rallongeant et la bordant. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait.

 

- Nini ?

 

- Oui ?

 

- T.. Tu peux rester s’il te plaît ?

 

La fillette sanglotait. La femme elfe lui sourit affirmativement, récupéra une peau de bête qu’elle mit autour de sa taille et se glissa dans les draps, se blottissant contre l’enfant. Au bout de quelques instants, la lumière s’estompa.

 

Ujaali ne réussissait pas à fermer l'oeil, doutant fébrilement. Etait-ce un cauchemar? Ou un souvenir ? Si c'était vrai, elle ne serait pas ici à Havrenuit ! Mais cela semblait tellement réel... Et quelle était cette montagne enneigée ? Devant tout ce feu, ce lieu froid l'attirait, mais pourquoi? Tous ses sens se mélangeaient.

 

 - Avec le temps, je me souviendrai, se promit-elle à mi-voix.

 

 

La réunion tant attendue avait lieu dans une grande salle de la bâtisse principale de la ville. Une grande pièce ouverte sur le lac, toute en bois, aux décors sobres composés essentiellement de pièces de bois taillé symbolisant des runes. Quelques peu tendus, le trio se regardait, attendant que les membres du conseil, crée pour l’occasion avec les personnes membres du Cercle présentes ce jour-là, se saluent, prennent place et leur donnent enfin la parole.

 

Thélion, Níniel et Dylnn passèrent tour à tour. Chaque gardien était invité à se mettre debout et se présenter : nom et grade. Thélion, vêtu pour l’occasion d’une armure légère et ses cheveux bruns nuits tirés vers l’arrière, commença. Ils racontèrent chacun leur version sur leur aventure en forêt, sur ce qu'ils avaient remarqué, décrivit l’enfant et son comportement, son « pouvoir », et les décisions prises pour que leur passage dans certains secteurs de Gangrebois fût le plus discret possible.

 

Le Cercle Cénarien et autres invités se composaient ici de 6 personnes de races différentes, majoritairement d'elfes, mais aussi d’une draenei et d’un tauren. Assis tel un jury dans une salle d’audience, ils écoutaient les gardiens.

 

Ils ne semblaient pas hostiles aux récits, au grand soulagement de Thélion qui redoutait à chaque fois ce style de rencontre. Paperasse et administration n’était pas son fort. A la fois désintéressé par une énième affaire, et intrigué par la découverte des gardiens, l’assemblée les fit sortir et discutèrent un long moment pièce close.

 

 

La réunion avait été tenue secrètement et en petit comité, ainsi, Ujaali avait été tenue jusqu'à présent à l'écart. Elle se promenait en attendant sur les abords du lac étincelant.

 

Un oiseau profitait du soleil sur la berge. Un œil en coin, il vit la jeune elfe approcher. N’étant plus qu’à quelques mètres, il se leva et se laissa glisser sur l'eau.

 

Par curiosité, Ujaali voulait faire comme Níniel et approcher n'importe quel animal sauvage. Elle lui parla tout en s'avançant sur l'eau. L’oiseau ne voulut rien savoir et poursuivit à plus grand train sa progression sur le lac, pour aller se réfugier dans les roseaux.

 

Au bout d’un moment, elle se retourna vers la berge d’où elle venait, trouvant étrange de ne pas s'être enfoncée. Avec étonnement, elle s’aperçu que chaque pas avait gelé la surface de l'eau la rendant suffisamment solide pour pouvoir supporter son poids. 

 

Sur la rive, Thélion et Aendel Lancevent, l'intendant du Cercle, venant la chercher, virent la scène. Ce dernier, au visage fin semblait impassible, ses yeux clairs et froids rendaient toute émotion imperceptible. L’intendant la fixait intensément tandis que Thélion tenta de lui parler, avançant d’un pas vers le haut responsable. Les paroles du guerrier résonnaient comme un bourdonnement sur le lac, même s’il chuchotait, mais elles étaient trop difficiles à discerner. Aendel lui répondit simplement par un geste de la main sans quitter son objectif des yeux. Le guerrier se tut, recula et se retourna à nouveau vers Ujaali. L’enfant, croisa ses mains devant elle et revenait sur ses pas gelés, en se pinçant les lèvres.

 

Arrivée devant les deux elfes, elle garda les yeux baissés, pour ne pas affronter leur regard, surtout celui de l’elfe blond.

 

- Viens avec moi petite ! Dit Aendel, l'air assuré et sévère.

 

Elle jeta un œil à Thélion qui lui fit signe d'accepter, dans un sourire crispé.

 

Dans les couloirs qui menaient à la salle d’audience, Ujaali s'émerveilla de tous les cristaux suspendus dans les airs. Une prise de confiance aussitôt envolée lors de son entrée dans la salle, où les cinq membres du cercle attendaient. Aendel Lancevent les rejoignit et se mit au centre. Il leur glissa quelques mots, les personnes les plus éloignées se penchèrent en avant pour mieux entendre. Chacun se redressa sur sa chaise et l'épiait. Ils semblaient la juger sur ses moindres faits et gestes. Ses trois gardiens se tenaient debout derrière elle en retrait. 

 

La draenei assise à la droite de l’intendant la regardait plus intensément que les autres. Quelle était cette créature, l’enfant n’en avait jamais vu. Elle jeta un œil sous la table, étant à la même hauteur, et vit qu’elle avait non pas des pieds mais des sabots ! Comme les Taurens. Etonnée, elle se releva rapidement et poursuivit son analyse. Sous ses cheveux filasses et grisonnants, deux petites cornes noires recourbées. Enfin, une peau bleu grise mais sans ride… Quel âge avait-elle ?

 

La fillette croisa son regard sombre et posé. La draenei haussa un sourcil et aussitôt l’enfant, gênée, baissa les yeux sur ses propres chaussons troués.

 

L'intendant se leva et commença son interrogatoire : 

 

- Bien, Jeune fille, quel est ton nom?

 

- … ah, bredouilla-t-elle en regardant tout le monde.

 

- Oui c’est à toi que je parle.

 

- J.. Je… Je ne sais plus monsieur…

 

- Aucun souvenir ?

 

- Hum, non, mais on m'appelle Ujaali maintenant et j'aime bien.

 

Elle tourna la tête et échangea un sourire avec Níniel. Quelques rares brouhahas s’élevèrent des membres du conseil. L’intendant leva une main et tous cessèrent. La fillette se retourna, serrant les doigts les uns contre les autres.

 

- D'accord, d'où viens-tu?

 

- D'un village aux pieds d'un arbre géant...

 

- Oui comme beaucoup d'Elfe, trancha Aendel.

 

- J… hum… C'est flou, dit-elle tremblante, Monsieur, je ne sais pas.

 

Níniel sentant la détresse de la jeune elfe voulu se lever, ses deux acolytes, l’en empêchèrent discrètement.

 

- Où sont tes parents? poursuivit-il en levant un sourcil vers la chasseresse.

 

- Je ne sais pas... 

 

Les larmes lui montaient aux yeux et la lumière de ses mains s’intensifiait, certains des membres du conseil eurent un frisson. Dans la pièce régnait un léger courant d’air froid.

 

- Mon cœur me dit qu'ils ne sont plus. J'espère que c'est faux. C’est tellement flou…

 

La draenei se leva, Aendel lui fit signe de parler.

 

- Sais-tu d'où te viens cette lumière ? Elle grandit à mesure que tu as peur petite. Demanda-t-elle.

 

- … Non Madame, je ne sais pas, dit-elle en baissant la tête. 

 

Même si, la Montagne enneigée de son cauchemar lui revint à l'esprit, elle n'était sûre de rien.

 

- Mais j’en ai peur ! fit-elle en ouvrant les paumes vers le ciel.

 

- Et plus j’y pense, plus ça empire !

 

Plus sa crainte augmentait, plus la lumière était vive, et le froid qui s’en dégageait aussi.

 

- Ressens-tu ce froid ?

 

- Oui, mais cela ne me fait rien de plus. Répondit-elle perplexe, elle n’y avait jamais songé.

 

- Pouvez-vous me soigner ? demanda-t-elle en regardant chacune des personnes assises devant elle.

 

- Ce n’est pas une maladie, mais quelque chose de beaucoup plus précieux. Soupira la draenei en se rasseyant.

 

 

Après une série d'autres questions sur une vie dont elle n'avait pas de souvenir, le cercle fit sortir tout le monde.

 

Assise au bord du lac, Ujaali pleurait. Thélion la rejoignit tandis que Dylnn rassurait Níniel sur les propos tenus par le conseil.

 

Il s’asseyait à côté d’elle et lui passa le bras autour de ses frêles épaules.

 

- Tout va bien mon enfant, ils cherchent une solution pour t'aider au mieux, lui dit-il, j’en suis persuadé.

 

- Toutes ces questions me rendent triste ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal?

 

- Rien du tout, tu émane un pouvoir très... même trop étonnant pour ton âge, ils sont donc méfiants.

 

- Ils ont peur de quoi ? De moi ?

 

- De ce que tu pourrais devenir si tu ne contrôles pas tes pouvoirs rapidement. Ça peut être dangereux tu te souviens ? fit-il en se tapotant son bras anciennement congelé.

 

Elle sourit en coin, toujours gênée par l’évènement.

 

- Qui était cette créature-dame qui m'a questionné ? demanda la fillette en s’essuyant les yeux.

 

- Ahah, c’est une Draenei. C’est vrai que c’est un peu étrange quand on n’en a jamais vu. Mais, pour répondre à ta question, il s’agit de... il s’accorda un temps de réflexion en regardant le ciel et claquant des doigts... hum Valustraa, c’est ça, une mage puissante qui travaille pour le compte de Teldrassil. 

 

- Une mage ? Teldrassil ?

 

- Teldrassil est notre nouvel arbre-monde et je pense, sans trop m'avancer, qu'après de longues années de travail tu deviendras une mage toi aussi, lui dit Thélion avec un petit sourire et un petit coup d’épaule.

 

Ujaali refixa l'eau, oui mage, comme dans certaines histoires, c'était un rêve d'enfant.

 

Au bout de quelques heures, Aendel approchait du quatuor accompagné de cette fameuse Valustraa. Restait plus qu'à savoir, quel destin ils avaient décidé pour elle...

 

 

 

 

CHAPITRE IV

 

En Route !

 

 

Au bord du lac d'Elune'ara,

 

Aendel se tenait droit et annonça calmement la décision du conseil.

 

- Petite… Ujaali donc, ... tu as un pouvoir exceptionnel pour ton âge. Ainsi on ne peut pas te laisser errer sans famille pour t'éduquer et surtout ni mentor pour te maîtriser.

 

- Mais...

 

- Le conseil du cercle a décidé, poursuivit-il en levant un doigt pour l’interrompre, que tu partiras avec Valustraa, que voici.

 

Il montra la draenei qui s’avança d’un pas.

 

- Exactement, tu viendras à Darnassus et tu suivras l'initiation des mages elfes que je t’enseignerai.

 

Le verdict était tombé, Aendel et Valustraa avaient été directs, sans laisser parler.

 

- Bonne route à toi, fit l’intendant en esquissant un léger sourire.

 

*On dit qu'elle est proche de la Reine de Murmevent*, lui avait dit Thélion un peu plus tôt. Ujaali pensait alors avoir compris pour quelles raisons.

 

Aendel poursuivit.

 

- Thélion, vous vouliez prendre en charge notre jeune invitée. C’est ce que vous avez annoncé lors de votre temps de parole.

 

- Oui Monsieur.

 

- Est-ce toujours valable ? Rien ne vous y oblige.

 

- Oui bien-sûr, Monsieur ! lança-t-il en se mettant au garde-à-vous.

 

- Bien, dans ce cas, vous les accompagnerez à la capitale et veillerez sur elle. Fit-il en montrant la jeune elfe du doigt. N’oubliez pas d’aller voir mon adjoint pour les détails avant de partir.

 

- A vos ordres !

 

La chasseresse et Dylnn s’étaient approchés lorsqu’ils ont vu arriver l’intendant et la mage.

 

- Níniel, vous tombez bien.

 

- Monsieur, salua-t-elle en inclinant sa tête.

 

- Vous avez de la famille sur l'Île ?

 

- J..Je… Oui.

 

- Vous ne les avez pas vu depuis combien de temps?

 

- Oh, depuis plus d'une décennie Monsieur. Rougit-elle.

 

- Oui, dit Aendel en regardant Valustraa. Celle-ci inclina légèrement la tête en signe d'approbation. Vous les accompagnerez également, finit-il.

 

- Merci monsieur, répondit la chasseresse émue.

 

- Dylnn ?

 

Le grand elfe, s’inclina doucement, attendant son tour.

 

- J’ai une mission pour vous.

 

- Je suis prêt Monsieur. Répondit-il en se redressant.

 

 

Dylnn ne ferait pas parti du voyage. Il avait été promu à la place de Thélion à Gangrebois et se devait de reconstituer une toute nouvelle équipe de gardiens à Havrenuit. La fillette trouvée dans la région, il y aurait sans doute d’autres indices, dont elle ne se souvenait pas, à découvrir, peut-être chez les gobelins. Telle était sa nouvelle mission, en plus des patrouilles quotidiennes, qu’il prenait avec plaisir.

 

Tant d’années passées ensemble, le trio se dit au revoir chaleureusement, se promettant de s’écrire et de se revoir. Tel deux frères, Thélion et Dylnn se firent une accolade à en faire crisser leur armure.

 

L’elfe imposant prit la fine Níniel dans ses bras, lui murmurant quelques mots à l’oreille en souriant. Emue, elle lui répondit affirmativement.

 

Lors des derniers adieux, il offrit un collier de jade bleue à Ujaali pendant que Thélion l’attachait sur sa monture.

 

- C’est beau ! C’est quoi ? fit la jeune fille épatée.

 

 - Un collier aux propriétés protectrices. Il t’aidera à canaliser ton énergie, comme mes mains, sourit-il. Je l’ai fabriqué moi-même avec une pierre que j’ai trouvé dans la région d’Orneval, il y a longtemps. Expliqua-t-il tranquillement.

 

- Merci, Dylnn !

 

Ujaali se pencha le plus possible sur l’elfe et l’embrassa sur la joue.

 

- A bientôt, petite ! fit-il en tentant de cacher son émotion, une main brouillant les cheveux déjà emmêlés de la fillette.

 

 

C'est par un petit matin brumeux que la caravane pleine de provisions et les montures partirent en direction de la côte Ouest. Thélion et Niníel avaient rejoint les deux gardes qui avaient accompagnés la mage depuis Teldrassil. De passage près d’Havrenuit, Valustraa avait été tout naturellement conviée au conseil, surtout vue la nature du sujet.

 

Les gardes venaient tout droit de la capitale elfique, Darnassus, et demeuraient silencieux et concentrés. Tellement solennels, on était assez loin de la bonne entente du trio, qui régulièrement se faisait mutuellement des farces. Telle ne fut pas leur surprise, lorsqu’un jour Dylnn se réveillât en sursaut parce que le guerrier lui chatouillait les interstices de son armure lourde, avec une plume que la chasseresse avait trouvé. Ça avait failli lui coûter sa main ! Thélion et Niníel firent plusieurs fois des tentatives pour communiquer avec eux… mais rien n’y faisait. Ils s’échangèrent à plusieurs reprises, ses regards si complices, pour se moquer de leurs nouveaux collègues, sans toutefois leur manquer de respect.

 

Dans l’après-midi, commençant à fatiguer sur le sabre-de-givre, la petite elfe avait prit place dans le véhicule avec Valustraa. La mage lisait un livre immense, si épais, qu'Ujaali aurait eu du mal à le porter. *il va lui falloir des années pour tout lire !* se dit-elle.

 

Parfois, la mage leva les yeux et se posèrent sur l’enfant, puis replongea dans son livre.

 

 

Tandis que les paysages verdoyants de Reflet-de-lune s'éloignaient, le groupe repassait par des chemins connus : traversant le nord de Gangrebois. 

 

La région de Sombrivage apparaissait au bout d'une longue semaine de voyage.

 

La mage restaient austère et ne répondait que très brièvement aux questions de l'enfant. Le voyage paraissait interminable, la jeune elfe s’assoupissait souvent, sans vraiment pouvoir dormir à cause des chaos sur lesquels les roues de la caravane passaient et faisaient tituber le véhicule.

 

*Le dragon, ...qu'est-ce qu'il faisait là? C’était un souvenir ? Et cette montagne blanche... Où elle est ? Pourquoi elle me hante ?... J'espère ne pas être un problème pour Valustraa...elle n'a pas l'air contente... ah oui, elle a mal au cœur en voyage… C'est quoi Teldrassil déjà? * 

 

- Pfff... Souffla Ujaali, trop de questions en tête et pas de réponses, mis à part un oeil glacial se relevant du livre pendant un instant.

 

- Pardon… Madame.

 

- On répondra à toutes ces questions Ujaali. Assura-t-elle sans lever les yeux une deuxième fois.

 

- … Q..Vous lisez mes pensées ??

 

- Aah ah, non pas vraiment, fit-elle dans un rire aigu en la regardant. Certains mages y arrivent cependant, elle claqua brièvement son livre d’un revers de main. Non petite, je connais juste la nature elfique, je me mets à ta place… C’est tout.

 

 

La caravane suivait le long fleuve menant jusqu'au port, au Nord de la région. Le convoi fit une pause d'une journée au Bosquet des Anciens pour acheter des provisions. La draenei était partie s'isoler dans la forêt avec son livre, prendre l’air, marcher, c’était ce qu’il y avait de mieux pour son mal du voyage.

 

Poursuivant un petit oiseau, retentant à nouveau l’expérience de domptage d’animaux, Ujaali déboula sur les abords du fleuve, perdant de vue sa proie. Niníel était là, assise les bras croisés.

 

- Ca va Nini ?

 

La chasseresse releva la tête, les yeux larmoyants.

 

- Oui très bien Ujaali.

 

La petite elfe se sentit coupable de l'avoir dérangé et s’asseyait près d'elle.

 

- Qu’est-ce que tu faisais ?

 

- Et bien… je voulais faire comme toi avec le loup ! Mais je n’y arrive pas…

 

Níniel esquissa un sourire et observa l’horizon.

 

- Qu'est-ce qui se passe ?

 

- Rien de grave ne t’inquiète pas, c'est des histoires de grands. Soupira-t-elle.

 

- Une histoire d'amour? Demanda naïvement la fillette.

 

- Hum… Oui on peut dire ça, comment tu sais ?

 

- Je ne sais pas, je dis ça comme ça. On pleure souvent quand c’est des problèmes de cœur… c’est tout.

 

Ujaali pensa alors à Dylnn, Níniel pleurait sans doute parce qu'il était parti... Mais elle ne s'était pas douté qu'il y avait quelque chose entre eux… Sauf peut être lorsqu’ils ont échangé leurs derniers mots.

 

- Tu vas retrouver ta famille sur l'île, ça va être bien !

 

- Oui tu as raison, ça fait longtemps, un bon retour aux sources dit Níniel avec un pauvre sourire.

 

Ujaali vit une fleur jaune aux racines épaisses filant jusqu’à l’eau. Elle se leva et tira fort dessus pour la cueillir.

 

- Tiens ! fit-elle en tendant son trophée, c'est pour toi.

 

La fleur se mit à se congeler entièrement devenant une fleur de cristal glacé.

 

- Oh ! fit Ujaali avec de gros yeux.... Désolée.

 

- Níniel ria, Merci ma chérie, elle est magnifique.

 

Elle prit la fleur et la plaça dans ses longs cheveux verts

 

- Si tu avais vu ta tête ! Lança la chasseresse en lui donnant une tape sur l’épaule. N’importe quoi ! 

 

Les deux elfes partirent en rigolade, Ujaali avait réussi son coup.

 

 

Le chemin jusqu'à Lor'danel se déroula sans problèmes, hormis lors de la traversée d'un gué où la caravane perdit une roue. Thélion sachant bricoler, la répara rapidement. Les deux gardes maintenaient sans broncher la caravane pendant que le guerrier plaçait, enlevait, ajustait puis replaçait la roue. Echangeant quelques regards avec la chasseresse, cette dernière compris qu’il faisait tout ce manège pour les tester. Elle gloussa. Mais de la part des deux gardes… toujours rien. 

 

 

Elle marchait dans la neige, le manteau blanc lui arrivait aux genoux. Chaque pas faisait un bruit fluide et cotonneux. Au loin la montagne ! Il fallait l'atteindre au plus vite mais c'était difficile de marcher et il faisait froid...

 

Elle trébucha dans la neige les mains en avant, des voix s’élevèrent… Soudain un bruit plus distinct !

 

Ujaali se réveilla, encore un rêve, ... mais, ce bruit. Venue du fond de la pièce, une ombre s'enfuyait par la fenêtre de l'auberge ! Un voleur !

 

Prenant peur, elle cria, la lumière de ses mains illumina la pièce. Souple et rapide, l’ombre avait disparue. Thélion dévala dans la chambre, suivi de près par Níniel. La petite elfe pointa du doigt la fenêtre.

 

- Quelqu'un là !

 

Thélion sorti en courant tandis que Níniel tentait de rassurer l'enfant.

 

- J…Je ne l’ai pas vu ! Oh, Mon collier ! S'écria Ujaali en regardant la table de chevet. Il a prit le collier de Dylnn!

 

- T'inquiètes pas, Thélion le retrouvera.

 

Le guerrier arpentait la rue principale, les deux gardes de Darnassus sortirent également. Il leur fit signe et se mirent tout de suite à la recherche de suspects. Dans l’angle d’une rue, il vit l’ombre.

 

- Là !! S’écria-t-il en le poursuivant.

 

L’ombre tenta de grimper sur un haut mur pour en atteindre la fenêtre et s’y laisser glisser. Thélion l’attrapa par le bas du pantalon et leva au-dessus du sol.

 

Quelques minutes plus tard, le gardien et les deux gardes débarquèrent dans l'auberge avec le malfaiteur qu'il tenait par les cheveux. Ce n'était rien d’autre qu'un gosse humain.

 

- Allez chenapan ! Rend-lui ce que tu lui as pris et déguerpi ! lança sévèrement Thélion. Pas le temps pour ces enfantillages !

 

Le petit garçon brun, le visage mince semblait apeuré, il courrait pourtant vite et ne s'était jamais fait attraper auparavant.

 

Ujaali le regarda méchamment. Il soutint son regard. Des yeux si foncés, comme les eaux des fonds marins, et elle des yeux aussi clairs que ses cheveux.

 

- Rends-moi le collier !

 

Le garçon baissa la tête, tout en la fixant. Le guerrier lui poussa l’épaule.

 

- Allez ! Insista-t-elle en tendant la main.

 

Il sourit. Soudainement, il lui lança le bijou et d'un geste souple et rapide, tapa le tibia de Thélion l'obligeant à se baisser. Il en profita pour pousser les deux gardes et se faufiler jusqu’à la porte en un claquement de doigt, disparaissant dans la pénombre de la nuit...

 

 

 

CHAPITRE V

 

L’Arrivée à Darnassus

 

 

 

Teldrassil, un arbre-île gigantesque s'élevant au milieu de la Mer Voilée aux larges des côtes de Kalimdor. Majestueux, il est le siège, le sanctuaire des Elfes de la nuit. Là est l’objectif des gardiens de Gangrebois. Un seul moyen pour y accéder, par bateau en plusieurs jours.

 

L'embarquement s'est déroulé au petit matin en emportant une cinquantaine de voyageurs.

 

Thélion et Níniel s'étaient installés à une table, autour d'un bon verre dans le petit restaurant du navire. Valustraa lisait toujours son énorme livre enfermée dans ses appartements. Tandis qu'Ujaali parcourait le bateau de la proue à la poupe, suivant les marins ou humant l'air frais et humide de la mer gardant l'oreille attentive à chaque vague s'écrasant sur la coque.

 

En visitant l'Estambot, elle fixa la quille qui dirigeait l'embarquement en fendant les ondulations de l'eau. Son regard se releva alors vers le loin, d'où elle venait, elle n'en voyait plus que l'ombre informe des montagnes... la montagne enneigée...elle ne la verrait peut être jamais, plus jamais elle ne reviendrait sur ces terres...

 

Ainsi, la nostalgie l'envahit à mesure que le ciel s'assombrissait. Les yeux fermés, entre espoir et tristesse, elle appréciait les frottements du vent sur son visage.

 

 

La pluie tombait depuis trois longues journées, ralentissant par conséquent la chaloupe. Le pont luisait sous le mauvais temps, faisant ressortir la belle couleur brune du bois. Les vagues se formaient, plus amples et profondes, donnant au bateau un mouvement chaotique et lancinant. Certains marins, même habitués, luttaient pour rester droits, regardant au loin pour éviter les haut-le-cœur.

 

Valustraa restait tant bien que mal, cramponnée à un petit tonneau, la tête en avant, se crispant de tout son corps à chaque descente de vague. Níniel passait la voir de temps à autre, lui apportant une boisson chaude au citron ou une couverture supplémentaire, tandis que Thélion résistait lui aussi, tant bien que mal. N’ayant pas le pied marin, la seule odeur de l’iode le faisait pâlir. Il tentait néanmoins de s’occuper en aidant l’équipe du bateau à tenir les cordages des voiles battues par les vents.

 

Ujaali cherchait à fuir certaines cabines, remplies de voyageurs ou de marins malades. L’atmosphère lourde, accompagnée de diverses odeurs acides et bileuses donnaient à ce voyage un nouvel aspect, moins rêveur.

 

- Les enfants sont plus costauds que nous pour ce genre de chose ! Riait un marin avant d’engouffrer sa tête dans son pull, les mains serrées sur les genoux.

 

La jeune elfe, observa les marins s’afférant à leur poste sur le pont, bravant chaque vague comme si c’était un ennemi à esquiver. Elle se faufila jusqu’à une petite porte en sapin et descendit dans la sombre cale. Elle respira profondément.

 

 *Quel calme, enfin !*

 

Elle ouvrit sa main, libérant un halo de lumière, avant de progresser dans les escaliers puis dans l’immense « coulisse » du navire. Il y avait de nombreux bagages, tels que des sacs en cuir ou en laine, donnant une odeur particulière à cette pièce, normalement fermée. Egalement, de nombreuses caisses de marchandises étaient réparties dans la salle par catégories : matériels, nourriture ainsi que quelques cages avec des animaux endormis pour le voyage. Ujaali s’attarda sur des lots de parchemins, s’imaginant être une espionne, jouant avec sa lumière, écoutant le moindre bruit autour d’elle : le reniflement d’un loup enfermé, le bois craquer sous ses pas, les vagues tapant la coque à l’extérieur. Elle se dirigea ensuite, vers des vivres en tout genre : pommes de terre, épices, poissons et viandes séchés, des paquets de différentes tailles. L’un d’eux était ouvert, des beignets fourrés.

 

*Etrange*

 

Mais toutefois, elle ne pu s’empêcher d’en prendre un, souriant en le savourant.

 

Soudain, un bruit sourd. Elle avala rapidement la fin du beignet craignant de se faire prendre sur le fait. Mais le bruit ne provenait pas de la porte d’entrée, mais de quelques rangées de caisses plus loin.

 

Elle tendit l'oreille, ferma sa main cachant la lueur et se rapprocha de la source du son d'un pas aérien. Dans l'angle de deux rangées de coffres, des pas rapides, quelqu’un se mit à courir, elle en fit autant dans la même direction. Ils se rentrèrent dedans au croisement suivant. Entre quelques cris de surprises et le fracas de boites tombant au sol, la petite elfe ouvrit les mains en se relevant et le vit. Lui ! Ce petit voleur de collier !

 

- Toi ?!

 

Le rayonnement l'aveuglant, le garçon tourna la tête.

 

- Arrêtes ça !

 

- Qu'est-ce que tu fiches ici ! dit-elle en rapprochant ses paumes plus près du visage de l'humain.

 

- Je... Je voulais partir, partir loin... Je suis désolé pour ton bijou, mais je t'en pris baisse ça ! Vociféra t-il en tombant sur des caisses contenant des cruches elfiques, et remontant sa main au visage pour protéger ses yeux et s’aidant de l’autre pour reculer.

 

Ujaali l’observa, il était à sa merci… Le teint hâlé, les cheveux noirs, le jeune humain avait les joues creusées par la faim. De faible stature, il ne faisait pas le poids face à une elfe plus grande que lui. Ainsi parterre, se cramponnant aux caisses et les faisant tombées les unes après les autres maladroitement, elle eut pitié. Elle recula d’un pas et replia une partie de ses doigts. La lueur régressa et embaumait désormais la cale d'une lumière sombre et tamisée.

 

- Pourquoi le voulais-tu ? 

 

- Ha, tu ne sais pas ce que c'est que de ne rien avoir ! Pourquoi je t'expliquerai? fit-il en baissant son bras.

 

L'air triste d'Ujaali s'approcha du garçon et s'assit auprès de lui. Il se redressa sur les genoux et s’appuya sur un vase, prêt à s’enfuir.

 

- Je le sais plus que tu ne le crois.

 

L'air surpris et ne voyant plus d'agressivité, il se calma à son tour. 

 

- Vraiment ? ... Et, où t'emmènent-ils ?

 

- A Darnassus, pour commencer une nouvelle vie et contrôler mon pouvoir.

 

- Ça ? demanda-t-il en désignant les mains de la jeune elfe.

 

- Oui ... et toi, Qu'est-ce que tu va faire sur l'île ?

 

- Comme toi, un nouveau départ.

 

Il se releva et lui tendit la main.

 

- Appelles-moi Idril... et ... encore pardon pour cette histoire, je ne te volerai plus rien.

 

- Tu as intérêt ! Moi c'est Ujaali. Fit-elle en lui tendant la main lumineuse.

 

- Si je touche ta main ça fait quoi ? fit-il perplexe.

 

- Et bien, je te congèle. Défit-elle en souriant. Non attrape-là plutôt. Elle tendit alors son poignet en gloussant pour qu’il l’aide à se redresser.

 

- Je ferai attention, tu ne m’auras pas comme ça. Ria-t-il. Hum... encore une chose, ne dis à personne que tu m'as vu s'il te plait... ils.... ils me jetteraient par dessus bord.

 

- Oui ne t'inquiètes pas. Amis ?

 

- Amis !

 

 

Quelques jours plus tard, sur le pont,

 

- J’ai peur d'aller sur l'île.

 

- Ne crains rien, tu resteras auprès de moi, dit Thélion.

 

Sur la proue, le mauvais temps enfin terminé, ils observaient le sommet de la grande tour du temple de la lune visible au loin et l'arbre géant dominant la mer.

 

- Il parait que vous étiez d'une grande adresse à l'épée dès votre enfance commandant.

 

Valustraa passait par là, pour prendre un peu d’air frai et les avait rejoints, le teint toujours aussi nauséeux à cause du va-et-vient des vagues.

 

- Oui madame, à 230 ans (équivalent à 12 ans humain) mes parents m'ont envoyé à la capitale auprès d'un maître pour apprendre à maîtriser ces facultés.

 

- Et ça vous a plutôt bien réussi.

 

Il la remercia silencieusement en inclinant la tête. Elle reprit.

 

- Il en sera sans doute de même pour vous, Enfant, annonça la mage.

 

Ujaali acquiesça aussi d'un mouvement de tête et espérait profondément que ses dires soient vrais un jour.

 

 

"Bienvenues à l'Arbre-monde !"

 

Les gardes et habitants de Teldrassil accueillaient le petit groupe par ces mots. Certains aidèrent même à faire progresser la caravane sur les petits chemins forestiers jusqu'à Darnassus.

 

Les paysages étaient, aux yeux de la petite elfe, splendides : de grands arbres, des ponts élégants, des petits cours d'eau, la nature était luxuriante, éblouissante. L'ensemble était d'une pureté incomparable. On était bien loin de la forêt poisseuse de Gangrebois. Même Havrenuit et son lac miroir ne parvenait pas à faire oublier ce magnifique panorama.

 

Arrivés sur l'île centrale de la capitale, on vida la caravane. C’était la fin de ce périple. Níniel chargeait les sabres-de-nuit et Thélion discutait administration avec un elfe de l'enclave cénarienne, échangeant des parchemins. Ujaali vit, sur le seuil du temple principal, une grande elfe majestueuse et ô combien belle, habillée de blanc et les cheveux bleus nuit. Elle était entourée de diverses personnes, discutant.

 

Valustraa la sortit de ses pensées.

 

- J'enverrai quelqu'un te chercher dans quelques jours, le temps que tu t’installes, et tu feras ton initiation avec les autres.

 

- Euh... oui madame.

 

- Bien. Fit-elle en tournant les talons.

 

- Madame ?

 

- Quoi? Répondit-elle brutalement en se retournant.

 

- Qui est-ce? Questionna Ujaali en montrant la grande elfe.

 

- Eh bien... dit-elle en soupirant, agacée... tu ne sais pas ? C'est la Reine Tyrande Murmevent. A très vite jeune elfe ! Conclu la draenei en s’éclipsant.

 

*Waw ! La Reine ! * pensa-t-elle, ce n'était pas un mythe.

 

Elle se rappelait de quelques vagues histoires sur elle, dont elle tenta de se rappeler des détails.

 

- Tu viens Ujaa ? L’interrompit Thélion en lui mettant la main sur l'épaule. Nous sommes prêts.

 

- Ouiii !!!! Fit-elle avec enthousiasme avant de s’arrêter net, ...et Níniel ?

 

- Je passerai vous voir un peu plus tard, j'ai une famille qui ne sait même pas que je suis de retour, dit la chasseresse en souriant.

 

- Pas de problème, tu sais que tu seras toujours la bienvenue avec nous.

 

Après un moment d'hésitation, un blanc, presque gênant. L’enfant regardait les deux adultes l’air interrogateur. Ils se fixaient.

 

- …Merci Thélion. 

 

Elle l'embrassa furtivement entre le bas de la joue et ses lèvres puis s'éclipsa rapidement sur sa monture en faisant un clin d’œil à Ujaali.

 

 

 

A suivre ...

 

 

Modifié (le) par Ujaali
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Je reste grandement fan !

En te souhaitant surtout une bonne continuation sur cette démarche et, qui sait, espéré avoir à te croiser un jour sur mon chemin ^^

Cordialement, Tochiriu (Alias Spongio)

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Que les cinq premiers chapitres pour le moment :D ? 

Un plaisir de se replonger dans ton histoire, vivement que tu nous lance la suite, vraiment !

 

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Je reste grandement fan !

En te souhaitant surtout une bonne continuation sur cette démarche et, qui sait, espéré avoir à te croiser un jour sur mon chemin ^^

Cordialement, Tochiriu (Alias Spongio)

Merci ! Je me co de temps en temps oui, on se croisera surement !

 

Que les cinq premiers chapitres pour le moment :D ? 

Un plaisir de se replonger dans ton histoire, vivement que tu nous lance la suite, vraiment !

 

Oui, je relis, pour les coquilles essentiellement. Voici donc les 5 chapitres suivant ! ^^

 

Tome 2 : lisible en entier ici -> http://myreader.toile-libre.org/uploads/My_5618fbbdc1d60.pdf

Ou en petites parties ci-dessous : 

Nouvelles étapes

 

CHAPITRE VI

 

L’Initiation

 

 

 

 

 

 

La montagne enneigée se rapprochait, la progression dans la poudreuse était difficile, tant elle était épaisse, mais Ujaali s'y sentait attirée comme un aimant.

 

- Il fait trop froid ! Souffla-t-elle en faisant de la fumée.

 

- Restes concentrée ! Lui dit une voix invisible.

 

Dans une robe légère et déchirée par endroit, elle marchait depuis des heures et des heures dans la neige... Son but? Découvrir l'origine de sa magie.

 

Valustraa a aidé ses trois apprentis, deux de 310 et 343 ans et Ujaali 290 et des poussières, à effectuer leur initiation à la Magie. Selon la coutume, ces apprentis mages restent sous son enseignement pendant plusieurs décennies. Elle se doit de les guider, de leur apprendre à maitriser leurs pouvoirs, se perfectionner. Seuls les dieux savent ce qu’ils feront de leurs savoirs plus tard.

 

La première étape de l’apprentissage est un peu comme une épreuve du feu, un baptême à la magie. Cela consiste à rentrer dans un état de stase et de concentration profonde égalable à celle des prêtres. Il faut être assis en tailleur, les bras tendus sur les côtés, les paumes de mains ouvertes vers le ciel.

 

L'esprit pousse alors loin dans les retranchements de l'âme de l'apprenti mage, avec comme seule connexion extérieure, son maître qui le guide à chaque pas. C'est ainsi que chacun trouve sa voie au sein du monde magique, son élément, sa magie providentielle.

 

Cette "marche spirituelle" a une durée variable de quelques heures à plusieurs mois. Auquel cas, si c'est trop long, c'est que la personne n'a pas trouvé son chemin magique, et ne peux alors pas bénéficier de la formation. Il n’est pas prêt ou ce n’est pas son chemin. Il doit alors voir auprès des druides ou encore des chamans si un nouvel évènement intervient dans sa destinée. Certains considèrent les mages comme les plus purs pratiquant de la magie après les prêtres. Mais Valustraa préfère croire en toute magie, quelque soit sa forme, en faisant dévier les éventuelles forces sombres pour créer une magie blanche encore plus puissante.

 

Les trois apprentis s’assirent autour de leur maître, l’initiation commença en même temps pour chacun d’eux. Valustraa avait le pouvoir de communiquer avec eux par l’esprit. Tel un garde, une autre mage, seconde de Valustraa, surveillait le groupe et interviendrait au moindre problème. Elle repoussait les curieux venant observer le rite et récupérait les apprentis lors de leur réveil.

 

Le jeune Fëanor, en un jour et 3h était parvenu à créer de petites flammes dans le creux de ses mains. A son réveil, il s'était évanoui de fatigue.

 

L'autre apprenti Silmara, la plus âgée des trois, avait fait 1h pile. Sa magie arcanique s'était déjà révélée quelques mois plus tôt. Cette magie à tendances plutôt sombres, était mal vue des Elfes de la Nuit car elle leur rappelait le destin de leurs proches « cousins », les Elfes de sang. Elle aura fort à faire pour contrôler son pouvoir…

 

Pour Ujaali, cela faisait déjà trois jours. Véritable tour de force pour une personne de son âge d’avoir tenu si longtemps, Valustraa restait donc auprès d'elle pour maintenir sa concentration intacte.

 

La lueur de ses mains était toujours là, laissant s'échapper par moment quelques cristaux de glace. Evidemment, tout le monde savait depuis le début que son chemin magique serait le givre. Mais son mentor souhaitait, tout autant que la petite elfe, comprendre d'où cela venait… et l’aider à fouiller dans ses souvenirs.

 

 

Enfin arrivée aux pieds de la montagne blanche, le vent froid se faisait plus dru et frappait son visage. Elle vit l'entrée d'une grotte, 100 m plus haut. Elle manqua de tomber plusieurs fois mais se releva, déjà égratignée aux genoux.

 

Avant de s'engouffrer, elle entendit une voix au loin qui l'appelait. Une autre voix que celle de son maître. Ujaali était persuadée qu'il s'agissait de son père, mais elle ne comprenait aucun mot. Elle hésitait à s’engouffrer dans la caverne...

 

- Ce n'est pas l'objet de ta quête ! Restes concentrée sur ton but !

 

Elle acquiesça en regardant le ciel et entra.

 

La grotte était tapissée de glace, tels de centaines de petits miroirs collés aux parois, faisant refléter la lueur du jour dans les moindres recoins. Il y faisait de plus en plus froid à mesure qu’on progressait dans les méandres sous-terrain. Les reflets voguaient du noir brillant au bleu cristal. Le vent s’engouffrait facilement.

 

Après quelques minutes de marche, Ujaali repéra un scintillement particulier plus loin, dans les profondeurs de la caverne. Elle déboucha en rampant, par un tunnel, dans une vaste pièce.

 

Une sorte d’autel de glace entouré de stalactites trônait au centre, y reposait sur le sommet : une pierre, ou plutôt, une sphère brillante.

 

La petite elfe ne pu s'empêcher de s'en approcher, la lumière devint alors plus vivace. Par curiosité, elle avança la main. Lorsqu'elle toucha la pierre un rayon explosa et inonda la grotte de lumière.

 

 

Ujaali sortit de sa stase soudainement. Valustraa, marmonnant un sortilège, absorbait l'énergie glaciale des mains de l'elfette, afin d'éviter que la forêt ne se transforme en champ de statues froides.

 

- Respires, c'est fini !

 

- Qu'est-ce que c'était ?

 

- Un souvenir je pense... en quelque sorte...

 

- Mais je ne m'en rappelle pas ?! Et cette pierre ? C’est bizarre…

 

- Tu viens de le vivre pourtant… Valustraa reprit son explication en la fixant yeux dans les yeux. C'était, il me semble, une des rares pierres d'âme laissées par tes ancêtres, les elfes, ou peut être les hauts-elfes qui sait, aux différents coins du monde. Il y a plus de 10 000 ans de cela. Chacune d'elles libèrent des magies spécifiques.

 

- ... Je ... Je n'ai rien cassé en la touchant ? Pourquoi ça a explosé ?

 

- Je ne sais pas... Ce qui est sûre c'est que ton pouvoir provient de cette pierre. C’était un souvenir que l’on a manipulé ensemble pour essayer d’aller plus loin.

 

- Donc cette voix ?... Dans mes « vrais » souvenirs, je l’ai suivie ?

 

- Je ne sais pas petite. Toi seule pourras nous le dire un jour. Ou bien, on retentera cette expérience jusqu’à en savoir plus.

 

La petite elfe acquiesça, soupira et baissa la tête. Tout semblait si compliqué.

 

- Et le plus étrange, reprit la Draenei, c'est que ta véritable initiation, tu l'as vécu dans la vraie vie, même si tu ne t'en rappelle pas encore vraiment. A un moment ou à un autre tu as eu à faire à cet endroit et cet objet. Tu ne t’es pas demandé comment et pourquoi Thélion et son équipe t’on retrouvé au beau milieu de la forêt ?

 

- Si bien sûr Maître, mais… je ne trouve pas la réponse.

 

- C'est peut être cet évènement qui en est la cause. Après tout, après l’explosion, on ne sait pas où cela aurait pu te mener.

 

 Elle réfléchit quelques instants lâchant les mains de l'elfe. 

 

- Mais c'est quand même un peu loin...Des gens l’auraient vus...

 

- Où est cette montagne ? Vous la connaissez ?

 

- Oui, c'est un des nombreux pics du Berceau de l'Hiver.

 

*Et le dragon alors ?* pensa Ujaali.

 

Il manquait un pan de l'histoire ou n’était-ce qu’un cauchemar ? Et son père, était-ce vraiment lui ou une illusion ?

 

- Madame, je fais aussi des cauchemars... Tous les soirs.

 

- Oui, j’ai remarqué ça durant notre voyage... Est-ce en lien avec cette montagne ?

 

- Oui, et non, hésita-t-elle.

 

- Raconte-moi.

 

La jeune elfe lui détailla son rêve, le dragon, la montagne au loin, la recherche de son père... tout.

 

- Vous pensez que ce sont des souvenirs ... ou juste un cauchemar ?

 

La mage resta silencieuse quelques instants, se frottant le menton.

 

- Il nous faut un déclic, on va retenter la stase, en allant directement dans le vif. Cauchemar ou pas, tout semble lier et ton esprit a la réponse.

 

La fillette tendit ses mains pour recommencer l’expérience.

 

- Non. C'est fini pour aujourd'hui, enfin … pour ces trois jours. Ricana la mage en se relevant.

 

- Mais... 

 

- Chaque chose en son temps jeune fille. Ton initiation est terminée et sans surprise, tu seras formée à la magie du givre. Reprit-elle sérieusement.

 

Ce premier cours avait eu lieu au beau milieu de la forêt de Teldrassil, loin des habitations pour plus de sérénité et de sécurité.

 

Valustraa ôta le champ de protection pour éviter aux animaux de s’approcher trop près et s'éloignait déjà vers la capitale avec sa seconde, toujours silencieuse. Tandis qu'Ujaali regardait ses mains illuminées. Elle finit par les refermer, elle se leva et commença à avancer, les jambes engourdies. Elle regardait les alentours les yeux plissés par la lueur du jour, les mages s’éloignaient rapidement.

 

Une pomme !

 

- Aïe !

 

Elle vit le fruit tombé au sol après qu'il eut heurté sa tête.

 

*ça tombe bien j'ai faim* pensa-t-elle en se frottant le front.

 

Une deuxième pomme au même endroit !

 

- Aïiie !! ... Mais?!

 

Ujaali leva la tête en direction des arbres. Idril était assis sur une immense branche, moqueur, un sac plein de fruits et de pains sur l'épaule et une troisième pomme prête à être lancée.

 

- Ca y est t’as fini ?! ria-t-il, On mange « mage » ?? fit-il avec le même ton que Valustraa.

 

La jeune elfe sourit.

 

- Evidemment !! « Maître ! » Répondit-elle en s’inclinant.

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE VII

 

Des Familles, Une Famille

 

 

 

 

 

 

 

Quasiment chaque nuit se terminait par un réveil brutal… Le dragon ne quittait pas ses rêves et la fin était comme la première fois et comme à chaque fois… La mort !

 

De même, la voix d’homme qui l’appelait au loin était toujours aussi floue. Seule la montagne semblait livrer ses secrets. Dans ses songes, Ujaali visitait la caverne, observait les glyphes dessinées sur les parois, regardait son reflet dans la glace… Et elle finissait à chaque fois par toucher la pierre d’âme. Toujours la même fin également.

 

Pourtant, des semaines avaient passées depuis l’Initiation… Et elle avait espérer en découvrir plus. Mais Valustraa était formelle : ça prendrait du temps, beaucoup de temps.

 

La petite elfe contrôlait de mieux en mieux son pouvoir, mais pas sa peur… ainsi les cours particuliers de pratique de la magie demeuraient encore au milieu de la forêt de Teldrassil jusqu’à nouvel ordre.

 

 

A la fin du cours, Ujaali rentra à la maison où l’attendait Thélion. Comme à sa nouvelle habitude, il restait des heures sur une table à écrire et à recevoir des dignitaires de toute l’île. Souvent, Níniel passait les voir et restait même plusieurs jours à la suite. Il y a quelques jours, ils eurent une dispute. Ujaali était dans son lit, mais n’avait entendu que des haussements de voix avant d’entendre la porte claquer. Cela arrivait régulièrement ces derniers temps et pour diverses raisons qu’Ujaali ne comprenait pas toujours.

 

Un nouveau rythme de vie s’était installé. Certes, la jeune elfe ne se rappelait toujours pas de sa vie d’avant. Il apparaissait de temps à autre des images ou encore des sons et des odeurs qu’il lui semblait familier mais sans plus.

 

Tous les jours, Valustraa l’emmenait en forêt, parfois avec les deux autres apprentis, et lui expliquait bon nombre de détails sur la magie, son origine, son dessein. Ensuite, toujours le même exercice : un arbrisseau à geler, mais de manière contrôlée ! Ce qui était très rarement le cas... La Maître mage lui fait d’abord commencé par une feuille, puis une branche et ainsi de suite jusqu’aux racines. Or, souvent cela gèle le buisson voisin, voire hier encore, les pieds de Valustraa du coup clouée au sol. Malgré ses marmonnements et ses soupirs, la maître mage semblait être parfois impressionnée, et surtout très patiente. Tous les trois jours environ, elles reprenaient la stase pour tenter de mieux découvrir la caverne de glace. Finalement, Ujaali rentrait à chaque fois au coucher du soleil.

 

 

Sur la fenêtre de sa chambre, elle déposa la moitié de son repas avec une pomme gelée par ses soins pour en faire une glace. Lorsqu’Idril ne l’attendait pas au point de rendez-vous chaque après-midi, elle savait qu’il avait eu un contretemps. Une fois, il manqua de tomber de l’arbre au pied de Valustraa. Le lendemain, en visitant le temple, Ujaali l’aperçu sur le toit d’en face en train d’observer les apprenties danseuses de la Reine. D’autres fois, son excuse était qu’il s’était simplement assoupi à l’ombre d’un arbre.

 

En pensant au pire des cas, elle préférait savoir qu’il pourrait au moins manger au milieu de la nuit… Si maigre qu’il était, cet humain ne ferait pas long feu.

 

En souhaitant dire bonne nuit à Thélion, elle vit ce dernier endormi sur son bureau, son chapeau tombant de sa tête penchée sur le côté. Il avait encore sa plume à la main et un parchemin écrit en Darnassien, ouvert dans l’autre qui virevoltait à chaque lourde respiration de l’elfe. Elle pouffa en le récupérant doucement et s’amusa à le lire au coin du feu :

 

 

 

Je t’aime comme le firmament étoilé

 

O belle tristesse que tu fais miroiter

 

Mais je t’aime plus que tu me fuis

 

Tu m’apparais pourtant, Ornement de mes nuits

 

Etre beaucoup plus chaleureuse que tous ces lieux

 

Dont nous séparent quelques immensités bleues

 

 

 

Viens-tu du ciel où sors-tu de la forêt ?

 

O Beauté cruelle au regard félin

 

Je te cherche depuis des millions d’années

 

Voudras-tu aujourd’hui me donner ta main ?

 

 

 

 

- Qu’est-ce que tu fais ?

 

- Oh Thélion ?! Je… Je lisais juste… fit-elle gênée en reposant le manuscrit sur la table.

 

- Ah... fit-il l’air embarrassé une main dans les cheveux….et comment tu le trouves ?

 

- C’est joli ! C’est pour Nini n’est-ce pas ? Fit-elle perplexe.

 

- … Tu … Tu es perspicace… Surtout ne lui dit rien. C’est une surprise d’accord ?

 

- Ça veut dire qu’elle viendra habiter ici ?? Sourit-elle en commençant à sautiller.

 

- Cela dépendra de la réponse qu’elle donnera. Répondit calmement Thélion en la prenant par les épaules.

 

C’était la première fois, qu’Ujaali voyait son protecteur si peu sûr de lui, c’était touchant. Mais en même temps, cela faisait des mois qu’ils étaient étranges tous les deux. Et dire qu’elle pensait à Dylnn au départ.

 

* Ah, j’avais rien compris… Ces adultes !! * réfléchit-elle amusée.

 

 

Le lendemain, au milieu de l’après-midi, un garde déboula dans la maison appelant Thélion.

 

- Monsieur ! Le Sabre-de-givre de votre amie la chasseresse est revenu seul ! Elle était partie tôt ce matin !

 

Sachant que Níniel était bonne cavalière, cela ne pouvait être qu’une mauvaise nouvelle. Contrôlant son stress, il parti avec Ujaali et trois gardes en direction de la forêt…

 

Tout était silencieux. Les animaux de la forêt terminaient tranquillement leur journée comme si de rien était. Le petit groupe fouilla les buissons, regardaient vers le haut des arbres et continuaient d’appeler la chasseresse.

 

Au bout d’une heure de recherche, elle répondit enfin aux appels. Le groupe couru dans sa direction. Elle était assise au bord d’une falaise, un gamin humain lui auscultant la jambe. De douleur elle cria, dévoilant son emplacement exact.

 

- Toi ?! Ne la touche pas saleté d’humain ! Hurla Thélion en descendant de sa monture et tirant l’épée.

 

- Thélion ! Non ! Il m’a sauvé ! dit Níniel fatiguée en levant les mains.

 

- Quoi ?! Fit l’elfe en s’arrêtant net.

 

- J’ai seulement glissé, heureusement qu’il était là, elle le montra de la main, Idril a réussi à me remonter avant que je ne tombe complètement.

 

- Idril.. ?

 

Thélion jeta un œil à Ujaali, elle faisait des signes à l’humain, apparemment en colère. Il comprit alors que sa présence sur l’île n’était pas le fait du hasard. La fillette croisa le regard de son protecteur et comprit que s’en était fait.

 

- On rentre ! Gardes ! Attachez-le en attendant d’en savoir plus !

 

- Mais… fit Ujaali éberluée

 

- Il suffit ! Trancha-t-il

 

 

Le Lendemain, au coin du feu, chez Níniel, Thélion était venu lui rendre visite.

 

- J’ai bien reçu ta lettre Thélion, j’y réfléchissais lorsque j’ai fait ma chute…

 

La chasseresse, assise sur une chaise, regarda sa jambe emmaillotée et tendue s’appuyant sur un tabouret.

 

- Cela guérira vite... Apparemment c’est juste une entorse. Sourit-elle.

 

- Hum... Hésita-t-il.

 

- N’en veux pas à Ujaali, si elle n’avait pas caché la présence du p’tit… je ne serais pas là aujourd’hui. Il m’a tout expliqué et a vraiment essayé de m’aider.

 

Sans réponse de sa part, Níniel se releva avec peine et se pencha sur lui.

 

- Je t’en pris ! Il m’a sauvé, Sauves-le ! Ce n’est qu’un enfant.

 

- Je comprends.

 

- Merci !

 

- Mais… Pourquoi réfléchissais-tu à ça à ce moment là, et pourquoi là-bas ?

 

- Et bien, ces falaises me rappellent nos tours de gardes à Gangrebois, sourit-elle. Ta demande est importante pour moi. Je ne l’espérais à vrai dire, plus vraiment.

 

- Quoi ? Mais il n’y a jamais eu personne d’autre.

 

- Hum, oui c’est vrai, mais il m’a fallu partir réfléchir pour le comprendre. Remettre, tout à plat.

 

- Et… donc ? Tenta-t-il.

 

Elle s’asseyait sur les genoux de l’elfe en s’appuyant sur la table.

 

- Et donc, elle faisait semblant de réfléchir en levant la tête vers le ciel, pour moi non plus il n’y a jamais eu personne d’autre. Elle le fixa.

 

- Ca veut dire oui ? Il écarquilla les yeux.

 

Elle soupira les yeux en l’air et lui prit le visage dans ses mains, referma ses doigts sur sa nuque et l’embrassa.

 

 

Le lendemain, un conseil juridique s’était réuni afin de décider du sort d’Idril. Très rares ont été les humains ayant séjournés sur Teldrassil. Sa clandestinité pouvait lui coûter cher.

 

Le débats a été houleux, certains voulait sa mort immédiate, d’autres un exil de l’île.

 

Thélion prit la parole :

 

- La mort n’est pas une solution, et … il ne la mérite pas ! Cet enfant, a sauvé l’une des notre ! C’est le plus important ! … Je pense même que cela enlève sa dette vis-à-vis de sa venue inopportune ici.

 

- Alors Ramenons-le sur le continent ! Chez les humains ! Annonça l’un des jurés, suivis par les autres en acclamations.

 

- Personne n’a ni le temps ni l’envie de perdre son temps à ramener un petit humain sans importance sur le continent, sur lequel il n’a ni famille ni ami.

 

L’assemblée se concertait en bourdonnement

 

- Que préconisez-vous ? Le laisser errer à sa guise ici ? fit l’un.

 

- Pas vraiment. L’île est bien peuplée n’est-ce pas ?

 

- Oui, mais où est le rapport ?

 

- Est-ce que l’un d’entre vous s’est aperçu de sa présence ?

 

- Bien sur que non !

 

- Il a le don de passer inaperçu, tel nos meilleurs élèves voleurs.

 

- C’est évident… mais… 

 

Un dignitaire lui chuchota à l’oreille, réfléchit quelques instants puis s'éclaircit la voix avant de poursuivre.

 

- Mon ami ici présent, il désigna le dignitaire, accepterait de le former à nos arts, votre argument ayant apparemment fait mouche. Vous en portez vous garant, comme vous l’avez fait pour l’autre enfant ?

 

Thélion sillonna les personnes assises derrière lui. Níniel et Ujaali le suppliaient du regard. Il se retourna vers le juge et se leva.

 

- J’accepte ! 

 

 

 

 

 

CHAPITRE VIII

 

Mariage

 

 

 

 

 

 

 

‘’De garde ce jour-là, le guerrier faisait ronde dans l’épaisse et féerique forêt d’Orneval. Il partit seul du camp d’Astranaar. Venant d’être promu Premier Éclaireur, il allait devoir se constituer une équipe digne de protéger les terres ancestrales des elfes.

 

Il aimait mûrir sa réflexion au calme, tout en étant aux aguets du moindre danger. Il parcourait un pan de forêt composé de quelques arbres de plus de deux mètres de diamètre aux racines profondes et de quelques buissons à baies, refuges privilégiés des animaux des sous-bois. A cette époque, Orneval était encore sûre, on pouvait aisément en parcourir les terres.

 

Il se mit à genou devant un ruisseau pour y remplir sa gourde d’eau claire. Les quelques oiseaux chantant s’arrêtèrent soudainement. Il stoppa son mouvement et releva la tête, pointant l’oreille vers le silence, méfiant. Il entendit un fin sifflement, tel le vent se faufilant entre deux feuilles. Il connaissait très bien ce bruit. Par réflexe, il se mit à terre brusquement, se rattrapant avec ces mains dans l’eau. A ce moment, une flèche lui fila juste sur le sommet du crâne et se planta dans l’arbre derrière lui. Il lâcha sa gourde, et se releva en tirant l’épée. L’elfe se dirigea au pas de course vers la provenance du projectile, à l’affut d’un nouveau sifflement. De l’autre côté du ruisseau, il aperçu alors une ombre se faufiler dans les buissons. Il  traversa d’un bond et poursuivit la silhouette jusqu’à ce qu’il la perde de vue à l’approche de ruines abandonnées. Entièrement recouvertes d’une végétation riche, elles formaient une cachette parfaite ou le moindre son résonnait. L’elfe aux cheveux bleu nuit approcha doucement et entendit son agresseur respirer prestement. Ouvrant avec les mains le buisson face à lui, il la vit ! Une magnifique elfe aux longs cheveux vert pâle, son regard vert comme les feuilles d’arbres était fuyant. Elle portait un arc sur le dos.

 

- Ne crains rien ! lui dit le guerrier

 

La belle elfe tenta de s’enfuir.

 

- Non attends ! lança-t-il en commençant à se relever.

 

Elle se dirigea vers l’ancien temple des ruines de Chimétoile, de là, elle pourrait grimper à un arbre majestueux et regagner la forêt. Elle fit mine de lui lancer une autre flèche en courant. Il s’abaissa et la vit contourner le lac Iris. Celui-ci embaumait l’espace d’une lumière bleutée, rehaussant le vert de ses cheveux virevoltants dans les airs. Il la poursuivit, rangeant son arme, jamais il ne ferait de mal à une femme, mais il ne laisserait pas son agresseur lui échapper. A l’entrée des ruines du temple, un loup grognant, sortit de nulle part, lui sauta dessus et l’obligea à se mettre au sol. Il s’en dégagea tant bien que mal lui retenant tantôt les pattes manquant de les lui casser et tantôt la gueule qui se refermait douloureusement sur ses gants en côte de maille. Dans un dernier assaut, le loup reçu un coup de poing sur la truffe. Il couina et recula en se la frottant avec sa patte. L’elfe se releva aussitôt et à sa surprise, fut entouré d’une meute : loup, sabre-de-givre, un hibou et même un ourson.

 

- Mais… qu’est-ce que… Chasseresse ! Appelles les tiens ! Je ne te veux aucun mal ! Juste savoir pourquoi et par qui j’ai failli me faire tuer !

 

Il montra ses mains, paume ouverte vers les animaux. La belle réapparue, se laissant tomber du haut d’un arbre. Ses compagnons, dressés, se placèrent derrière elle. Elle caressa le loup qui remua la queue, le coup ne l’ayant visiblement pas blessé. Le guerrier avança d’un pas et le loup changea subitement de comportement, grognant dans sa direction. D’un geste de la main de l’elfe, le loup baissa la tête.

 

- Vous lui avez fait mal !

 

- Il m’a attaqué en premier ! Non... Vous ! Vous m’avez attaqué ! Fit l’homme en croisant les bras.

 

- Pardonnez-moi ! Je m’entrainais…

 

- En tirant sur les gens ?!

 

La femme ressortit son arc et le pointa sur lui.

 

- Je vous avais prit pour un animal. Et puis, si je n’avais pas besoin d’entrainement, je vous aurez eu !

 

L’elfe se jeta un œil à lui-même, visiblement amusé, il ouvrit ses bras et montra ses oreilles et son armure.

 

- Un animal hein ?

 

La femme fit la moue et plissa les yeux.

 

- Je pense en effet que vous avez besoin d’entrainement.

 

- Vous n’êtes pas drôle !

 

- Vous pourriez juste être désolée.

 

- Je me suis déjà excusée... Grimaça-t-elle.

 

L’homme lui montra son arc toujours pointé sur lui. La méfiance passant, elle l’abaissa.

 

- Vous n’êtes pas d’Astranaar, votre accent…

 

- Non.

 

Il restait là, à l’observer, telle une nymphe sortie de nulle part… Etait-ce un coup de foudre ? Certainement. Ses compagnons s’approchèrent et le reniflèrent, seul le hibou resta perché sur l’arbre, surveillant les alentours.

 

- Je m’appelle Níniel !

 

- Oh…euh… Moi c’est Thélion ! ‘’

 

 

Cette rencontre, ils s’en rappelaient tous deux très bien. Ils en étaient loin aujourd’hui, beaucoup de chose avaient changées, mais pas leurs sentiments gardés si longtemps secrets. Après cela, Thélion l’intégra dans son équipe. Elle s’entraina de longues heures durant. Partis pour Gangrebois, elle laissa ses animaux en liberté en Orneval, là où ils ne risquaient pas d’être infestés par la peste.

 

 

La veille du mariage, la chasseresse raconta cette histoire à Ujaali, qui s’endormie vers d’autres rêves plus légers que d’ordinaire. Jusqu’à tard dans la nuit, Níniel  fabriquait, cousait et brodait sur divers tissus de couleur clair, repensant à cette rencontre. Comme le voulait la coutume ancestrale des Elfes de la Nuit, la robe de la mariée doit être conçue uniquement la veille, et seulement par la mariée et les femmes de la famille. Sa mère n’étant plus là et n’ayant pas de sœur, Níniel  devait la confectionner elle-même. Ujaali l’avait observé tout l’après-midi, tentant de reproduire certains motifs, particulièrement le symbole elfique de la lune et de la terre, sur sa petite robe de couleur. La fillette se rendit compte qu’elle avait déjà cousu, mais impossible de se rappeler comment, pourquoi et avec qui.

 

Sur les manches, Níniel préférait les motifs de fleur type sauge d’argent ou lys des neiges. Sur le torse, elle broda les racines tortueuses d’un arbre au niveau des hanches pour finir en feuillage fin au niveau de la poitrine. Le feuillage est aussi brodé sur tout le dos tel un saule pleureur et millénaire.

 

Les tissus de la robe étaient en étoffe lunaire, fabriqués par les prêtresses-couturières du temple. Les étoffes lunaires les plus puissantes sont celles confectionnées à partir de tissus corrompus, notamment pour habiller de grandes prêtresses. Les soirs de pleine lune, les couturières se rendaient au milieu de la forêt dans un puits de lumière. Ce puits recevait la lumière de la lune et des étoiles. Les elfes s’asseyaient à l’intérieur du puits et tissaient toute la nuit en proférant de doux chants aux propriétés magiques. Chaque fil semblait s’imprégner de la luisance de la lune, donnant à l’étoffe de nombreux reflets blanc et argent. Une fois terminées, les bouts de tissus étaient trempés dans l’eau du puits jusqu’à la nouvelle lune. Lors des nuits entièrement noires, les prêtresses récupéraient, essoraient et étendaient les étoffes brillantes.

 

Lorsqu’un mariage était annoncé, les prêtresses-couturières rendaient visite à la future mariée pour lui proposer ces tissus, symboles de pureté. Níniel en avait prit quelques pans qu’elle mêlait avec des étoffes en soie blanche.

 

...

 

Les chants elfiques commencèrent tôt le matin pour accompagner la préparation des mariés. Des louanges en Darnassien, mystérieux et anciens, souhaitaient un avenir heureux et protecteur. Níniel et Thélion partirent en forêt aux aurores, chacun de leur côté et sans se voir, avec une druidesse afin de communier avec les arbres, l’eau et la terre. Le contact avec la nature était essentiel, particulièrement pour un jour comme celui-ci qui symbolise une nouvelle vie et une nouvelle âme.

 

C’était dans une clairière que la cérémonie se déroulerait. L’autel avait été fait tout spécialement pour eux par Ujaali, aidée de Valustraa. Elles avaient emprisonné de l’eau de rivière pour en former un piédestal de glace, celui-ci contenait un arbrisseau... L’arbrisseau de son entrainement enfin réussi. L’autel scintillait de ses cristaux et miroitait la lumière du soleil. Idril avait aidé les jeunes prêtresses à la décoration des arbres. Elles lui passaient guirlandes de fleurs et étoffes fines, qu’il accrochait aux branches les plus solides. Faisant régulièrement des blagues et mine de tomber de l’arbre, les jeunes elfes riaient.

 

Níniel fut amenée devant la grande Prêtresse et Thélion. Elle arpenta le sol pieds nus au bras de son grand-frère. Ujaali et Idril tenaient les livres sacrés et les compagnons de la chasseresse fermaient la marche avec de nombreux autres animaux de la forêt : louveteaux, petites panthères et phalènes. La chasseresse portait fièrement sa robe longue ornée d’une ceinture en soie verte claire soulignant sa taille élancée. Ses cheveux défaits et ondulés, allant de paire avec les broderies de feuillage, étaient rehaussés de petites fleurs blanches à cinq pétales et de perles de nacre. Thélion, quant à lui portait un danghi cérémonial bleu nuit, qui appartenait à son père, et une épée d’apparat pour rappeler son statut de guerrier. Sur le torse, il portait un poitrail en acier fin décoré du symbole de la lune et de la terre. Ses cheveux étaient tirés en arrière et bloquaient un bijou de tête sur son front.

 

La cérémonie débuta alors sur la lecture des livres par les mariés en darnassien. Des danses théâtrales des apprenties de la Reine, accompagnaient le récit et permettaient de suivre l’histoire. Cela racontait des légendes ancestrales sur le fondement et l’accomplissement des âmes. D’autres, étaient des poèmes anciens procurant bonheur et unité dans le couple. Comme le veut la coutume, Thélion et Níniel plantèrent ensemble un Onulorm (ressemblant à un olivier), arbre plurimillénaire symbole de longévité. Ils choisirent le lieu, Thélion creusa avec ses mains pour que Níniel puisse poser la graine germée. Ils recouvrirent la graine ensemble en prononçant quelques mots, répétés par la grande Prêtresse.

 

- Dans 100 ans, les enfants pourront se cacher dans ses épaisses racines. Fit Thélion en embrassant sa femme souriante sur le front.

 

La procession se finit lorsque les tambours entreprenaient leur air accompagnés de flûtes des bois et de chants. La fête prit alors son cours, tous les observateurs vinrent féliciter les mariés. La Reine en personne leur a adressé quelques mots. Les percussions s’affolaient et tout le monde se mit à danser.

 

Idril courrait de part et d’autre, embêtant une des jeunes danseuses, dansant ensemble mais également Ujaali en lui accrochant sa tunique bleue claire à divers chaises et tables. Il y avait tellement de ruban sur sa robe, c’était trop tentant. Mais au bout d’un moment, la jeune elfe réussit à le surprendre et lui attraper la main, ce qui lui valut de l’avoir congelée pendant une bonne heure.

 

La petite elfe le regardait en se moquant, jusqu’à ce que son regard fut attiré par l’autel de glace. Il scintillait. Elle avait l’impression d’entendre une voix, … éloignée, sombre.

 

- Tu as entendu ?

 

- Non, de quoi ? Fit-il en secouant sa main.

 

Elle montra un doigt dans les airs, elle entendit un chuchotement.

 

- Ça ! 

 

L’humain tendit l’oreille.

 

- La musique ?! Ria-t-il.

 

Ujaali soupira et s’approcha de l’autel.

 

- On dirait que ça vient de là.

 

Elle se pencha sur la glace et y posa les mains. Idril l’observait, perplexe.

 

- Papa ? murmura-t-elle.

 

La voix continuait mais restait indéchiffrable, elle s’approcha encore plus, la fête résonnant toujours à l’arrière.

 

- L’autel te parle ? Tu as trop abusé du rhum aux raisins non ?

 

- Chut ! J’écoute...

 

- Al...

 

- Quoi ? Fit la jeune elfe en collant son oreille sur la glace.

 

- Alassëaa !!!

 

Surprise, Ujaali recula d’un bond, les larmes aux yeux. Idril se pencha sur elle. Níniel qui avait vu la scène vint vers eux, intriguée.

 

- Ujaa ? Qu’est-ce que vous faites tous les deux ?

 

- Mon nom …. Je me souviens ! … Je me souviens !!!

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE IX

 

Retour au Passé

 

 

 

 

 

 

L’arbre-maison où Ujaali avait passé les premières années de sa vie, était belle, en plein cœur d’un chêne millénaire. Les racines épaisses servaient à joindre un niveau à l’autre. L’arbre fut creusé, de la même manière qu’une grotte par l’eau, pour y accueillir les différentes pièces à vivre. Plus l’arbre grandissait, plus la maison s’élevait vers le ciel. Des oiseaux venaient chaque année nicher dans les nombreux creux tortueux du bois à l’abri de la pluie et des nuits fraiches.

 

La fillette se rappelait qu’elle se cachait souvent derrière les meubles, se racontant des histoires, ou encore qu’elle tentait d’approcher lentement les nids afin d’y percevoir quelques oisillons, si discrets et si fragiles.

 

La maison était sombre ces derniers temps, les bougies n’étaient allumées que rarement. Le chêne était en pleine croissance du printemps et arborait d’immenses feuilles filtrant la lumière. Une grande elfe aux cheveux bleus clairs soupirait faiblement dans son lit. Un mal inconnu progressait en elle depuis quelques jours, comme un maléfice. Elle, pourtant si forte d’habitude, Ujaali se rappelait ainsi de sa mère. Elle avait perdu l’usage de ses jambes, ne mangeait plus, ne souriait plus… Certains membres du village disaient que c’était l’œuvre d’un démon, d’autres des Dieux…

 

C’est avec une pâle clarté baignant son visage, blottie dans de profonds et lourds coussins qu’elle s’adressa à Ujaali.

 

- Tu devras être forte… prendre soin de ceux qui t’entourent. … N’en veux à personne de ce qui m’arrive… surtout…

 

L’enfant la regardait suspendue à ses lèvres.

 

- … Alassëa… j’ai un jeu pour toi… La légende de la montagne enneigée que je t’ai si souvent contée, est vraie. Cela fait partie de notre famille, chaque femme-elfe doit un jour s’y rendre… Maintenant, c’est à ton tour. C’est très important, promets-moi que tu t’y rendras.

 

- Oui mère, … je vous le promets…

 

Elle ne pu s’empêcher de monter sur le lit et de serrer l’elfe

 

- Ne partez pas !

 

- Prends soin de ton père Alassëa… il aura besoin de toi, quoi qu’il en dise. Lui chuchota-t-elle.

 

- Mais, je ne sais pas où il est... Il n’est toujours pas revenu. Pourquoi ?

 

L’elfe grimaça douloureusement.

 

- Il a changé. Et il va changer. Occupe-toi de lui.

 

- Maman.

 

La fillette se blottit contre sa mère. Lorsqu’elle se releva, sa mère dormait, pour toujours.

 

...

 

Le bûcher aux flammes couleur d’or et de rubis emportait l’âme de la défunte vers de vastes forêts magiques, où chaque âme devenait un nouvel être : arbre, animal, eau…

 

En penchant la torche pour allumer le bûcher, Ujaali pleurait mais restait la plus sérieuse possible. Tout le village était là. Son père arriva, visiblement très fatigué par un long voyage et aida la main de sa fille à accomplir le rite.

 

Les jours qui suivirent semblaient vides. Son père restait inconsolable et distant. De chagrin et à la moindre incartade, tout était prétexte à disputer Alassëa.

 

Un matin, ils partirent se promener tous les deux dans une prairie baignée de rivières. La fillette décida alors d’écouter les dernières paroles de sa mère : aller sur la montagne enneigée… Cette même montagne lui semblait-il était celle qu’elle voyait au loin dans l’horizon. Son père endormi, elle, prit le sac de provisions et s’enfuit.

 

 

Au beau milieu de la neige, harassée par cette marche interminable, la petite elfe était guidée par les histoires de sa mère. Impossible de dire combien de jours s’étaient écoulés depuis sa fugue. En revanche, elle se rappelait des sentiers empruntés par le héro, des crevasses à éviter et des repères tels que le rocher d’argent ou encore le lotus doré au sommet d’une colline.

 

Elle grimpait sur le versant, la robe se déchirait par endroit, s’accrochant aux rochers coupants ou aux buissons piquants. Une fois sur la crête, elle aperçu enfin l’entrée d’une caverne en contre-bas. Comme dans ses songes, elle entendait son père l’appeler au loin. Depuis son point de vue, elle voyait de vastes prairies semi-enneigées. De temps en temps, un point noir sur la neige bougeait. Son père ? Un animal ? Pas évident, mais ce qui était sûr c’est que le son de sa voix montait jusqu’à elle. Refusant de se faire gronder pour rien, Ujaali voulu poursuivre jusqu’au bout. Elle entra dans la grotte, observait les cristaux suspendus de tous les côtés et la pierre… Cette magnifique pierre…

 

Un bruit de glace brisée résonnait dans toute la caverne lorsqu’elle l’effleura de sa petite main. Le froid l’emplie complètement… la pierre lui transmettait toute son énergie dans un vent tournoyant autour d’elle avant d’imploser en lumière éclatante. Alassëa se réveilla au beau milieu de la caverne, tout avait disparu. Elle avait froid…

 

Le retour au village demeure flou, comme transportée dans un rêve, elle ne ressentait ni douleur, ni impatience. Son père l’avait-il retrouvée et ramenée ? Aucune idée pour l’instant, mais ce qui était sûr, c’est qu’à son réveil, le village était en feu.

 

Tout le monde semblait être partit, elle arpentait en courant les rues et appelait son père. Il ne répondit pas… Dans un angle entre deux arbres-maisons elle vit un elfe gisant sur le sol. En s’approchant de lui, elle remarqua son corps complètement déchiré, comme d’immenses griffes. De frayeur, elle recula et sentit une baisse de lumière soudaine, une ombre passait au-dessus d’elle. Elle aperçu alors ce dragon… La pièce manquante de l’histoire.

 

Elle courrait, tombait puis se retrouva face à lui… La créature sur son dos…. Un orc sans nul doute, des dents légèrement proéminentes, mais surtout massif comme un ours et un regard cruel et froid.

 

Le Dragon souffla…

 

 

Ujaali se leva subitement de sa méditation ne pouvant aller plus avant. Sa respiration était saccadée, essoufflée, la peur l’avait gagné à nouveau… Auprès d’elle, Valustraa ne l’avait pas quitté. Ujaali avait souhaité elle-même recommencer la stase, le lendemain du mariage.

 

La grande mage émue aux larmes cherchait ses mots. Cette enfant était bien plus qu’une simple orpheline… Un grand pouvoir semblait toucher les femmes elfes de la famille… quel était donc le don de la mère ? Quel était ce maléfice ? Une attaque de ce genre ne passe pas inaperçu… Une guerre était peut être en train de se préparer…

 

- Je dois y retourner.

 

- Pas aujourd’hui. C’est déjà un GRAND pas. Insista la maître.

 

- Mais, je dois savoir... ma mère... Et mon père, il doit être encore en vie... Je l’ai abandonné.

 

La fillette commença à fondre en larme.

 

- Ça viendra mon enfant... Laisse-toi le temps d’encaisser tout ça.

 

Elle se releva et força Ujaali à faire de même en lui tirant les mains.

 

- J’irai à la bibliothèque et me renseigner auprès de gens compétents afin de savoir quand est-ce que l’on a vu un dragon attaquer kalimdor pour la dernière fois…

 

- Surement, si ce n’est pas mon imagination.

 

- J’en doute. Tes cauchemars et cette stase semble recoller les morceaux. Je vais faire quelques recherches. Cela aidera peut être à mieux se rappeler de ton passé et aussi d’où tu viens. En attendant, bois ceci, et vas te reposer.

 

Elle lui tendit une tasse remplie d’un breuvage composé de plantes apaisantes et somnolentes. Ujaali le bu et grimaça, c’était amer, mais chaud.

 

- Idril va te ramener. Fit Valustraa en donnant un œil en haut de l’arbre.

 

Le jeune homme fit la moue et resta figé.

 

- Allez, descends de là petit singe ! Tu as cru que tu passerais inaperçu  pendant combien de temps ? Sourit la mage.

 

Idril descendit de l’arbre et gardait la tête basse, gêné.

 

- Pardon madame. Viens Ujaa.

 

Il la prit par le bras et se retourna rapidement pour éviter le regard de Valustraa. La mage et son apprentie se regardèrent amusées.

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE X

 

Être plus proche de son Ennemi que de son Ami

 

 

 

 

 

 

 

De nombreux mois avaient passés sur l’île de Teldrassil. Paisibles étaient les jours d’entrainement et de bibliothèque. Idril avait grandit très vite, l’adolescence pointait déjà son nez, tandis qu’Ujaali n’avait que changé de coiffure.

 

Les mauvais rêves de la petite elfe se raréfiaient tant elle se plongeait dans des lectures de grimoires magiques, relatant tantôt des récits légendaires, tantôt des conseils sur l’application et le contrôle des pouvoirs.

 

Le soir, ils aimaient se retrouver au bord de la mer ou dans la forêt, à manger des baies, construire des cabanes et montrer à l’autre les nouveaux tours que leurs maîtres respectifs leur ont appris.

 

La plupart du temps, cela finissait en chamaillerie, voire en duel. Loin de la ville, ils s’étaient déniché un endroit spacieux et accessible qu’en escaladant une partie des racines de l’Arbre-monde, non loin d’une plage. Les arbres semblaient entourer ce bout de prairie, comme une arène.

 

Les duels étaient rudes, ils ne se faisaient aucun cadeau et finissaient souvent mal. Une fois, Ujaali avait déjà été assommée par un coup derrière la tête. Le jeune homme dut la ramener sur son dos jusqu’à la maison et expliquer très rapidement à Thélion ce qu’il s’était passé avant d’être sévèrement puni. Thélion lui avait couru après autour de la maison pendant plusieurs minutes. Elle ne s’était réveillée que le lendemain. Idril, de plus en plus rapide, devenait difficile à atteindre. Mais pas toujours, car la jeune elfe savait maintenant projeter sa lumière glacée à distance, bloquant régulièrement l’humain. Chacun trichait à sa manière. Ujaali gelait les arbres pour le faire abandonner parce qu’il avait trop froid en haut de sa branche, tandis qu’Idril s’amusait avec de la poudre pour la rendre aveugle. Parfois, il l’échangeait contre du poil à gratter, cela lui laissait le temps de fuir.

 

Ce jour-là était comme les autres. La bagarre faisait rage. Le jeune homme commençant à s’essouffler à force d’éviter les jets glacés, utilisa la poudre aveuglante pour se volatiliser.

 

- Arrêtes de te cacher, lâche ! Cria dans le vent Ujaali, ses cheveux bleus complètement embroussaillés.

 

En tant qu’elfe de la nuit, Ujaali avait une très bonne vision dans le noir, l’éclat de la lune pouvait même l’aider à percevoir certaines ombres. Un gloussement discret mais audible non loin derrière elle, lui fit vibrer sa longue oreille droite. Rapide et d’un coup sec, elle se retourna et lança deux petits éclairs de givre enrobant brusquement le voleur, des pieds jusqu’au torse, pourtant si bien camouflé.

 

- Tiens… qui revoilà !

 

- Nom d’une dague, tu m’as encore eu !

 

Ujaali parti en dehors de l’arène en riant à pleine voix.

 

- Héé ! T’en va pas ! Merde c’est froid ton truc ! Reviens ! Fit-il en commençant à frissonner.

 

Plus l’apprentie mage s’éloignait plus le sortilège qu’elle avait lancé semblait s’estomper. Idril l’entendait encore rire au loin, et se promit une nouvelle vengeance.

 

Il prit de grandes respirations et força à plusieurs reprises pour bomber sa poitrine et faire céder la glace. Il réussit tant bien que mal à se libérer de ses liens, le torse et les jambes engourdis et claquant des dents, il progressait vers la plage où était partie son amie.

 

A genoux devant un buisson, Ujaali observait silencieusement le rivage. Idril se faufila furtivement derrière elle. Il marchait sur la pointe des pieds sans la quitter des yeux. Il retint son souffle et arriva à quelques centimètres derrière elle. Avec ses mains, il lui attrapa les côtes en resserrant un peu les doigts.

 

- Bouh !

 

Elle sursauta et poussa un cri. Elle se retourna, les mains illuminées et les yeux pleins de fureur et de peur.

 

- Idril !?

 

Ce dernier commença à rire, se mettant les mains sur le ventre.

 

- Arrêtes !

 

Il s'arrêta net à ces mots, devinant la détresse, trop forte pour que sa blague en soit la cause. Il la dévisagea lorsqu'il entendit d’autres voix, venant de la plage.

 

- Il y a des gens ... des choses ! Chuchota-t-elle.

 

L’humain regarda rapidement, le cœur battant à travers le buisson, le stress le gagnait, lui aussi. Une petite barque à rames venait d’accoster dans la crique et trois orcs en sortaient… Des Orcs ! Que faisaient-ils ici ? Ils semblaient à l’affut du moindre bruit, scrutant les alentours. Deux d’entre eux avançaient sur la plage tandis que le troisième restait près du bateau.

 

- Ne restons pas là. Fit Idril.

 

- Je... ne... peux pas bouger. Répondit Ujaali complètement pétrifiée par la peur. Ce sont les mêmes créatures que dans mes cauchemars.

 

- Viens, on va chercher les autres. Insista-t-il.

 

La jeune elfe fit simplement non de la tête, tentant de plaquer ses mains sur elle. Idril écarta le buisson pour sortir et fit malencontreusement craquer une branche. Il grimaça. 

 

Se planquant à nouveau, il les vit sortirent leurs épées, humant l’air. Ils échangèrent quelques mots incompréhensibles et se mirent à avancer dans la direction des enfants.

 

- Ils nous ont entendus !

 

En rampant, ils se faufilèrent dans un buisson plus grand. Idril tirait Ujaali par le poignet. Les deux orcs s’approchaient et hâtèrent le pas.

 

Avec la peur grandissante, Ujaali avait de plus en plus de mal à contenir sa lumière, Idril lui prit les mains.

 

- Respires...

 

- J’essaie !

 

Le souffle haletant, la jeune elfe ne se calmait pas. Un des deux orcs passa près d'eux et tendit l'oreille.

 

- Ne bouge surtout pas. Chuchota-t-il.

 

L'humain, voyant que son amie allait imploser, se camoufla et fila en dehors du buisson. L’orc ne le voyait pas, il reniflait toujours l’air. Le deuxième orc fit signe qu’il allait voir plus loin. Idril tenta d’analyser la situation. La « bête » était énorme, il devait faire deux fois la grandeur du garçon et trois voire quatre fois sa largeur. L’orc se dirigea vers le buisson et juste avant qu'il ne passe la main dans la cachette, Idril lui fonça dessus, invisible, lui heurtant la jambe.

 

Ce dernier regarda de partout, il toucha sa jambe et renifla sa main. De colère, il fendit les airs avec son épée.

 

Ujaali, désormais seule, ne contrôlait plus sa panique. Elle respirait de plus en plus fort, et regardait ses mains puis la créature, puis à nouveau ses mains. L’orc sortit de sa furie, écoutait. Il tourna le regard vers le buisson. Il y aperçu une touffe bleue et un scintillement. Leurs regards se croisèrent. L’orc sourit. Tentant de s'enfuir en rampant, le guerrier attrapa la jeune elfe d'un coup sec par les cheveux, la soulevant d'un bon mètre au-dessus du sol.

 

Ujaali ne put que se tenir la tête en criant. Elle ferma les yeux de peur. Le cri alerta le deuxième orc. Il se retourna et vint en courant. L'elfe plaqua ses mains gelées sur l'immonde visage de son ravisseur, l'enveloppant alors d'une épaisse couche de givre sur toute la moitié droite de sa tête.

 

- Aaaarrrhhh !! Le grondement de l'orc devint de plus en plus inaudible tant le froid était intense.

 

Son acolyte était désormais là, il ricana en approchant de la proie de son compagnon. Idril réapparu de nulle part, tombant sur le large dos du monstre et lui planta rapidement une petite dague elfique entre les côtes.

 

De rage, l'orc fit passer l'enfant par dessus son épaule, le jetant au sol. Et de son épée, fit un arc de cercle devant lui, heurtant la tête d'Idril.

 

- NOOOOOONNNNNNNNNNN!!! Hurla Ujaali, voyant son ami s'écraser face contre terre.

 

Pleurant, elle cria de toutes ses forces. Elle n’avait plus peur. Seule la colère la gagnait, elle fixa son agresseur qui tourna la tête vers son camarade puis vers sa proie. Etonné de voir l’expression sur son visage, il abaissa légèrement son bras. Ujaali plaqua ses mains l’une contre l’autre et hurla de rage. Les oiseaux s'envolèrent, le vent prit une course folle à travers les arbres et depuis le rivage... comme depuis la capitale, on ne vit qu'une immense explosion de lumière glacée...

 

A suivre ...

 

 

Modifié (le) par Ujaali
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Ujaali et son incroyable BG.

Franchement, si vous ne l'avez pas lu, lisez son BG, il est tout simplement excellent, avec une écriture digne de grands auteurs. C'est sans nul doute un des plus beaux textes que j'ai pu lire jusqu'ici !

Continue, Ujaa' ;)

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Merci Ily :3 <(*'-'*)>

Voici la suite, reprise : allant du chapitre XI à XV

Tome 3 : en entier ici -> http://myreader.toile-libre.org/uploads/My_5622685678fc6.pdf

 

Premières épreuves

CHAPITRE XI

De Feu et de Glace

L’ensemble de la forêt était silencieuse. Elle n’était plus qu’un champ de glace. Les arbres formaient des cristaux géants, tels des piliers du ciel, et les animaux tels des statues de verre semblaient sereins, observateurs mais inconscients de ce qui venait de se produire.

Seul le silence dominait, la vie s’était endormie et l’eau achevait sa course vers la mer à la manière d’une peinture : figée dans le temps.

Chacun des pas ressemblait à une avancée en Norfendre. Les semelles faisaient craquer la glace et le givre répandu au sol.

L’explosion de lumière et de froid avait alertée toute la capitale… La plupart ayant vu un simple flash provenant du Sud. A la nuit tombée, une escouade de gardes elfes accompagnées de Thélion et de Níniel partirent enquêter prestement. Arrivée à la limite de la zone gelée, la patrouille se sépara.

Le doute les assaillit. Ils étaient prêts à parier tous deux, dès le début, que cela venait d’Ujaali et qu’Idril était certainement avec elle. Ils ont dû avoir un problème.

- On dirait un sanctuaire…

- Mais par tous les dieux qu’est-ce qu’il s’est passé ?

- Je ne sais pas Níniel, ce n’est pas qu’une simple peur…

La femme elfe commençait à pleurer, imaginant le pire. Thélion la prit dans ses bras.

- Nous devons continuer à les chercher.

- Je me demande ce qui a bien pu causer ça !

La chasseresse regardait tout autour d’elle, sa voix résonnait dans la forêt.

Valustraa arriva en courant, le souffle lâchant de la fumée, un bâton de mage dans les mains.

- Venez ! Je les ai trouvé ! Au rivage !

- Mage ? Que faites-vous ici ?

- J’ai senti son pouvoir avant de voir l’explosion, je me suis téléportée ici.

- Ujaali ?

La mage resta le visage fermé.

- Dépêchez-vous !

Thélion et Níniel sprintèrent suivi de près par les gardes rappelés par le guerrier. Manquant de glisser sur la glace à diverses reprises, l’escouade progressait, seul l’espoir de revoir leurs protégés en vie les maintenait debout.

Le spectacle était effrayant, telle une scène mise sur pause. Un orc immense était prit dans la glace, la tête vers l’arrière pour ne pas voir ce qu’il semblait tenir en l’air dans ses bras… Il n’y avait pourtant rien dans ses mains. Derrière lui, ce fut pire…

- IDRIIIL !!! cria Níniel en se jetant à terre.

L’enfant, prisonnier des glaces lui aussi, était arrêté dans son agonie. Níniel, ébahie, toucha le bloc de glace enrobant le jeune voleur, un petit cri de douleur s’en suivi. Elle retira sa main vivement. Le froid était si intense qu’il en paraissait brûlant. Les gardes restaient silencieux, visiblement choqués par le spectacle.

La chasseresse retint ses larmes, une main sur sa bouche. Elle examina le jeune garçon. Une plaie le long de la gorge et sur toute la hauteur du visage était sans doute profonde et faite par une lame. Elle releva la tête vers l’épée que tenait un deuxième orc. Elle l’observa longuement. Plus petit que l’autre orc, il avait la dague qu’elle avait offerte à Idril pour ses 16 ans plantée dans les côtes, il portait aussi un tabard étrange… un tabard sombre…muni d’un marteau.

Thélion prit son épouse par les épaules et la releva. A ce moment elle le poussa brusquement vers l’arrière retourna son arc devant elle, le banda et à bout portant décocha une flèche sur la tête du deuxième orc. Celui-ci se brisa en mille morceaux, éclatant tout autour du reste du corps dans un bruit de miroir brisé.

- Níniel !

Elle recommença sur le bras droit qui tenait l’épée meurtrière… même résultat. Puis sur l’autre bras…

- Níniel !! Arrête !

De rage, elle prit trois flèches, les pointa sur le torse de l’orc et tira !

L’elfe s’effondra en larmes et Thélion tenta en vain de la calmer. Tous les hommes soupiraient.

- Il faut retrouver Ujaali. Fit Valustraa. Elle n’a pas pu disparaître.

Elle fit signe et les gardes, acquiesçant, se mirent en route, observant les éventuelles traces dans la glace, les buissons... tout.

Thélion regarda tristement Valustraa.

- Je la sens, son pouvoir est toujours là... mais..

- Mais ?

- C’est quelque peu différent.

- Elle est blessée ? Prisonnière ?

La mage semblait se concentrer, fermant les yeux.

- Je... Je ne sais pas.

- Ces choses ont du certainement arriver par la crique.

Tenant toujours Níniel dans ses bras, Thélion regardait le grand orc gelé.

- Il devait la tenir dans ses mains. Regardez sa tête.

La chasseresse leva les yeux et tenta de confiner sa colère.

- Il y en a peut être d’autres... S’ils se sont éparpillés sur l’île, nous...

- Nous les retrouverons rapidement !

Níniel se releva, repoussant lentement son mari, le regard figé sur Valustraa. La mage l’interrogea du regard. Une lumière apparue derrière elle. La Draenei senti aussi quelque chose d’étrange et se retourna. Les buissons se dégelaient et une vague de chaleur parvenait jusqu’au groupe. La glace du sol disparaissant au fur et à mesure que la lumière progressait.

- Ujaali ?

L’enfant sortit d’entre les arbres. Elle émanait de la lumière de tout son être… mais pas la même… une lumière plus orangée, chaude. Le visage fermé et les yeux flamboyants de colère, elle tenait dans ses mains quelque chose…

- Ujaali ? S’avança Valustraa, un pas vers elle. Qu’est-ce que ? …

La mage vit avec effroi la tête partiellement carbonisée d’un orc… un troisième orc.

- C…. comment ?

La petite elfe ne décrocha aucun mot, sans âme apparente, elle regarda sa tutrice. Voyant Idril, elle laissa tomber sur le sol le crâne immonde et s’approcha de son compagnon. Personne n’osait bouger. Etait-elle victime d’un sortilège ? Ou bien… pire ?

Elle posa ses mains sur la glace, un vent léger et chaud fit virevolter ses cheveux ébouriffés et trempés de sueur. La prison se liquéfia aussi facilement que neige au soleil. Le corps d’Idril libéré, elle le retourna dos au sol laissant entrevoir sa profonde blessure allant du bas de la gorge à son œil gauche. Cela recommençait à saigner.

Thélion et Níniel, étant à quelques centimètres d’elle, observaient tout avec stupeur… mais ne pouvaient intervenir. Leur « fille » était comme possédée. Valustraa la jugea.

Ujaali ferma les yeux et son poing avant de le rouvrir vers les airs. Une légère boule de feu virevoltait dans sa paume. Elle projeta à plusieurs reprises des petites flammes tout le long de la blessure…

- Qu’est-ce que tu fais chérie ? Demanda Níniel entre deux sanglots.

- Je le sauve. Répondit-elle le regard concentré.

La chasseresse voulait lui prendre le bras, mais oui... elle était, différente.

- Le feu … Ujaali… Valustraa se reprit et la conseilla… plus près petite, plus près de la blessure, cela cicatrisera mieux.

La jeune elfe la regarda, acquiesça et s’exécuta. La mage, tremblante, posa ses mains sur les épaules de son élève. Elle essayait par ce biais, de canaliser cette nouvelle énergie. La plaie se refermait à vu d’œil.

Ujaali retira ses mains et observait Idril. Elle se concentra à nouveau. Valustraa sursauta. Elle semblait lire ses pensées.

- Très bien, fais-le, je vais t’aider. Fit-elle en resserrant plus ses doigts sur l’elfe.

Ujaali mit ses mains sur le torse du garçon et telles des décharges, elle libera de l’énergie. Elle le fit à plusieurs reprises. Thélion et Níniel se relevèrent. Au bout de quelques minutes, un ultime à-coup fit repartir le cœur du jeune homme.

 

CHAPITRE XII

Interrogations et Révélations

La vallée de Reflet-de-Lune, son lac étincelant et Aendel Lancevent attendant anxieux devant les portes de Havrenuit avec de nombreux gardes : Le siège du Cercle Cénarien.

Ujaali se rappelait très bien de sa première venue en ce lieu, juste après sa découverte par Thélion et son équipe de patrouilleurs. Cela faisait déjà 4 ans au moins…

Mais la raison de leur venue était autre cette fois. Cela avait prit une toute autre dimension. En effet, ils ne ramenaient pas là une enfant maitrisable, mais un orc, et tout ce qui va avec : force, cruauté, la peur de rien et odeurs fortes.

A plusieurs reprises durant le voyage de plusieurs semaines, le bougre tenta de s’échapper, mais c’était sans compter sur la surveillance accrue d’Ujaali. Celle-ci le bloquait avec de la glace et le brûlait par la suite en punition pendant que les gardes le rattachaient. Un exercice où elle fut volontaire et déterminée. Valustraa ne put qu’accepter, espérant que cela soulagerait sa colère. Mais elle ne restait jamais loin pour avoir main mise sur les nouveaux pouvoirs de son élève.

Le conseil fut réuni dans la grande salle, Aendel le dirigeait, à sa droite, Valustraa. Thélion et sa famille se tenaient au centre de la pièce, non loin de l’orc, car ils avaient été les premiers témoins. L’intrus était attaché lourdement sur deux chaises capables de supporter sa stature et son poids. Au niveau des poignets et des larges chevilles de l’orc, les Cénariens avaient ajouté de lourds plombs reposant sur le sol.

Ujaali observa Idril, assis légèrement en retrait. Remis sur pied depuis peu, le jeune homme arborerait désormais une grande cicatrice sur son beau visage d’adolescent. Fermé et distant, son ami avait changé, comme s’il avait perdu la flamme de son innocence.

L’interrogatoire de l’orc commença…

- Bien, Orc, vous savez pourquoi vous êtes ici ! On vous a retrouvé sur l’île de Teldrassil avec deux de vos compagnons ! Qu’avez-vous à dire contre ces accusations ? Débuta Aendel Lancevent.

- On m’a amené ici ! Fit-il en montrant ironiquement la pièce.

L’orc ne poursuivit que par des insultes dans sa langue, accompagnées de grognements infectes… Certains membres de l’assemblée se sentirent mal à l’aise, tandis que les gardes se rapprochaient du monstre.

- Que faisiez-vous sur Teldrassil ? Lança Valustraa d’un ton sec.

Il dodelina la tête en s’esclaffant.

- Ahr Ahr Ahr Ahr … Il avança son énorme tête vers l’assemblée et articula en postillonant, MI-SSION ! Ahr Ahr !!

- Pour qui ? Quel est ce tabard, cette effigie ?

L’orc se leva fièrement, les poids et les liens ne faisant vraisemblablement aucun effet. Il força pour lever la main et tirer sur son tabard pour le montrer à tous et se mit à parler normalement à la stupeur de l’assemblée.

- La fin du monde est proche ! Le Marteau du Crépuscule vous donnera une mort rapide ! « Gloire aux Dieux très anciens ! Gloire à leurs serviteurs ! Gloire au Marteau du crépuscule ! » Récita-t-il.

Les gardes se firent insistants pour que l’orc se remette à sa place, pendant ce temps les murmures au sein du conseil fusaient. Narguant, la bête se rassit en dévisageant les gardes.

Le Marteau ? Qu’est-ce ? Un vieux clan orc certes….mais… si cela devenait plus important ?

- Que comptiez-vous faire sur l’île des elfes ? Repris Aendel.

- Une mission de reconnaissance.

- Vous avez attaquez des enfants !

- Ils nous observaient ! Fit-il en regardant cruellement Ujaali. De plus, celle-ci est un démon ! Elle est partout où on va !

L’assemblée tourna son regard vers la petite elfe.

- Comment ça, partout ? Demanda Valustraa.

- Demandez-lui, elle doit s’en rappeler, fit l’orc avec un rictus.

Ujaali s’avança vers l’orc et craignait déjà ce qu’elle allait entendre.

- Vous vous trompez Orc !

- Humm Ahr ahr, vous êtes reconnaissable fille elfe !

Il souffla sur elle pour lui faire bouger ses cheveux bleus. L’enfant murmura.

- Le dragon….

- Oui, tu vois que tu t’en souviens ! Par ta faute, mon supérieur a un bras en moins à cause de ton pouvoir ! Lui cracha-t-il dessus.

- Où était-ce ? Tenta Valustraa.

- Je … je… 

Ujaali hésitait, elle ne savait pas, ça ne lui revenait pas.

- En hyjal évidement ! Coupa-t-il. Il ne restait plus que toi dans ce village ! Et comme ton père t’appelait de partout, c’en était ridicule ! fit l’orc provocateur.

- Pourquoi là-bas ? Poursuivit la mage.

Valustraa et Ujaali échangèrent un regard circonspect. Elles avaient peut être une piste. L’orc se replaça mieux pour apercevoir la draenei et la fixer dans les yeux. Il riait, comme un enfant.

- Le chef cherchait une arme, il eut l’information qu’une nouvelle arme était dans le coin.

- Mon père … 

La colère lui montant aux yeux, Ujaali marmonnait.

- Non, ce n’est pas ton misérable père l’arme... Même si c’est lui qui nous a grandement aidé pour la trouver.

- Vous avez vu mon père ! Reprit-elle.

- Oui, tu veux que je raconte comment mon chef l’a tué ? Tu veux ?

- Arrêtez-ça de suite ! Lança Aendel.

L’orc poursuivit tout de même en rapprochant sa tête immonde plus près d’Ujaali. Il fit apparaître ses dents crasseuses, tellement cette histoire l’emplissait de joie.

- Il criait ton nom et nous suppliait d’en finir par la même occasion. Ahr ahr, Alassëa, c’est ça non ?!

Ujaali recula d’un pas, surprise.

- Dommage qu’on n’ait pas comprit plus tôt ce qu’était réellement l’arme. Il prit un ton presque paternel, Alassëa, tu nous aurais été utile ! Ton destin désormais est de mourir !

De rage, les yeux flamboyants, Ujaali forma une boule étrange dans ses mains, Valustraa se leva et courut vers elle.

- Ujaali !

Le reste de l’assemblée observait, surpris. Thélion retenait Niniel et Idril regardait l’orc dans les yeux, impassible. L’elfe, accompagné d’un cri, plaqua ses mains sur chaque côté du visage de l’orc et en fit exploser la tête entre feu et glace en un seul coup.

La petite elfe s’effondra de fatigue et de nerf au pied de sa maître. Tout était brouillon, n’entendant même plus ce que tout le monde disait autour d’elle. Seulement des bruits de fond. Valustraa resta figée quelques instants, voyant le corps de l’orc bouger encore. Idril se leva et la soutenu, relevant sa nuque. Ignorant lui aussi les cris et autres brouhahas alentours, il la souleva précautionneusement. Il la porta dans ses bras en dehors de la salle, laissant le corps de l'orc gisant et dégoulinant de sang sur le sol pavé.

 

CHAPITRE XIII

Remises en cause

Les flammes virevoltaient et illuminaient cette sombre nuit. Un vent doux et chaud accompagnaient les braises légères et incandescentes au loin, les laissant retomber et s’éteindre dans les eaux du lac d’Elune’ara.

Quelques personnes étaient là, pour s’assurer que tout se déroulait comme prévu ou juste par curiosité. Mais, tous étaient silencieux. Seul le bruit du feu dominait dans la vallée d’Havrenuit.

Les grands yeux bleus clairs d’Ujaali observaient l’ardeur du feu qui léchait les morceaux de bois montés en quinconce sur 1,30 m de haut. Ses yeux se plissaient au bruit des craquements produit par la combustion.

Sur ce bûcher, le corps sans vie, et surtout sans tête, de l’orc se consumait inlassablement… La tête avait été déposée à ses pieds. Valustraa avait gardé le tabard pour mieux l’examiner plus tard, et comparer le symbole avec les archives elfiques.

* C’est le deuxième que je tue de mes mains….le deuxième…*

Une main se posa sur son épaule gauche. Idril. L’éclat du feu faisait ressortir sa cicatrice tantôt sombre, tantôt claire. Ils se regardèrent, mais un instant plus tard, par culpabilité ou par peine, Ujaali pleura, le prenant ainsi par la taille.

- Ujaa… C’est fini. Chuchota t-il en la serrant contre lui. C’est fini…

Idril ressassait la scène de la bagarre. Comment avait-il pu se faire avoir ainsi ? Entre déception et soulagement, il observa sans animosité le bûcher.

Le lendemain matin après une courte nuit jonchée de cauchemars et de souvenirs, Ujaali regardait par la fenêtre. Il pleuvait. Les grosses gouttes d’eau de l’été s’abattaient sur les bois carbonisés encore fumant. De temps à autres, on pouvait entendre le tonnerre.

- Pourquoi ? Dit-elle brusquement en se retournant.

Idril venait d’entrer silencieusement dans la pièce, et fut étonné de ne pas avoir été suffisamment discret.

-… Pourquoi quoi ?

- Pourquoi je serai « une arme » ?

- Tss, laisse ces sombres paroles partirent au diable avec lui, il cherchait à t’impressionner… Fit le jeune homme en montrant la fenêtre.

- Un mensonge ?

- Très certainement Ujaa…

Il essayait de se convaincre lui-même. Ils se fixèrent.

- Humm… Mais si c’était vrai ! ! Jugea-t-elle en observant à nouveau l’extérieur. S’ils étaient au courant de mon pouvoir, et qu’ils voulaient s’en servir…

- Il y a de nombreux êtres en ce monde et beaucoup sont plus forts que toi… Je ne dis pas ça pour te vexer mais... En quoi une secte s’intéresserait à une elfe faisant des glaçons ? Tenta-t-il en esquissant un sourire.

Ujaali souffla les yeux en l’air puis abaissa la tête plus sérieusement.

- Oui… c’est vrai, dit Ujaali en se mordant les lèvres. Après tout, je ne suis qu’une enfant aux yeux des miens, pas grand-chose donc…

- Si tu n’es pas grand-chose… alors moi, je ne suis rien du tout.

Idril prit un regard grave et s’assit sur le lit.

- Idril ?

- Tu m’as sauvé la vie ! J’ai une dette éternelle auprès de toi. Evidemment que tu as quelque chose d’extra… mais tu le contrôleras plus tard. Moi, j’ai complètement échoué. J’aurai dû mieux te protéger. Tu es plus vieille que moi et pourtant, tu es plus comme ma petite sœur tu vois ?

- Mais, non...

- Ça me passera, j’espère. J’ai juste du mal à digérer cette défaite-là. Nos jeux à côté... Il soupira.

Ujaali vint s’asseoir près de lui et le prit par les épaules.

- Nous allons grandir et apprendre encore.

- Et quand je serai vieux ou mort, tu grandiras encore.

Ils prenaient désormais consciences de leurs différences et se jugèrent un long moment.

- Et ton nouveau pouvoir ? Comment tu vas faire pour le contrôler ?

- Valustraa m’envoie à Dalaran pour ça… Apparemment, j’aurai un autre maître.

- Je sais… répondit-il en se prenant la tête dans les mains.

- Idril ?

- Oui ?

- Pourquoi tu ne ris plus ? Tu as changé… Demanda-t-elle naïvement. Enfin, je veux dire, c’est bien plus qu’un lien de cause à effet avec cette histoire j’ai l’impression.

- …. Lorsque tu passeras près de la mort, tu me comprendras… Une mauvaise passe… Cet accident m’a fait prendre conscience que je n’étais rien en ce monde. Surtout aux côtés d’un être comme toi.

- Ne dis pas n’importe quoi !

- Bien sûr que si, s’énerva t-il en se relevant, je claquerai des siècles avant toi, tu connaîtras ma descendance, et tu finiras par aller vers d’autres lieux, rencontrer d’autres personnes… et avec le temps,… tu m’oublieras !!

- Jamais !! Non jamais !

- Alors laisse-moi venir avec toi à Dalaran !

Ujaali baissa la tête quelques secondes, lui faire courir des risques… serait-elle capable de le protéger toujours ainsi ? Lui dire non, serait perdre son amitié, le perdre lui…

- Tu es ma seule famille Ujaa …

 Elle lui tendit la main.

- On se suivra, toujours !

- Toujours ! répondit-il en la serrant.

Arrivés au Mont Hyjal, dans le Bosquet d’Aessina, Thélion, Níniel, Valustraa, Ujaali et Idril observaient les dégâts… Ce lieu reculé avait bien subit une attaque.

- Etrange, très étrange que l’on en ait pas entendu parler depuis tout ce temps... Lançait Valustraa.

Le petit village était en ruine, il faudrait des années pour le restaurer…

Ujaali se souvenait petit à petit… Des rues, de certains arbres… Sa demeure d’enfance ! Comme dans ses rêves et ses méditations… tout était vrai. Elle se dirigea vers la maison.

- Laissons-la seule un moment. Proposa Thélion.

Sur la table de son ancien salon, effondrée par la force des flammes, Ujaali y lu une inscription en elfique gravée sur les planches carbonisées. Comme un message laissé là au cas où quelqu’un repassait par ici.

Elle grava à son tour quelque chose, pareillement, au cas où...

Il n’y avait plus rien de récupérable. Les plantes avaient déjà entamé leur œuvre de reconquête du village entier. Peut être que les lieux avaient été pillés. Il ne restait que quelques objets du quotidien, rien de grande valeur.

Peu après, elle ressortit dans les rues et s’approcha d’un rocher. Elle le reconnut, il s’agissait du rocher de ses cauchemars… Le rocher où elle avait vu le dragon. Le reste de l’équipe vint vers elle.

- Alors ? Tu as trouvé quelque chose ?

- Je... Je ne suis pas sûre.

En regardant au sol, Ujaali s’agenouilla et frotta la terre sableuse. Elle y trouva des écailles rétractées par le temps… des écailles rouges.

- Regardez ! J’avais raison !

- Cela serait une drôle de coïncidence en effet. Fit Níniel.

- Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. Fit Valustraa en s’approchant de son élève.

- Oui, on y va.

La mage sortit quatre runes de sa poche et les disposa autour d’Ujaali.

L’elfe serra les écailles dans ses mains, s’assit en tailleur et ferma les yeux. Son cœur battait.

- Concentres-toi ! Nous sommes là. Assura Valustraa.

On pouvait voir ses yeux bouger sous ses paupières. La mage restait face à elle, veillant. Au bout d’un moment, l’enfant sortit de ses pensées…

- Mon père est vivant ! C’était un mensonge ! Je me souviens de tout désormais ! Lança-t-elle en faisant exploser les écailles de dragon dans ses mains et le regard déterminé.

 

CHAPITRE XIV

Voyage vers Dalaran

 

- Partie 1 -

 « Au milieu du village ravagé … Ujaali courrait... Trébuchant à plusieurs reprises, c’est derrière le rocher qu’elle se cacha et observa le dragon rouge et or.

Conduit par un Orc, il avançait vers elle. Ses yeux dorés fixes et cruels le rendaient encore plus effrayant. À quelques centimètres l’un de l’autre, le reptile s’amusait à la flairer, attendant les ordres de son maître.

- Nan ! ordonna-t-elle.

Le saurien recula de dédain, ouvrit alors la gueule et souffla d’un feu ardent.

- NOOONNNN!!

Les flammes furent stoppées nettes dans les airs par une sorte de bouclier provenant des mains de l’enfant-elfe. Elles se dirigeaient à la fois dans le sol, vers le ciel et, comme le dit-on, en « retour de flammes » sur la bête.

A la fin de ce premier assaut, Ujaali, essoufflée, regarda de stupeur ses mains, elles libéraient une lumière vive et blanche… c’était la première fois !

Le dragon, tout aussi étonné, reçu de nouveaux ordres, il chargea alors sur l’enfant qui esquiva tant bien que mal sa mâchoire énorme.

Repartir en arrière était signe de mort assurée, pensa-t-elle une fois au sol. Respirant la poussière à plein nez, elle se décida rapidement. Elle se releva et fonça sur le monstre…

Ujaali s’agrippa aux petites cornes noires situées sur toute la tête de la bête. Mais l’énergie de ses mains dégageait tellement de froid, que cela faisait fumer les écailles à l’inverse chaudes et fit hurler l’animal de douleur.

Il se retourna et se cabra. L’Orc tomba de sa selle dans divers grognements incompréhensibles, alors que l’elfette demeurait indéfiniment cramponnée sur la gauche de l’animal, ce qui ne faisait qu’aggraver son humeur. Il s’envola d’un coup d’ailes comme pour fuir, un parasite accroché à lui.

Au bout de quelques très longues secondes de vol mais certainement de rapides kilomètres de parcourus vu la taille des ailes, Ujaali put placer son pied sur une des épaules et remonta sur le dos de l’animal qui continuait à se débattre, à cracher du feu et à crier de rage.

Afin de se rattraper, elle posa sa main sur le cou rouge de son agresseur. Pleurant à moitié et fatiguée elle lança toute son énergie. Des cristaux de glace apparaissaient entre chacune des écailles situées sous sa main. Le gel semblait se répartir ainsi, sur plusieurs centimètres de peau. Le dragon tangua alors de douleur sur le côté en plein ciel, manquant de se prendre le sommet d’un arbre.

En conséquence, l’enfant, gémissant de peur, glissa de l’autre côté du dragon et se raccrocha de nouveau aux cornes, en les gelant partiellement.

Il tourna une dernière fois la tête au niveau de son aile droite, où Ujaali luttait pour ne pas tomber. Il l’attrapa par le bas de sa robe et d’un coup sec, tel un chiffon, la lâcha dans le vide.

L’elfette, dans un cri interminable tombait, voyant s’éloigner la bête dans les nuages. Elle était impuissante. Dans un dernier effort,… elle ferma les yeux … et plaqua ses mains contre elle … »

- Voilà ce dont je me souviens… Mais… je ne comprends pas… comment j’ai survécu à cette chute ? Sans même une égratignure ?

Tous réfléchissaient, autour d’un feu, Ujaali venait de leur raconter ses moindres petits souvenirs, la caverne dans les montagnes enneigées, la maladie mystérieuse de sa mère et là, l’attaque de son village…

- Mmm… Tu as vu comment tu as « congelé » ces orcs l’autre fois ? répondit Valustraa

- Euh… Oui… mais ce n’était pas réellement voulu… enfin si, mais…

- Tu as certainement fait la même chose pour toi, provoquant ainsi un traumatisme tel, que cela t’a fait oublier beaucoup de détails…

- Oui, ajouta Thélion, lorsqu’on t’a trouvé tu avais les mains contre toi.

- J’ai subi la même chose, mais je n’ai perdu aucun souvenir !

- Idril, cela dépend des personnes, de leur âge, leur résistance… coupa Valustraa en regardant le jeune voleur.

- Donc, je me suis… « auto-congelée » ? Mais pourquoi les pouvoirs se sont-ils manifestés à ce moment-là ? Et pas dès la sortie de la caverne,… ou plus tard ?

- C’est ainsi Ujaali. Fit Níniel en lui prenant la main.

- Oui, ajouta Valustraa, pour qu’ils se révèlent, tu avais besoin… d’un choc… et tu en as eu plus d’un ces dernières années… C’est ce qui explique aussi ton attrait tout récent pour le feu depuis cet épisode sur Teldrassil. Un choc… une peur… et donc une manifestation de ton pouvoir.

L’enfant observa le feu, silencieuse…

- Ne t’inquiète pas, poursuivit-elle, tu contrôleras tout cela avec le temps, peut être même que cela disparaîtra, qui sait, tu es encore bien jeune. A Dalaran, tu auras toutes les réponses à tes questions.

Continuant à fixer le feu :

- Oui, j’espère… Mais vous ne venez pas avec moi Madame ? Ni vous ? demanda-t-elle à Thélion et Níniel.

- Nous n’avons pas l’autorisation de quitter nos postes pour partir à Dalaran Ujaa. Répondit Níniel d’un air triste.

- Mais toi, tu pourras revenir nous voir dès que tu le pourras ! Ajouta Thélion en prenant l’arrière du cou de sa fille adoptive d’une main, comme pour la rassurer.

Ujaali sourit timidement, quitta le foyer des yeux pour questionner Valustraa du regard.

- Evidemment, je vous accompagnerai jusqu’à Dalaran. Le voyage sera long, et on ne peut pas vous laisser sans personne capable de maîtriser vos pouvoirs si… un autre accident surgit.

- Très bien, cela me rassure.

- Une fois là-bas, je vous présenterai aux grands mages de Kirin Tor, un courrier nous devancera, leur expliquant tout. Vous y trouverez en ces lieux de bien plus grands maîtres de la magie que moi. A vous ensuite, d’être à la hauteur de leurs enseignements.

- Bien madame.

- Quelle route prendrez-vous ? Interrogea Thélion

- Nous prendrons un bateau au port de Théramore, donc nous emprunterons la route d’Orneval et traverserons les Tarides. Nous ferons halte à la Retraite de Raynebois, où un de mes confrères de Dalaran se trouve en ce moment. Ainsi nous ferons la route ensemble.

- Quand partez-vous ? Demanda Níniel, blottie contre son mari.

- Dans deux jours. Lança impassiblement la mage. Quand à vous Idril, il va falloir vous trouver une place, je ne suis pas sûre qu’on vous accepte éternellement dans la ville violette.

- Je ferai de mon mieux, dit-il avec ardeur, on ne nous séparera pas !

Quelques jours plus tard, après des adieux douloureux et plusieurs heures de périple sous la pluie, les trois voyageurs arrivèrent à la Retraite de Raynebois. Ils y firent la rencontre du mage Fanoraithe, un des derniers haut-elfe, résidant et instructeur renommé de Dalaran.

En mission depuis plusieurs mois en Kalimdor, il était accompagné d’une jeune humaine, son apprentie, Livia. Sensiblement plus vieille qu’Idril, blonde et aux traits fins, elle semblait très calme, maitrisant tout d’elle-même, comme son mentor.

Le voyage repris le lendemain. Valustraa et Fanoraithe discutaient sans cesse à l’avant de la charrette, moyen de transport au combien plus reposant pour les sabots de la maître mage.

Ujaali était à l’arrière, toujours autant fatiguée depuis ses efforts sur l’Orc, elle ne marchait que peu de temps. Elle lisait une copie du livre « l’école de magie des arcanes : Introduction », faisait glisser son collier, que Dylnn lui avait offert il y a déjà si longtemps, entre ses doigts et observait Idril qui parlait inlassablement à la jeune apprentie.

Il racontait le nombre de fois, où il avait réussit à éviter les jets glacés de son amie, où il l’avait gagné à plusieurs reprises lors de duels, les parties de cache-cache interminables et les nombreuses blagues dont il était fier. Livia écoutait, pouffait parfois, de temps en temps elle regardait Ujaali avec un sourire en coin.

La petite elfe soupira, agacée. Mais au moins, il avait recouvert sa bonne humeur, se dit-elle.

Orneval était derrière eux, devant, les grandes plaines quasi désertiques des Tarides du Nord, aussi hostiles que ses habitants, leurs faisaient face.

Il fallait être discret et prudent maintenant, les orcs, trolls et même des taurens passaient par ces terres pour rejoindre Orgrimmar, la capitale de la Horde. Valustraa et Fanoraithe demeuraient graves et à l’affut du moindre bruit suspect.

Par prudence, il fallait éviter de passer par la Croisée et donc se rapprocher des frontières des Serres Rocheuses. Ils établirent un petit campement pour la nuit à l’abri des animaux sauvages et de la vue de l’ennemi.

 Au beau milieu de la nuit, Ujaali se réveilla. L’objet de son trouble était des murmures. Elle se leva sans bruit et se dirigea vers la direction des voix. Autour du feu presque éteint, Idril et Livia discutaient, encore… Ne voulant pas en savoir plus, et encore moins écouter, l’elfe parti un peu plus loin à l’orée d’un bois, d’un air mélancolique.

- Oh ! Donc… cette cicatrice provient d’un Orc !

- Hé oui, mais heureusement qu’Ujaali était là, sans elle j’aurai plus ma tête du tout.

Livia rit doucement.

- Hum, vous vous aimez beaucoup.

- Oui, elle est comme ma sœur pour moi !

- Ta sœur ? Je pensais que …

De sombres bruits provenaient des bois, coupant la discussion, des grognements de trolls vociféraient en tous sens et… un cri … cristallin…

- Ujaa !

Idril bondit, sortit sa dague et fonça en direction de la forêt. Il vit bouger au loin, mais c’était flou, il avait une si mauvaise vue la nuit.

Quelques secondes plus tard, engagé au milieu des arbres, essoufflé, il s’arrêta. Il n’y avait plus un son. Il s’attendait à voir jaillir une lumière, quelque chose …. Rien. Il remarqua un objet luisant à la lune au sol.

Livia arriva à son tour, suivit de Valustraa et de son mentor.

- Que se passe-t-il Idril ? Où est Ujaali ? demanda Valustraa au bord de la panique.

Le jeune homme se retourna, la tête baissée et le poing serré contre lui. Il regarda la mage, les yeux embués et ouvrit sa main qui tenait le collier de son amie.

- … Elle a été enlevée…

 

- Partie 2 -

Seuls les dieux savaient combien de temps elle dormait, là.

Assommée et paniquée de ne pas avoir pu utiliser ses dons comme elle l’entendait, la fatigue accumulée depuis des semaines surgissait, l’emprisonnait, l’étouffait…

Une grille sous une hutte en peau… une grille solide...

Voilà ce qu’Ujaali vit à son réveil : une cage, dans laquelle elle était enfermée. Presque trop petite pour elle, elle ne pouvait s’y mettre qu’accroupi.

Silencieuse, elle se souvint de l’attaque dans la forêt. Des bêtes… étranges, humanoïdes avec des crocs plus ou moins grands selon l’individu et des coiffures toutes aussi bizarres…

*c’est donc ça des …trolls* pensa-t-elle.

Qu’allaient-ils donc faire d’elle ? La manger ?

- On doit la retrouver ! S’insurgea Idril.

- Evidemment ! Mais on ne sait pas, … elle… elle peut être n’importe où. Répondit Valustraa gênée.

- Mais à force de VOUS attendre, il sera trop tard !!

- Idril !

Le jeune homme prit son gilet de cuir, une poignée de fruits contenue dans un panier et sorti de la tente de la maître mage plein de colère.

- Idril ! Et tu vas la chercher où hein ?! Bon sang, réfléchis un peu ! Lança la draenei en le poursuivant.

- Je retournerai la forêt ! … la terre entière pour la retrouver !! La mage baissa les yeux et Idril reprit quelques instants plus tard. Je ne vais pas rester là, les bras croisés !

- Id…

Valustraa ne put répondre, le voleur avait disparu.

- Suis-le Livia, … veille sur lui jusqu’à ce qu’on en sache plus !

L’apprentie mage sursauta, cachée derrière la tente, elle avait tout entendu de la conversation, mais elle ne pensait pas avoir été repérée.

- Euh… Oui… madame.

Environ 6h du matin, levée du camp pour les Trolls. Il leur fallait partir, bouger tels des nomades et pas de répit.

Ujaali sortait de sa petite prison à ce moment là, jusqu’à l’arrivée en début d’après-midi, où ces êtres s’affairaient à reconstruire un campement sommaire.

A plusieurs reprises, certains membres s’approchaient d’elle, la reniflait, lui touchaient les cheveux, les oreilles.

- Oh mais ça suffit !! Gronda-t-elle

Le troll se recroquevilla de réflexe devant la petite elfe, mais se ragaillardi aussitôt et lui cria dans les oreilles dans une langue monosyllabique incompréhensible.

- Aaaahh, mais !!

Elle lui lança un jet de glace lui emprisonnant son long et gros nez. Le benêt se mit alors à courir dans tous les sens, vociférant des propos incohérents.

Un grand troll, sans doute le chef du clan, s’approcha d’elle. Il la regarda sévèrement et dit quelques mots, avant de lui décrocher un revers qui la fit tomber face contre terre.

Il fallait trouver un moyen de s’échapper d’ici, mais rien à faire, les pouvoirs n’en faisaient qu’à leur tête.

- C’est là ! J’en suis sûr ! Chuchota Idril.

- Ici ? Oui c’est un campement troll. Répondit Livia.

Cela faisait trois jours qu’ils la cherchaient entre les bois et plaines arides des Serres Rocheuses. Parfois des fausses pistes, des trolls isolés, un groupe de taurens peu farouches également, mais cette fois, c’était bon.

Des bruits surgissaient du camp. Idril et Livia observaient la scène, planqués dans un buisson.

- Là ! Une prisonnière !

- Chut Idril ! J’ai vu.

Une silhouette féminine, la tête dans un sac en toile de jute l’empêchant de voir la route, était conduite dans une hutte par deux d’entre eux.

- Ce soir, quand tout le monde dormira, on la libèrera !

Au beau milieu d’une nuit sans lune, un troll de garde s’endormait devant le feu. Il rêvassait… Il imaginait une trollesse, les cheveux défaits, le récompensant de son travail par une danse. Il pouvait même la voir dans les flammes… et même derrière les flammes… sauf que, ce n’était pas une trollesse mais une… humaine ?!

Il ouvrit grand les yeux, comme pour mieux y voir, mais il ne se trompait pas.

Livia était devant lui avec son bâton, souriante.

- Oh ! Il se leva aussitôt, hésitant.

La jeune femme lui fit signe de s’approcher. Il tenta un pas en avant, mais voyant que la blonde perdit son sourire, il préféra récupérer son épée. L’épée, qui partie se ficher dans le tronc d’un arbre.

Le troll regarda l’humaine, ça venait d’elle. Une sorcière ! Il cria, ameutant ainsi tout le camp. Ils étaient prêts à en découdre avec elle. Tous rassemblés, le garde lança la charge, suivi de près par ses congénères.

Livia, restée de marbre, leva les yeux du sol et sourit. D’un coup sec, elle tapa son bâton contre la terre, envoyant alors un nuage de sable sur les attaquants. Ces derniers, surpris, éternuèrent et se frottèrent les yeux.

Elle regarda un instant l’arbre sur lequel s’était plantée l’épée. Idril était derrière. Elle fit signe de la tête. C’est bon, c’est le signal, elle les retiendrait facilement.

Idril courut à toute vitesse en direction des tentes.

Ujaali se réveilla en sursaut. Une bagarre… ou un combat ?! Les bagarres étant fréquentes chez les trolls, elle pensait au début que c’en était une de plus… mais là c’était différent.

Des cris, des coups de lames qui s’entrechoquent.

- Qu’est-ce ? Idril ?

Sa respiration s’accéléra. Elle prit les barreaux de sa cage dans les mains et tenta de les geler.

- Vite allez !

Idril assomma un énième troll qui s’effondra sur lui-même. Enfin, la voie est libre. Il regarda dans une des huttes.

- Non… soupira-t-il.

Puis une autre, non plus… Au troisième douar elle était là, à genoux, enchaînée et toujours cette besace sur la tête.

- Ujaa !! Cria de joie Idril, en se jetant devant elle. Il lui retira le sac.

-C’est fini Uj…

Une humaine, c’était une humaine figée par la peur.

Les barreaux cédèrent enfin par le gèle. La bagarre se poursuivait à l’extérieur. Ujaali rampant en dehors de sa cage, remuait de la poussière. Elle toussa en se relevant, fermant les yeux.

Elle chercha de la main, la peau de la tente qui lui permettrait de sortir, mais elle tâta un vêtement. Elle ouvrit soudain les yeux qui lui piquaient toujours.

Un Orc ! Dague en main, il ria et la repoussa au sol. Etouffant un cri, Ujaali le regarda. L’orc se sentant provoqué, laissa tomber sa dague et s’avança vers elle. Il fut arrêté net par l’entrée d’un homme, grand et caché d’un capuchon.

- Que faites-vous ?

- L’orc se remit droit et répondit en bégayant, r… rien chef !

- Sortez !

L’orc s’exécuta. L’homme observa la petite elfe pendant quelques instants et eut un sourire narquois.

- Bien, je ne pensais pas faire une aussi belle prise ! Déclara-t-il. Vous là-bas, occupez-vous de cette prisonnière ! Débarrassez-vous des autres ! Nous n’en auront pas besoin. Finit-il en chuchotant.

 

- Partie 3-

*Un échec de plus * pensait Idril. Ce n’était pas le bon camp. Livia tentait de le rassurer, et puis, ils avaient quand même sauvé une vie innocente !

- On va la retrouver Idril, ne t’en fais pas…

- Si justement ! Plus le temps passe et moins on a de chance de la revoir !

- On doit ramener cette femme dans son village, à ce qu’elle m’a dit, c’est plus au Nord dans les Serres Rocheuses.

- Très bien, Ramènes-là !

- Q… Quoi ?

-Ramènes-là ! Moi, je continue !

Deux jours de recherche. Idril, ignorant la fatigue, visitait, explorait tout à la recherche du moindre indice. Impossible de parler aux trolls, trop imprévisibles, sauvages parfois, mais surtout incompréhensibles.

A l’orée d’un bois donnant accès à une petite rivière, un camp… dévasté. Certaines huttes fumaient encore et tombaient en lambeau dans la poussière. Sur le sol, des cadavres trolls, des coups d’épées dans le dos pour la plupart… ils avaient été pris par surprise.

- Qui a bien pu faire ça ?

Dague en main, au cas où, le jeune homme inspecta le village nomade et récupéra au passage quelques viandes séchées et fruits ayant échappés au feu.

- Tiens ! Ce n’est pas un troll ça…

 Il retourna avec difficulté, un autre cadavre plus imposant… Un orc …

*Les orcs auraient attaqués les trolls ? Étrange… *

Il l’observa, le malheureux portait un tabard violet.

- Le Marteau du Crépuscule !

Le voleur se releva rapidement et fouilla les tentes. Au bout de quelques minutes, dans l’une d’elle il vit une cage cassée et une dague au sol. A toute vitesse, il s’y pencha, ramassa la dague et toucha la cage.

Le jeune homme s’asseyait de fatigue, tenant les barreaux de la petite prison dans les mains. Son regard fut attiré par de la couleur dans un coin. Une mèche de cheveux bleus !

- Ujaa… Je l’ai raté. Fit-il en prenant la mèche. Qu’est-ce que … c’est ?

Une écriture dans le sable ! Difficile à lire, mais … au bout d’un moment et avec un peu d’attention Idril arriva à distinguer les lettres : « Dath da fulo » !

- « Vers le Nord », Ujaa j’arrive !

Ujaali avait regagné en force, elle en était d’autant plus difficile à maîtriser. A présent enchaînée et les mains munies de gants magiques lui retournant son pouvoir contre elle, elle était belle et bien prisonnière… et cette fois, l’ennemi est plus dangereux.

Régulièrement, elle recevait la visite de l’homme en capuchon, un être plein de ressource… et ayant un attrait fort pour la magie. Il restait souvent là à l’observer.

- Je n’aime pas quand tu essais de t’enfuir… tu le sais ! fit-il d’un ton calme.

- Et bien relâchez-moi, ainsi je ne m’enfuirai pas ! dit l’elfette sur un ton ironique.

- Nous te cherchions même plus, mais c’est toi qui es venue à nous ! Fort bien, tu nous seras utile.

- Relâchez-moi ! Je ne vous apporterai rien !

- Te te te te te, voyons Alassëa !

- Haussant un sourcil, Comment connaissez-vous ce nom ? Qui êtes-vous ?

L’homme de grande taille resta silencieux et se retira au bout d’un moment, malgré l’insistance d’Ujaali.

- Mais répondez !! Revenez ici !

Folle de colère, elle manqua de se geler les bras entièrement. Etouffant un cri, elle se calma, pensant à Thélion et Níniel qui lui manquaient terriblement.

 *Hm… Alassëa…*

En réfléchissant… Cette voix… il lui semblait l’avoir déjà entendu.

C’est au coucher du soleil qu’Idril atteignit le petit baraquement. Il n’y avait pas que des orcs, à sa grande surprise, le clan comptait aussi dans ses rangs, quelques trolls fraîchement recrutés, un immense Tauren en armure, mais surtout des humains… Vêtus sombrement.

Qu’est-ce que tout cela signifie ? Que préparent-ils ? L’orc à Havrenuit disait peut être la vérité…

Le jeune voleur profita de la patrouille d’un garde, pour l’assommer, récupérer et enfiler ses vêtements et l’abandonna à son triste sort en le balançant dans le fleuve. L’eau survoltée et le courant rapide, présageait un orage tempétueux dans les montagnes… Si le garde se réveille, il se retrouvera loin d’ici.

 Idril se fondit dans la masse, de petits groupes en petits groupes il s’approcha des huttes.

Soudain, de grands éclats violets parcouraient le ciel, tous les gardes y jetèrent un œil rapide.

- Bah, c’l’chef ! Fit un homme

Par curiosité, Idril se dirigea vers ces lumières. Un grand homme encapuchonné semblait faire une invocation, dans un coin reculé du camp. Le jeune homme se cacha un peu plus et écouta. Une voix sourde et invisible répondait au chef… C’était un moyen de communication en quelque sorte !

Evidemment, les mots n’avaient aucun sens, ce n’était pas du commun… mais en tout cas les deux avaient beaucoup à se dire. La voix sourde semblait en colère. L’homme regarda derrière lui, ne voyant personne, il ôta sa capuche, laissant entrevoir de longues oreilles et des cheveux bleus-verts…

* Un elfe ?! C’est une mauvaise blague !* Pensa Idril

Jugeant que c’était le meilleur moment pour trouver Ujaali, puisque le chef était occupé, Idril se remit au travail.

- Ah enfin ! Tu es là ! fit-il avec soulagement en rentrant sous une tente.

- Qu’est-ce que tu veux toi ?

- Ujaa, c’est moi ! répondit-il en enlevant sa cape.

- Oooh !! Idr..

- Chut ! Je vais te sortir de là. Murmura-t-il.

En quelques secondes, il ouvrit le cadenas.

- Waou, t’as fais comment ?

- Hm ! Avant de te connaître tu crois que je faisais comment ? Sourit-il en la libérant de ses gants.

- Oh Idril, comme tu m’as manqué !

Sans même avoir le temps de se retrouver, des gardes firent irruption dans la pièce. Ujaali poussa Idril sur le côté et lança un éclair de givre sur le premier homme… La face gelée, il tomba au sol. Le deuxième courut et cria à l’aide. Son cri stoppé net par la dague elfique d’Idril se plantant dans la nuque.

Les deux ados échangèrent un regard, il ne fallait pas traîner. Ils sortirent.

Des combattants arrivèrent de tous côtés. Ujaali fit illuminer ses mains, Idril récupéra sa dague et se mirent dos à dos. Les gardes foncèrent sur eux. Tantôt assommés, gelés ou se prenant des coups de dagues, les membres du clan du marteau recevaient une correction. Comme ces entraînements à Teldrassil ont servi !

Une épée manqua de peu la tête de l’elfette, interrompu par Idril.

- Toi, on va avoir des choses à régler ! fit Ujaali en lançant un gros jet de glace emprisonnant entièrement le troll qui s’éteignit dans un cri. Idril le termina en fendant le bloc.

L’immense tauren arriva deux armes à la main et en furie. Il bouscula plusieurs des siens pour s’approcher des deux intrus.

- Cours Idril !

- Hein ? Surement pas !

- Je vais tout geler ! Cours !!

Le jeune voleur donna un coup de coude dans les cotes d’un troll qui se plia de douleur, et l’assomma net d’un coup de genou sur sa tête baissée. Une fois écroulé, Idril courut hors de portée d’Ujaali, en poignardant au passage un homme en train d’armer une arbalète.

Ayant perdu de vue le voleur, les gardes se tournèrent tous vers l’apprentie mage qui continuait d’en bloquer quelques uns. Idril s’en voulait déjà d’être parti !

Occupée, elle n’avait pas vu le tauren s’approcher si vite. D’une force extraordinaire, il repoussa deux trolls qui se tenaient près de lui, les envoyant valser sur des huttes alentours. Et de ses deux épées, fendit l’air sur Ujaali.

Idril ferma les yeux. Et soudain, plus un son.

- Ujaa !!

Elle avait réussi, les gardes étaient gelés, le tauren aussi, comme mis sur pause.

- Idril ! Viens m’aider !

Le jeune homme accouru et vit avec effroi dans le bloc de glace, une des deux épées en train de couper à moitié le bras droit d’Ujaali.

- Oh non !

- T’inquiète pas, je ne ressens rien pour l’instant.

Idril prit une épée longue fichée au sol et s’apprêta à trancher le tauren… mais celui-ci se réveilla ! Se libérant de sa prison et furieux! Ujaali cria et tomba assise parterre, l’épée, toujours gelée dans son bras. Le tauren attrapa Idril par le col et le leva de terre, mais ses yeux s’éteignirent soudainement, lâchant prise et s’effondrant au sol.

Quelques autres cris au loin se faisaient entendre, et sur le dos du tauren, un trou carbonisé.

- C’est toi Ujaa ?

- Euh … Non !

- Ils sont là ! Annonça Livia souriante.

L’humaine mage était accompagnée de Valustraa, Fanoraithe et d’une patrouille de soldats du cercle cénarien.

- Comment vous nous avez retrouvé ? Demanda Ujaali.

Un elfe en armure descendit de panthère, ôta son casque et répondit.

- Une étrange lumière violette nous a attiré jusqu’ici, les mages nous ont avertis du danger et de la possibilité de te retrouver. Ça te fait mal Ujaali ?

- Dyyyylnn !!!! Fit l’elfette en joie.

 

CHAPITRE XV

La Cité du Kirin Tor

En l’An 25.

L’air était frais. Les vagues se fracassaient contre la coque du bateau qui les menait en Norfendre. Un mois après toutes ces péripéties, Idril, Livia, Valustraa, L’archimage Fanoraithe et Ujaali étaient bientôt arrivés à destination.

Son beau collier bleu glissait entre ses doigts, remémorant ainsi tous ses souvenirs. Ujaali était sur la proue, les yeux fermés et face au vent, libre…

Son bras n’était plus trop douloureux, Dylnn, une fois en sécurité, l’avait soigné avec de nombreux remèdes et bandages de sa confection. Elle n’en gardera qu’une profonde cicatrice.

Le revoir l’avait touchée. Ils avaient pu parler longuement, ressassant quelques souvenirs et prendre des nouvelles. Si bien qu’elle écrivit une lettre à Thélion et Níniel racontant le voyage jusqu’à Théramore, donnant des détails, avant qu’elle ne parte et change de continent.

Un souvenir particulier lui revenait à l’esprit…

A théramore.

L’archimage Fanoraithe discutait avec une humaine sur le port. Habillée de blanc et d’une longue cape violette, elle avait belle allure et à la vue de son bâton on devinait qu’elle était mage également. Valustraa, Livia, Idril et Ujaali les rejoignirent, prêts à embarquer pour le grand Nord.

L’humaine regarda le groupe et s’arrêta un instant sur Idril.

- Il n’est pas apprenti mage ce jeune homme ! Pourquoi l’emmenez-vous ?

Fanoraithe ne sut répondre et interrogea Valustraa du regard, qui tenta de former une phrase.

- Euh… et bien, madame, il est … il est…

- Mon ami et il m’a sauvé la vie ! Trancha Ujaali.

L’humaine sourit, avança d’un pas calmement et lui répondit doucement.

- Vous savez jeune elfe, je m’occupe des humains réfugiés sur tout le continent et je tente de veiller sur eux du mieux que je peux.

- Excusez-là Dame Portvaillant, … Ujaali est un peu …. directe parfois…

- Mais il n’y a pas de mal à dire ce que l’on pense. Et pour une elfe, je trouve qu’elle s’adapte bien aux humains, ils ont tendance à s’isoler de nous.

* Portvaillant, Jaina Portvaillant !* L’elfette avait entendu ses aventures et des temps de guerre, cette grande mage, devant elle. Elle se mordit les lèvres, d’avoir parlé si brutalement. Elle changea de couleur et resta silencieuse un bon moment.

Les discussions se poursuivirent quelques minutes, puis vint le moment de partir, et la belle mage leur fit ses adieux.

- Bon séjour à Dalaran !

Cette rencontre, Ujaali n’était pas prête de l’oublier.

Sur le bateau voguant vers Norfendre,

Deux mains se posèrent sur ses épaules et une tête se reposa au-dessus de la sienne entre ses deux longues oreilles, lui faisant décrocher un sourire et sortir de ses pensées.

- Idril…

- On est bientôt arrivé Ujaa… Dit-il doucement.

- Oui il paraît. Répondit-elle impassible.

- Tu ne m’avais pas promis de venir me chercher lorsqu’on verrait les terres ? Sourit-il.

- Hein ? Quoi ?

Ujaali ouvrit les yeux et scruta l’horizon. Une masse immense au loin, blanche, Norfendre ! Les vagues laissaient petit à petit place à un léger manteau de glace.

Idril se mit à ses côtés pour observer davantage le paysage, s’accoudant à la barrière en bois.

- Mmh, des terres qui te ressemblent mon amie ! Du bleu clair et de la glace … partout ! Haha !

- Moqueur que tu es ! Chut ! Fit-elle subjuguée par le paysage en battant l’air de sa main.

Le trajet entre le Donjon de la Justice, port humain, et Dalaran se fit sans encombre. Laissant le temps de profiter des paysages silencieux, majestueux parfois et magiques de ces terres. Difficile de croire que le mal était à l’œuvre dans ses contrées, tout semblait si paisible.

Ujaali se touchant le bras droit, ressassa l’épisode du tauren, des longues journées de recherche et de l’homme au capuchon. Idril lui avait dit ce qu’il avait vu… un Elfe ! Tout le monde trouvait cela étrange et surtout très mauvais signe…

Si cette secte du marteau ne se cantonnait pas seulement à la Horde… Si elle prenait plus d’importance ?

A Théramore, des messages parlaient d’un certains Cho’gall et de son organisation du Marteau, vénérant des dieux anciens. Et un elfe, connaissant son véritable nom… Tout cela la terrifiait. Elle le connaissait surement, un traître de son village peut-être…

Pour l’instant, elle ne pouvait rien faire, elle devait apprendre.

La cité-état de Dalaran est dirigée par le Kirin Tor et gouvernée plus particulièrement par l’Archimage Rhonin, une secte composée notamment d’Archimages et de Mages qui s’évertuent à recenser toutes les magies, sorts et objets magiques existants.

D’ailleurs dans cette ville, tout semble enchanté ou lié d’une manière ou d’une autre à des forces occultes.

Cela fait environ 4 ans que la ville est à Norfendre, afin de lutter contre le Fléau… Phénomène tout nouveau pour Ujaali qui jusqu’à présent était bien loin de tous ces problèmes.

Lors de sa virée dans le Berceau de l’Hiver il y a déjà quelques années, La petite elfe avait trouvé un objet magique… Une pierre… qui n’est pas étrangère à son pouvoir.

Evidement, les membres de Kirin Tor l’ont su et l’on questionnée à ce sujet, dès son premier jour dans la cité pourpre. Elle se rappelait de la réunion des Cénariens et avait déjà trouvé cela désagréable. Il s’agissait selon elle plus un jugement que de questionnements sincères. Mais ici, c’était encore pire ! Certains mages humains étaient très tatillons, la reprenant même sur son accent, visiblement pas assez « noble » pour être une bonne mage. Elle soupirait.

Fanoraithe et Livia retournèrent à leurs occupations. Tandis que Valustraa se démenait pour trouver et faire accepter une apprentie mage et un jeune voleur sous un toit. Cela aussi, ce n’était pas une mince affaire. Finalement, les mages semblaient assez sectaires, ne restant qu’entre eux et méfiants avec les étrangers.

Après la réunion à leur arrivée, les membres du Kirin Tor ont désigné un mentor pour Ujaali, l’Archimage Fanoraithe. Il en avait fait la demande personnellement et avait dorénavant deux apprenties.

Le cas d’Idril laissait tout le monde perplexe, sa bravoure et services rendus lui ont tout de même permis de rester vivre à Dalaran… S’il fait ses preuves…

Il trouva un maître également l’éclaireur Ralsir, un demi-elfe, ravi d’avoir un humain avec qui discuter et échanger des nouvelles avec le monde extérieur… Car en tant que demi-elfe, son maître s’est souvent retrouvé quelque peu rejeté de la société elfe, comme humaine.

Quelques jours plus tard, tout fut enfin régler. Ujaali commença sa formation auprès de Livia et de son nouveau mentor. Mais c’est avec la boule au ventre qu’elle serra Valustraa contre elle.

- Oh, Ujaali, je vous en prie. Fit la Draenei en regardant autour d’elle si personne ne les avait vues.

La petite elfe, les larmes aux yeux lâcha son étreinte.

- J’ai tout appris avec vous… Pourquoi vous ne continuez pas ? Vous savez tout de moi.

- Ujaali, je ne peux pas rester ici. J’ai des responsabilités à Darnassus, et puis, ils vous enseigneront beaucoup plus de choses en ce lieu, qu’en pleine forêt ! Fanoraithe vous connait déjà et c’est un bon point de départ.

Elles discutèrent ainsi une bonne partie de la nuit, marchant et visitant les rues. Valustraa la conseillant, la rassurant poursuivait d’une certaine manière son enseignement. Elle lui promit de lui écrire, de revenir la voir, pour profiter par la même occasion de visiter la très riche bibliothèque de Dalaran. La mage récupéra toutes les lettres d’Ujaali, destinées à Thélion et Níniel, racontant cette fois, son voyage en bateau et la « beauté » de Norfendre.

En la voyant partir, souriante pour cacher les apparences, Ujaali se sentit seule. Idril pris de tout son bras les épaules de son amie et l’embrassa sur le front.

Elle se rendit compte, que désormais, comme pour lui, il était sa seule et unique famille, ici, au bout du monde.

 

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Bonjour, 

Voici donc la suite pour cette semaine, allant du chapitre XVI à XX (hé oui déjà...)

Tome 4 : à lire ici en entier -> http://myreader.toile-libre.org/uploads/My_562cbebcec171.pdf

 

Evolutions

CHAPITRE XVI

Séance d’’Entrainement

- Lèves ton regard !

Un éclair de givre fila dans les airs et se perdit au loin, tandis qu’une légère boule de feu ricocha contre une vitre magique avant de tomber au sol juste devant Ujaali. Elle était par terre, essoufflée, le nez collé sur le dallage de la cour d’entrainement. Elle regarda s’effacer les dernières braises du sort de Livia.

- Lèves ton regard ! Allez ! Regardes-moi !

Les yeux cristallins de l’elfette se posèrent sur le regard flamboyant et assurée de Livia. Les deux jeunes femmes semblaient contraires : l’une, timide et froide et l’autre, autant audacieuse que chaleureuse.

- Alors Elfe, tu te mets debout … ou … tu veux un coup de main ?

L’humaine tendit son bras avec un sourire narquois, laissant seulement quelques secondes avant qu’une autre boule de feu apparaisse dans le creux de sa main. Ujaali roula alors sur le côté pour l’éviter. Fronçant les sourcils, elle lui envoya en se relevant un autre trait glacé immédiatement contré par le feu de Livia. Les deux magies s’entrechoquèrent au milieu de la cour entre bleu et rouge, entre un bruit de verre brisé et de bois crépitant à la chaleur des flammes.

Les sortilèges terminés, Ujaali courut derrière un pilier et se camoufla, soufflant un peu, tapant légèrement sa tête contre le bloc de grés, face à cette entêtée inépuisable. Elle grimaçait.

- Oh voyons ! Où tu te caches ? Ce n’est pas un jeu ! Ria Livia en prenant son temps entre chaque phrase et scrutant chaque recoin de la cour.

- Viens te battre !

Avec son bâton, l’humaine ferma les yeux quelques instants, marmonnant des propos en langue inconnue, et le planta entre deux petites dalles peu stables. Le sol, sur quelques mètres autour d’elle semblait alors rougir, … chauffer, … fumer…

L’elfette n’eut pas le temps de recroqueviller ses pieds que son chausson prenait déjà feu, révélant sa cachette. Etouffant un petit cri de douleur, elle posa rapidement sa main sur son pied pour le refroidir et leva la tête cherchant le regard de l’humaine.

Livia s’était tournée vers elle, un sourire en coin.

- Hum, tu as encore beaucoup à apprendre ! … Je m’attendais à mieux…

- Mais… Ça ne fait que deux semaines que je suis ici.

- Oui, et bien justement, … je m’attendais à mieux…

L’humaine s’approcha un peu plus de l’elfette, et après un moment...

- En plus, tu n’as même pas de bâton… Comment veux-tu incanter tes sorts correctement ?

Ujaali baissa les yeux et se força à rester maître d’elle-même, impassible.

Le bâton d’apprentie supérieure en bois de cèdre muni d’un cristal blanc de Dalaran à l’extrémité, se retrouva, d’un coup sec, à quelques centimètres du visage d’Ujaali. La lueur rougeâtre lui faisant plisser les yeux.

- Et bien ? C’est comme ça que tu t’es défendu contre les orcs ?

Elle planta un peu plus le cristal sur le haut de la joue droite de l’elfette, perlant alors de sang.

- Idril, est un garçon gentil… et vu ta réactivité, il mourra certainement un jour par ta faute…

Cette fois, s’en fut trop, le ton de sa voix, si suave, si moqueuse…

Ujaali lui attrapa les poignets et les gela instantanément. Rapidement, elle enchaîna… Elle passa son pied entre les jambes de l’humaine, la déséquilibrant vers l’arrière tout en lâchant sa main gauche juste suffisamment vite pour lui décrocher un coup de coude sur sa tempe droite.

Ujaali fit rouler le bâton entre ses mains et le tourna en direction de Livia, désormais à terre, les mains prises dans deux blocs de glace, les yeux écarquillés et méprisants, se remémorait la douleur des coups. Le bâton s’illumina alors instinctivement d’une lumière blanche et froide.

- Maintenant, j’ai un bâton … Humaine ! Mais comme tu as pu le constater, je n’en ai pas eu besoin pour te faire mordre la poussière ! Et ça, c’est Idril qui me l’a apprit ! Jeta Ujaali le regard vengeur.

« Clap, clap, clap »

- Bien ! Parfait ! Vous vous débrouillez bien toutes les deux ! Livia, attention à ta garde la prochaine fois, tu étais trop sûre de toi. Applaudit l’archimage Fainoraithe, présent depuis le début et se levant de son banc.

Ujaali tendit le bâton à Livia pour l’aider à se relever. Cette dernière le repoussa d’un revers de bras. Elle fit jaillir quelques faibles flammes de ses mains pour faire fondre ses liens. Elle grimaça et tenta d’atténuer les fourmis, en plaquant ses mains sous ses bras. Une fois debout, l’humaine se colla à l’oreille de l’elfe, lui caressa les cheveux et lui prit légèrement la nuque.

- Tu me le payeras ! Chuchota-t-elle dans un doux sourire.

Ujaali tint son regard. De colère, Livia semblait avoir des flammes dans ses yeux marron-verts.

- Je t’attends. Sourit l’elfe.

Sur la place principale, comme à leur habitude, Ujaali retrouva Idril, ayant également finit sa journée d’entrainement avec le demi-elfe. Assit sur un petit arbre, les jambes allongées sur un autre, il lisait.

- Idril ?

Le jeune homme leva un doigt, il marmonnait, ne pouvant s’empêcher de lire à mi-voix pour comprendre quelque chose.

- Attends, ta ta ta ta….

- Hum… C’est quoi un roman ?

Toujours plongé dans sa lecture, il releva un peu la couverture pour qu’elle puisse regarder. « Ecole de magie des Arcanes : Nécromancie »

L’elfe haussa un sourcil.

- Pourquoi tu lis ce genre de truc toi ?

- Tu devrais, toi, c’est super intéressant ! Répondit-il toujours les yeux fixés sur le livre. En fait, ce n’est pas vraiment le contenu qui est prenant… mais les annotations dessus.

- Des annotations ?

Ujaali se hissa sur l’arbre, à côté de son ami, qui lui fit un peu plus de place. A ce moment, Livia sortit de la cour d’entrainement et regarda les deux jeunes gens.

- Bonjour Idril !

Le voleur leva légèrement les yeux, l’aperçu et avec un petit signe de la main.

- Hey ! Salut Livia !

- Fais attention à cette petite peste, qu’elle ne te gèle pas ! Ria-t-elle en se faufilant dans une rue étroite de la ville.

- Je me demande qui est la plus peste des deux… Marmonna Ujaali.

Idril jeta un œil rapide à l’elfe avant de les lever au ciel et pouffa de rire.

- Bien, oui regarde, comme je le disais, ces annotations là. Il tendit le livre ouvert sur une page usée, des notes sur la marge, écrites en noir à la plume. C’est comme si le gars avait corrigé le livre.

Ujaali le prit et lu rapidement. Il s’agissait d’un chapitre spécial sur les créations de potions pouvant ramener un mort à la vie ou plutôt soigner un mourant.

« Quelques jours après administration, la personne se verra en meilleur état, les yeux regagneront leur couleur originelle … »

Les notes modifiaient quelques ingrédients de la potion, et sur les côtés de la page y étaient indiqués les symptômes.

« Une personne en bonne santé sera plus longue à traiter, à administrer dans les aliments, incolore et inodore, le poison fera son effet doucement. Chez un humain cela provoquera un arrêt cardiaque assez rapidement… Chez un elfe, son visage pâlira, il perdra l’appétit et sera alité avant de sombrer quelques jours plus tard… Pardonnez-moi… »

Ujaali regarda Idril, presque inquiète.

- C’est cool non ? Je ne savais pas que c’était possible ! La magie c’est vraiment un truc de dingue, et même si je préfère mes dagues, un petit poison pour la route ça peut toujours être utile… ça va Ujaa ?

L’elfette referma le livre, l’air grave.

- Celui qui a écrit ça, semble être fou.

- oui, mais apparemment ça marche, on dirait qu’il a bel et bien expérimenté. Tu ne veux l’apprendre ?

- Tu es dingue toi aussi ! Je n’ai pas le droit d’apprendre ce genre de magie...

A la vue de ces descriptions, Ujaali ne put s’empêcher de penser… à sa mère… morte de manière similaire. Etait-ce donc un empoisonnement ? Par qui ? Et surtout pourquoi ?

- Montres-moi où tu as trouvé ce bouquin !

 

CHAPITRE XVII

Une Elfe à part entière

 

Quelques mois plus tard…

Les entrainements et les longues heures à la bibliothèque s’écoulaient inlassablement à Dalaran.

Dans le petit appartement de l’elfette, au milieu d’une haute tour violette et bleue, Idril aiguisant ses dagues, les pieds sur la table observait Ujaali. En face de lui, planquée derrière des piles de livres plus ennuyeux les uns que les autres, elle avait changée depuis leur première rencontre, il y a déjà 5 ans…

 Le temps semble passer si lentement sur sa peau contrairement à lui, qu’il n’avait même pas fait attention que l’adolescente devenait adulte. Les joues plus creusée, à peine plus grande que lui si on compte la longueur des oreilles, et son visage, marqué par les épreuves devenait de moins en moins enfantin.

Eclairée à la bougie et ses longs cheveux bleus clairs défaits sur l’épaule droite, Ujaali leva les yeux du livre et croisa ceux d’Idril.

- Quoi ?

- Hum… Je ne te l’ai jamais dit… Mais, tu es jolie tu sais. De plus en plus. Dit-il au bout d’un moment dans un sourire nerveux.

En réponse, l’elfe pouffa et poursuivit sa lecture jusqu’à tard dans la nuit.

Ils n’avaient rien trouvé de plus sur l’auteur des annotations dans le livre de Nécromancie. L’elfe l’avait lu dans tous les sens. Les symptômes lui parlaient... Mais tout demeurait flou.

Au début d’un après-midi, un groupe d’elfes de la nuit arriva dans la cité du Kirin Tor. Ujaali les attendait avec impatience et anxiété depuis plusieurs semaines. L’elfette avait profité de la venue d’une sentinelle de Darnassus, pour discuter et faire parvenir des lettres à ses proches. En réponse, Ujaali reçu une lettre de Níniel, qui lui promit de venir pour son anniversaire à Dalaran accompagnée de Thélion… Mais une phrase l’inquiétait :

« Il y aura aussi deux prêtresses avec nous… Désormais, il est temps. »

Il est temps… Temps de quoi ? Pourquoi ? Elle allait vite le savoir, un nœud au ventre.

Idril et Ujaali attendaient le convoi sur l’Aire de Krasus. Níniel et Ujaali n’ont pu s’empêcher de verser une larme en s’étreignant, pendant que Thélion et Idril se serraient la main vigoureusement avec le sourire.

- Comme vous avez changé tous les deux, en si peu de temps ! S’exclama Níniel en remettant en place une mèche de cheveux derrière l’oreille. Idril, tu es un homme désormais !

- Et oui, 18 ans le mois dernier.

- Et maintenant, c’est à ton tour Ujaa. Fit la chasseresse en mettant sa main sur l’épaule de la jeune elfe.

- … Comment ça ?

Ujaali regarda furtivement les deux prêtresses, sages et immobiles, derrière Thélion.

- Il est l’heure de ton rite d’initiation, pour devenir une femme-elfe complète.

- Que ? … Mais comment savoir que… c’est le bon moment ?

- Tu l’apprendras toi aussi en temps voulu. L’elfe que tu as vu il y a quelques temps, a ressenti ces choses chez toi… C’est ton anniversaire demain, et également, Níniel jeta un œil rapide aux prêtresses, les étoiles sont en bonne position.

Le lendemain, au niveau du bois lugubre, dans la forêt du chant de cristal, une prêtresse, la plus vieille des deux, méditait assise en tailleur sur un tambour de colonne tandis que la deuxième, au teint très pâle, ouvrait son sac et en sortait divers objets : un crayon fin, une lame longue et légère et un pot à onguent. Ensuite, elle parcouru une petite zone en plaçant à intervalle régulier des runes, qui, pour chacune, était prononcé quelques mots en Darnassien.

L’aube ne s’était pas encore levée, et les gouttes glacées de la rosée tombaient sur le sol faisant un bruit de cristal se brisant, tel le tic-tac d’une horloge.

Níniel et Ujaali marchaient jusqu’à la zone indiquée par les elfes. La chasseresse était munie d’un voile blanc fin, recouvrant ses cheveux et Ujaali portait une robe blanche en lin simple. Sans armes, sans chaussures et sans personne non plus. Lors de ce type de rite, seules les femmes sont acceptées.

- Nini ? … que va-t-il se passer en fait ? Chuchota Ujaali

- Depuis la mort de Nordrassil, nous ne savons pas réellement ce que nous allons devenir… Mais, notre vie reste longue malgré tout. Le passage à l’âge adulte est très important dans notre civilisation. Ce passage est sensé nous indiquer la bonne route à suivre.

- Route ?

- Oui, notre avenir en quelques sortes, notre combat, notre .. vocation.

- Elles vont faire des prédictions, alors… et c’est tout ?

Níniel arrêta un instant la marche et se tourna vers sa fille adoptive.

- Regardes mon visage Ujaa.

L’elfette s’exécuta, même si elle le connaissait déjà. La belle elfe arborait un tatouage le long de chaque œil, représentant une ombre.

- Ce tatouage représentait, avant que cela n’arrive, mon futur de gardienne, … de protectrice. Des prêtresses me l’ont offert lors de mon initiation, il y a plus de 200 ans.

- Et si tu avais envie d’autre chose ? C’est une manipulation de l’esprit !

Níniel pouffa de rire et reprit la marche.

- Mais non, tu verras.

- Et si je ne veux pas de tatouage ? Ou si elles n’en trouvent pas qui me conviennent ?

- Alors… c’est que tu n’es pas prête.

C’est la boule au ventre qu’Ujaali se plaça au milieu du cercle. Suivant les indications de la prêtresse, elle se mit à genoux, à moitié dans la neige, à moitié sur une pierre, lui tapant sur la rotule. Níniel n’était pas loin, juste un peu à l’écart, mais suffisamment proche pour pouvoir tout observer.

Après une prière, l’elfe pâle lui appliqua de l’onguent sur les mains, sur le front et sur les joues tout en prononçant des paroles elfiques. Elle piqua la paume de la main de l’elfette de sa lame pour y récolter dans une fiole en verre quelques gouttes de sang, qu’elle mena rapidement à l’ancienne elfe. Celle-ci finit sa méditation quelques minutes plus tard, se leva, s’approcha lentement et pris le visage de l’initiée dans ses mains.

Ujaali eut un sursaut lorsqu’elle vit ses yeux, entièrement blanc, semblant vides… La peur montait un peu plus, et le sol au niveau de ses genoux commençait à geler… Mais elle se maintenait le plus possible et réussi à s’apaiser en regardant Níniel.

L’elfe pâle tendit le crayon à sa supérieure. Cette dernière le prit, et, toujours les yeux blancs, dessina quelques traits sur le visage de la jeune elfe.

- Deux lames, maître ? S’interrogea l’elfe pâle.

Une fois le dessin terminé, la grande prêtresse se redressa et recouvrit ses yeux d’origine.

- Oui, les dieux l’ont dit. Répondit-elle calme.

- Mais, c’est une mage, pas une sentinelle !? Osa Níniel qui regardait de plus près le visage d’Ujaali.

- Les dieux disent, les dieux savent… Cette jeune elfe aura deux lames sur son visage toute sa vie durant, mage étant. … Car, sa vie, qu’elle le veuille ou non sera toujours liée à de fines lames, à un voleur, … en bien ou en mal.

Après avoir fixé la jeune mage quelques instants, elle reprit, ignorant la détresse dans son regard.

- Poursuivons, le soleil se lève !

Níniel recula. La prêtresse pâle s’empara de son couteau et commença alors à suivre les traits dessinés sur la peau blanche d’Ujaali, dégoulinante alors de fins filets de sang. La deuxième suivit de ses mains les taillades, libérant de l’énergie bleutée et cicatrisant chaque trait.

Ujaali se força à supporter la douleur tenaillante. Elle avait l’impression que son visage s’ouvrait de toutes parts, et se refermait, plus dur qu’avant. Le couteau s’approchant de son œil droit, elle leva doucement la tête vers la cime des arbres. Idril était là, perché sur une branche, il regardait la scène.

Le voyant elle comprit alors… et ferma les yeux.

 

CHAPITRE XVIII

Présents et Pressentiments

 

C’est muni d’un léger voile blanc transparent sur la tête, qu’Ujaali rentra à Dalaran, suivie par les prêtresses et Níniel. Dans une salle, décorée pour l’occasion, les elfes de la nuit habitant ou de passage dans la cité Pourpre étaient là. Tout était une bonne raison pour se retrouver entre eux, parlant Darnassien et échangeant Savoirs et Cultures sur les peuples vivants dans ces contrées éloignées et gelées.

Ujaali entra dans la salle. Thélion, sur le pas de la porte l’accueillait, et par tradition, retira le voile de sa fille et fut le « premier homme » à observer son tatouage. Il posa son épaisse main sur sa tête en signe de bénédiction, mais en apercevant le tatouage, il grimaça.

Le pourtour des traits était encore rouge de sang, le tatouage magique deviendrait avec les jours, d’un bleu clair parfait. « Deux Lames »… étrange tatouage pour une mage.

Ujaali leva les yeux et sourit à Thélion. En arrière plan quelques secondes plus tard, elle aperçu tous les elfes présents, Dylnn, mais aussi son maître Fainoraithe et Livia l’air râleuse… Et plus loin, Idril en haut d’un escalier. Essoufflé par sa course de la forêt du chant de cristal jusqu’à Dalaran, il faisait mine de rien, fixant Ujaali et retirant son manteau de cuir.

Les festivités durèrent jusqu’à tard dans la nuit.

Assise en tailleur devant la cheminée crépitante, Ujaali tenait un œuf dans ses mains, l’intérieur bougeait. Elle sentait les coups de tête ou d’ailes sur les différentes parties de la coquille. Offert par Dylnn et d’autres membres du Cercle Cénarien, ce futur hippogriffe deviendra, après des années de dressage, un allié de taille.

- Il te demandera beaucoup d’attention, mais te sera toujours fidèle. Lui avait conseillé Dylnn.

Elle releva l’œuf de la taille d’un ballon de rugby, vers le haut, et en transparence avec les flammes de la cheminée, elle pouvait y voir la silhouette d’un oisillon.

A côté d’elle, une lettre ouverte de Valustraa. N’ayant pu venir pour l’occasion, son ancien mentor lui envoya sa bénédiction par courrier.

Ses yeux se reposèrent alors vers un autre cadeau… Un elfe, de passage en Norfendre, avait fait le détour à Dalaran exprès pour lui offrir. Il disait, qu’un elfe originaire d’Hyjal d’après son accent, l’avait payé pour qu’il lui amène à cette date précise. Malheureusement, il n’en savait pas plus.

Ujaali pensa alors à son père… mais rien n’est sûr. Sans aucune nouvelles de lui, pourquoi et comment aurait-il pu la retrouver jusqu’ici, sans faire signe ? Pourquoi ne serait-il pas venu en personne ?

Décidée, elle reposa l’œuf doucement entre ses jambes, et prit le paquet mystérieux. Idril entra à ce moment là dans la chambre et s’asseyait à côté de son amie. Elle semblait inquiète, tellement concentrée qu’elle ne l’avait même pas entendu.

Le paquet déballé révéla un petit coffret en bois d’olivier plurimillénaire. Des runes elfiques enchantées recouvraient le couvercle.

Ujaali tourna un instant la tête et vit Idril, sa cicatrice brillante face aux aléas de la lumière du feu.

- Qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-il.

- Je le reconnais…. C’était à ma mère…

Le jeune humain prit le coffret et le tourna dans tous les sens.

- Hum… tu as la clé ?

- Non… seule ma mère s’en servait… je n’ai jamais su ce qu’il y avait dedans, ni même s’il y avait une clé.

- Apparemment, la personne qui te l’a offert, veut que tu le sache.

- Oui, apparemment…

- Comment l’ouvrir alors ? Tu veux que j’essai ma méthode ? Sourit-il.

- Non… euh… je… je ne suis pas sûre de vouloir l’ouvrir Idril.

- Très bien… Tu sais, ça te reviendra peut être. Tu penses que c’est ton père qui te l’envoie ?

- Mon cœur me dit que oui… car je sais qu’il est en vie, quelque part…

- Mais ?

- Mais… Je ne comprends pas pourquoi il agit ainsi.

- Il est peut être … très occupé… ou une lame sous le cou.

Ujaali ouvrit les yeux plus grands encore, fixant le feu…

- Alors, dans ce cas, s’il est prisonnier, c’est sans doute un indice pour le retrouver… Mais comment a-t-il su que j’étais à Dalaran ? Comment a-t-il pu payer quelqu’un ? Co…

- Calme-toi… Calme-toi Ujaa. Fit-il en lui prenant les mains. On le saura tôt ou tard. Restons méfiants et quand tu te sentiras prête, on fera tout pour ouvrir ce satané coffret. D’accord ?

- Oui… tu as raison. Soupira-t-elle.

- D’ailleurs, j’apporte des nouvelles de l’extérieur.

- Les quelles ?

- Le Fort de l’Alliance dans la Toundra Boréenne, recrute… pour monter et combattre sur les territoires de la Citadelle de la Couronne de Glace.

- Les morts-vivants… et ?

- Mon maître ira… je pense l’accompagner.

- Quoi ? Tu es dingue !

- C’est une chance pour moi de m’améliorer, et de me battre contre de vrais ennemis ! J’en ai assez d’être en formation. Je veux de l’action ! En plus, il est fort probable que les mages du Kirin Tor, fassent une troupe pour le front également. Tu pourrais même venir avec moi.

- Ce n’est pas une partie de plaisir, Idril. Même les Orcs à côté c’était « facile » !

- J’voulais juste te tenir au courant. Ma décision est prise : j’irai !

Ils se défièrent du regard entre tristesse, colère et inquiétude.

- Je vais voir de mon côté aussi Idril… Mais … fais attention à toi.

Il répondit par un sourire, lâcha une de ses mains pour l’amener sur l’oreille d’Ujaali. Lui tenant le visage, il avança doucement, les yeux dans les yeux. L’elfette ferma alors les yeux et senti l’autre main de l’humain remontant le long de son bras. Le cœur battant, elle sentait son souffle s’approcher d’elle, mais dressa soudain l’oreille… de légers craquements.

Ils regardèrent alors l’œuf, bougeant de plus en plus et se fissurant de part et d’autre. Au bout de quelques minutes, un petit hippogriffe sortit sa tête de son enveloppe et délivra de petits piaillements aigus, avant de sortir complètement et de se réchauffer auprès du feu.

 

CHAPITRE XIX

Enquête en Norfendre

 

- Partie 1 –

 

Ils étaient trois.

Trois soldats aux ordres du fléau. Suite à des promesses de richesses, ils s’étaient enfoncés dans les terres gelées de Norfendre, aux frontières entre ce que l’on appelle aujourd’hui La Désolation des Dragons et les grisonnes. 

C’est haletant par une froide nuit de pleine lune que le premier tentait d’allumer sa torche avec des moyens dérisoires. Leur camp de fortune leur servirait seulement quelques heures, juste le temps d’introduire des grains contaminés dans les greniers du hameau endormi 300 m plus loin.

- Allez mais bouges ! lança l’homme à la cicatrice.

De sursaut à ces mots, le bougre maigrelet laissa tomber l’allumette au sol, qui s’éteignit aussitôt.

- Mm… Je… Je …

- Roh ! Mais files moi ça allez !

- Excuses-moi …

- La ferme ! Tu vas tout planter !

L’homme à la cicatrice récupéra la boîte d’allumettes, en craqua une et la torche s’embrasa. Le maigrelet leva alors à hauteur de poitrine un sac en toile de jute rempli de grains noirs. Ils jetèrent un œil à leur troisième compagnon, appuyé contre un arbre. Il montait la garde silencieusement.

Les deux hommes mirent de l’huile sur les grains et tendirent la torche pour les enflammer, seul moyen de libérer le poison pour qu’il se diffuse au mieux à l’ensemble du grenier. Il fallait faire vite.

Un coup de vent fit éteindre le flambeau.

- Putainnn !!

- Jork ? fit le maigrelet au troisième soldat.

- Pff, mais laisses-le abruti, aide-moi à rallumer cette saleté plutôt.

Les deux hommes recommencèrent l’opération, en prenant soin de cacher la flamme d’un éventuel courant d’air. Mais … même résultat.

L’homme à la cicatrice jeta d’énervement le sac de grain et posa sa carcasse sur un billot de bois et observa son compagnon. Le maigrelet se retourna à nouveau vers Jork, qui n’avait pas répondu, toujours penché contre un arbre.

- Il doit dormir ce feignant.

- Jork ? Rien à signaler ? …. Il fait si froid…

Le jeune soldat prit l’épaule de son complice. Se dernier se retourna sans effort… mort. Le maigrelet fit un bond en arrière et retient un cri.

- Quoi ?!

- Jork ! Il est mort !

L’homme à la cicatrice se leva et vit lui aussi… La poitrine de Jork recouverte de glace.

- Cette endroit est malsain !! Partons ! Retournons aux Royaume de l’Est ! Seul le gel est maître ici…

- Silence petit monstre ! Malsain ou pas, je doute que cette mort soit naturelle…

Il alluma à nouveau une torche et observa les buissons, tandis que le maigrelet resta tremblant et figé à regarder inlassablement le cadavre gelé.

Entre deux arbres, il brandit la lampe devant lui… et il cru voir double. Un visage semblable mais plus jeune, une cicatrice parcourant toute sa face… et un sourire…

A peine eut-il le temps de soupirer de surprise qu’Idril lui planta une dague dans les entrailles en lui bloquant la bouche pour éviter des cris inutiles. D’une autre, il lança vers le maigrelet qui se vit ficher à un arbre par le col.

- Je … Je …

- Chut ne t’inquiète pas. Lui fit Idril en s’approchant de son prisonnier. Je ne te ferais rien si tu me dis où est ta base.

- Je … blbl… blbll …* claquant des dents *

- Hum… Ujaa… sors de ta cachette s’il te plaît, tu fais frissonner notre hôte. Fit Idril un sourire en coin.

La mage sortit d’un bosquet non loin de là et s’approcha des deux hommes. Seulement vêtue d’une tunique longue bleu clair, les cheveux défais et ses marques au visage brillantes, Ujaali était tel un cristal, semblant fragile et solide à la fois… A la fois froide et attirante…

Cachés par des rochers, Ujaali et Idril observaient le camp.

- Des mercenaires… Au service du Roi Liche… pff… Ils n’ont aucune patrie…

- Si, eux-mêmes… Leur groupe est leur famille… Comme nous deux en quelques sortes. Coupa Idril.

- Mais se rendent-ils compte de la gravité de leurs actes ?

- Peu leur importe, les mercenaires suivent leurs propres lois… pour beaucoup, l’argent. Et les acolytes du Roi Liche en ont… le pouvoir de la peur avec…

- Bien, si nous en sommes aussi… suivons nos lois alors. Lança Ujaali en sortant à découvert.

Les hommes du camp se retournèrent vers elle et n’hésitèrent pas longtemps avant de lui foncer dessus. Idril attendit que l’un d’eux soit suffisamment proche pour pouvoir lui sauter à la gorge.

En quelques secondes, le campement retentit de cris étouffés, de bris de glace, de chocs de métal et d’autres bruits sourds.

L’un protégeant l’autre, chacun avec ses facultés, Idril et Ujaali formaient une belle équipe. Si bien que dès la fin de leur première mission officielle en Norfendre que le Kirin Tor et les officiers supérieurs de l’Alliance décidèrent de les laisser ensemble. Avec le temps, ils auront suffisamment d’expérience et prouvé qu’ils peuvent mener un petit groupe de personnes plus conséquent.

Pour l’heure, efficaces et discrets, leurs missions étaient simples. Tantôt éclaireurs aux frontières de la Toundra boréenne, tantôt messagers ou encore « nettoyeurs » d’avant-poste, les deux complices apprenaient beaucoup sur le terrain.

Le groupe de départ était tombé sur des grains empoisonnés, arrivé dans un village déserté. Depuis, Idril et Ujaali furent détachés de l’escouade pour mener l’enquête qui les avait conduits là, aux frontières Nord des Grisonnes.

Aucun des mercenaires n’avaient lâché un mot. Ce dont Idril et Ujaali étaient sûrs c’est que la tête maitresse de ces pirates n’était pas encore tombée. Pour avancer, ils ne leur restaient plus qu’à fouiller les lieux.

- J’ai trouvé un message Ujaa !

- Montres.

- Il est codé, comme les autres. Tel un conte pour enfant…

- Hum… tout ce que je comprends c’est qu’on doit se rendre à la Couronne de Glace. Déduit Ujaali après une lecture rapide.

- Hein ? Comment tu … ?

- Et bien … « … Auprès de la Reine… »… Non ? La couronne quoi …

- Hum, oui ça semble logique… et puis jusqu’à présent, cette méthode a fonctionné… donc…

- Allons-y.

Pendant de longues journées, ils se dirigèrent vers la Couronne de Glace. Ujaali cachait leurs traces en faisant tomber de la neige sur leurs minuscules camps ainsi que sur les traces de pas. Ils n’empruntaient aucune route officielle, mais y restaient toutefois à proximité, suivant une parallèle, à travers pics rocheux, forêts et ruines trolls en évitant les quelques villages existants.

A plusieurs reprises, ils interceptèrent des hommes allant dans la direction opposée. Une elfe de la nuit n’étant pas commune dans ces contrées, Ujaali se cachait, tandis qu’Idril faisait un interrogatoire innocent, en faisant semblant d’être un soldat cherchant son chemin…

A chaque fois, il s’agissait de messagers, menant des notices codées aux Mercenaires tués quelques jours plus tôt. De bons indices, ils étaient bien sur la bonne route. Certains coureurs étaient plus costauds que d’autres, ainsi, la jeune mage n’intervenait que lorsque c’était nécessaire… Comme cette fois là :

- Excusez-moi monsieur le cavalier ! lança maladroitement Idril au messager.

- T’es qui toi ? Qu’est-ce que tu veux ?

- Et bien… Je me suis perdu dans ces collines.

- Hum, ah oui ?

Le coureur ne semblait pas y croire une seconde. Voyant que c’était perdu, Idril fit une dernière remarque avant de lancer l’attaque.

- Oui, comme tes p’tis copains de mercenaires !

Ujaali depuis le sommet de son arbre, se tapa la tête avec la main, elle essayait de l’avertir depuis 5 minutes par des sifflements, que le messager avait deux compagnons cachés quelques mètres plus loin. Ils avaient dus être repérés plus tôt.

Le bougre d’Idril s’était lancé tête baissée. Assommé par le deuxième homme qu’il n’avait pas vu, Idril tomba au sol. Toujours depuis son arbre, Ujaali projeta de violents éclairs de glace emprisonnant les trois mercenaires. C’est en descendant de sa cachette que le troisième l’attaqua. Roulants sur le sol et le chemin à moitié recouvert de neige, l’homme et l’elfette se battait au corps à corps. L’homme lui bloquant les poignets pour éviter qu’elle ne le gèle.

Idril arriva par derrière et tua sur le coup l’agresseur, d’une dague dans la nuque. Il la repris et se retourna instantanément la lançant avec force dans la tempe du deuxième compagnon, qui avait pu se dégager de la glace et qui commençait en s’enfuir dans les bosquets de la forêt du Chant de Cristal.

Après cet épisode de théâtre, ils furent beaucoup plus prudents. En questionnant le messager ils ont appris que l’Ennemi se doutait bien soit d’une infiltration, soit d’une exécution de son escouade privée. C’était pour cela que cet homme était escorté.

Petit à petit, ils arrivèrent à destination. Devenant de plus en plus prudents à chaque mouvement… Ils étaient désormais en territoire ennemi ! De nombreuses troupes voguaient ici et là. Et très peu d’endroits où se cacher.

Ils trouvèrent enfin le campement… le gros campement. Pas moins de 300 têtes devaient protéger cet avant-poste, qui plus est, bien barricadé.

- Forcément, le chef des mercenaires ne pouvait être rien d’autre qu’un haut lieutenant de l’armée du Roi …. Râla Ujaali.

- Oui, c’est bien plus grave que ce qui avait été prévu… soupira Idril.

- Prévu ? Nos chefs n’en savent pas beaucoup plus que nous…

- Tout ce que je sais, là maintenant, c’est qu’à deux on n’y arrivera pas, même en pleine nuit… chuchota-t-il en lui prenant la main.

- Tu as raison.. Rebroussons chemin.

Ils fuirent discrètement les lieux. Et c’est en prenant la route les menant vers le Bassin de Sholazar, qu’ils rencontrèrent une troupe alliée, à quelques kilomètres de là. Idril fit son rapport au responsable qui les accueilli au camp. De là, ils allaient pouvoir trouver une solution.

En rentrant, Ujaali s’aperçu d’une tête connue dans les rangs : Livia.

 

- Partie 2-

 

Au beau milieu d’une nuit sans lune, dans le camp du chef mercenaire.

Au loin, provenant de la base, des bourdonnements… et des sons plus claquants, de métal… On peut aussi ressentir des grondements sourds à intervalle régulier, dont les ondes de choc font trembler légèrement le sol.

Plus près de la base sur le flanc ouest, sur un petit promontoire de neige, Idril attendait avec son bataillon de 40 soldats de l’Alliance. De là, Ils entendaient plus précisément ce qui arrivait à Ujaali et sa troupe de 50 personnes partis à l’assaut voilà déjà presque 20 minutes.

Les bourdonnements étaient un enchevêtrement de cris de douleur, de courage, d’ordres incompréhensibles et de peur, mais aussi de coups de boucliers et d’effondrements de murs et de poteaux en bois. Les bruits de métal, des armes : épées, dagues et lances… Synonyme de corps à corps. Toutes les dix secondes, une bombe explosait aléatoirement dans le camp. Les plus proches faisaient grincer les dents de quelques soldats d’Idril, ou encore de sursaut, ils entrechoquaient leurs lances tenues en main.

Idril restait concentré, l’air grave… Il n’avait aucun moyen de savoir comment la première vague de la bataille se déroulait. Son seul espoir de revoir Ujaali vivante, était de continuer à apercevoir de loin, entre les planches du rempart en bois, de petits jets de lumière clairs.

Disant de temps à autre quelques mots d’encouragement à son groupe, il scrutait…, il devait attendre le signal.

Rampant sur le sol, le nez contre le sol gelé, il ne pouvait respirer sans renifler la terre, cette odeur si particulièrement âpre de champignons. De la boue plein les ongles et les mains pleines de sang, le soldat du chaos tournait de l’œil, ne voyant seulement que la poignée de cheveux bleus qu’il avait pu arracher à cette mage elfe avant qu’une bombe n’explose entre eux deux.

Il luttait, contre lui-même désormais. Ah cette fichue bombe, il l’aurait tuée, la tête maîtresse de ce régiment ! Il tenta de se relever, crachant l’argile coincée entre ses dents, lorsqu’il sentit une lame froide s’enfoncer et se retirer dans sa nuque aussi rapidement qu’une attaque de faucon. Il s’affaissa, retomba au sol et lâcha l’étreinte de sa main sur la touffe de cheveux.

Il ne se vengerait pas.

Ujaali n’eut pas le temps d’essuyer sa dague qu’elle la replanta dans le ventre d’un autre soldat arrivant en courant derrière elle. En se retournant, sa main se plaqua contre le visage d’un troisième, le brûla sur le coup. Alors qu’il s’agenouillait en hurlant de douleur, il planta son couteau dans la jambe de la mage lui arrachant un cri. D’un revers sec, elle lui trancha le visage et la gorge de bas en haut.

L’effet de surprise avait été une chance pour l’attaque du camp.

La jeune elfe tenta rapidement d’observer les membres de son groupe, la moitié était perdue, l’autre partie restait, selon ses ordres, par deux. Sa tête tournait vite dans chaque recoin de la base ennemie.

Rentrant dans un bâtiment elle l’aperçu, une soixantaine de mètres plus loin, le chef des mercenaires ! Elle se lança vers lui, mais soudain un bruit sourd sur sa tête… dans sa tête. Sa vision devint floue et en tombant dans un dernier effort, elle jeta deux éclairs de givre puissants : un contre son assaillant l’éjectant sur une pille de décombres et un autre bien haut dans les airs, illuminant alors le ciel.

Le signal.

Sur le flanc Est, les murs cédèrent en quelques secondes. Le bois craqua sous la pression et le souffle du feu. Le passage formé, les 40 soldats de l’Alliance se faufilèrent au pas de course dans le camp, évitant les cadavres et les débris jonchant le sol. En retrait, Livia les guidait. Elle cherchait Ujaali des yeux et calculait la situation.

- Quel foutoir ! …. UJAAA ??!

Deux membres du chaos se jetèrent sur elle, mais elle les repoussa d’un souffle de flammes. Elle planta d’un seul coup son bâton dans le sol et le fit trembler de toute sa force magique. Ses soldats au courant à l’avance et après plusieurs tests, tenaient debout, tandis que les combattants adverses étaient chamboulés, certains tombaient avec des bâtiments branlants.

L’ennemi perdait son organisation face à cette vague d’attaque qu’il n’avait pas prévu.

Au bout d’un moment et après de multiples combats individuels, elle l’a vit. Voyant Ujaali à terre, Livia se dirigea vers elle, lançant alors une boule de feu dans les airs, donnant au ciel une teinte orange pendant quelques secondes. Il était temps de leur mettre le coup final.

Le deuxième signal.

Environ 1h30 après le début des hostilités, le voilà enfin ce signal. Plus qu’inquiet de ne pas avoir vu d’éclair blanc depuis le premier avertissement, Idril s’attendait au pire.

- Allons-y les gars ! Pas de quartier et pas de prisonnier ! dit-il entre deux grondements de bombe.

Un « oui » général fut lancé et la patrouille d’Idril courut jusqu’aux remparts du flanc ouest, que les archers du groupe escaladèrent en premier, pour ouvrir la voie et couvrir les hommes en épée.

A vue d’œil, sur les 300 adversaires, il ne devait en restait qu’une petite soixantaine. Mais des troupes d’Ujaali et Livia il n’en restait guère plus.

Cette troisième vague les acheva. Les archers d’Idril, bien placés, faisaient filer leurs flèches avec précision et rapidité.

- IDRIIIL!!

Ce dernier se retourna et aperçu Livia aidant Ujaali, la jambe en sang, à se remettre debout. Il courut.

- J’ai vu le chef. Tiens-la ! J’y vais.

- Livia, attends, non !

Livia se mit à courir en direction du bâtiment…

*10*

- Idril .. ? fit Ujaali d’une voie faible avec une main sur la tête.

Il lui répondit d’un regard.

*09*

- On a piégé le bâtiment lors de notre entrée.

*08*

- Quoi ?!

*07*

- Il est sur le toit regardes !

*06*

Serrant Ujaali contre lui, Idril regarda la caserne.

*05*

- LIVIIIIAAAAAAA …. !!!

*04*

D’un coup de coude dans la mâchoire, il assomma net un homme du chaos, venu par derrière. Ujaali lui échappa pour se remettre bien debout et observer le chef des mercenaires.

*03*

- Il s’enfuit derrière le bâtiment !

- LIVIIIIA !! SORS !! Répéta le jeune homme.

*02*

Ujaali sprinta comme elle pu, en boitant, vers le chef mercenaire.

*01*

- MAIIIIS !!! ATTENDS !! Cria-t-il en se lançant à sa poursuite.

*00*

Tel un tremblement de terre, la caserne explosa, projetant des débris de toutes parts. Idril, s’était jeté sur Ujaali, à terre, ses bras entouraient sa tête pour la protéger.

Quelques instants plus tard, ils se relevèrent. Ujaali courut vers le dernier lieu où elle avait vu le chef, tandis qu’Idril fit quelques signes et donna quelques ordres à ses soldats, surpris de ce qui venait de se passer, avant de rejoindre l’elfette.

D’un jet clair, Ujaali lui figea les pieds au sol. Le chef, un homme au visage ingrat, tenait fermement son épée. La mage lui lança une boule de glace pour l’envelopper, mais de sa main, l’homme repoussa l’attaque.

Surprise, Ujaali ne le vit pas venir. D’une onde noire, il projeta Idril au loin.

- Qu’est-ce que vous êtes ? Un démon ?

L’homme lui ria au nez.

- La fin du monde est proche ! Gloire aux Dieux très anciens ! Gloire à leurs serviteurs ! Gloire au Marteau du crépuscule !

- Qu… Quoi ? J’ai déjà entendu ça… Vous ne faites pas partis des hommes du Roi Lich, n’est-ce pas !?

- Nous servons, nous nous en servons, comme il se sert de nous, comme on se sert de… vous…

Les décombres encore fumants de la caserne se mirent à bouger, et Livia en sortie brusquement en lançant un jet continu de flammes sur le chef.

- Qu’est-ce que tu attends Ujaa ? Aides-moi ! fit Livia le visage ensanglanté et les yeux pleins de rage.

La jeune elfe s’exécuta, d’un éclair de givre continu.

Les deux éléments réunis bloquaient l’homme sombre et étouffaient ses cris entre bruit de vent et de bris de glace.

Elles arrêtèrent en même temps leur sort, pour donner un coup fatal qu’elles envoyèrent en même temps. Le corps de l’homme fut introuvable, brûlé par le feu, brûlé par le gel.

Idril et les soldats enjambèrent les ruines du bâtiment pour s’approcher des filles… ils n’avaient vu que des lumières rouges et bleus…

L’Alliance avait gagné cette bataille, mais à quels prix ? Comme toutes guerres en somme, il faut s’attendre à y laisser des plumes, en l’occurrence, des vies…

De retour à la base alliée, toute l’équipe s’attelait à soigner les blessés. Sur son petit lit de camp, Ujaali remercia le médecin qui terminait son bandage à la jambe.

- Ca va Ujaa ? Demanda Idril qui s’était faufilé dans la tente.

- J’ai mal géré… j’aurai dû vous appeler plus tôt…

- Mais non, ne t’inquiètes pas, au beau milieu d’une bataille, on ne peut pas réfléchir très clairement, on est… dans le feu de l’action.

Il s’assit à côté d’elle et la prit par les épaules.

- Mais il y a pire…

- Dis-moi.

- C’était un serviteur du Marteau…

- … Tu en es sûre ?

- Oui, il l’a récité le même discours que l’Orc à Havrenuit…

Après un long silence de réflexion, Idril la rassura. De fatigue, elle finit par s’endormir dans ses bras.

Plus loin, un soigneur s’éclipsait avec une bassine souillée de sang, derrière lui sur un autre lit de camp, Livia fixait les deux jeunes gens.

 

 

CHAPITRE XX

Sentiments Désavoués

 

 

Fin de l’An 26.

Dalaran, plusieurs mois et missions plus tard [Feront éventuellement l’objet d’épisodes annexes, plus ou moins semblables aux deux chapitres précédents, donc plus dans l’action et se passant en Norfendre, donc si ça vous intéresse, dites-le moi].

Les réprouvés se sont réveillés et se sont fait connaître de tous lors de la bataille aux portes de la Citadelle. Les armées d’Arthas, des Hordeux et Allianceux y étaient présents, mais tous ont péri dans la peste et les explosions que les morts-vivants ont provoqué. Une lourde défaite.

Les membres de l’Alliance essaient de s’en remettre tant bien que mal, continuant de lutter contre le froid, les empoisonnements et ce nouvel ennemi.

En mission non loin de là, Idril, Ujaali et leur groupe de soldats avaient pu entendre les grondements du combat. Une troupe de mort-vivants les avaient attaqués sur la route. Ils ont pu les contenir et fuir à Dalaran et enfin comprendre l’ensemble des évènements.

La guerre se poursuivit malgré tout. Tout était prétexte au combat, que ce soit contre la Horde, les Réprouvés ou d’autres clans multiples régionaux.

Lors d’une pause de quelques semaines à la Capitale pourpre de Norfendre.

Certains diront qu’ils le savaient… d’autres que c’était inévitable…D’autres peut être n’en n’avaient pas douté.

L’amitié entre Idril et Ujaali, leur lien presque fraternel du début avait bien changé… L’âge adulte d’Idril, ses changements et sa passion pour le combat ont eu raison de lui, de ses sentiments pour sa sœur de cœur.

Il le savait depuis toujours, il luttait, mais il l’aimait… plus qu’un frère.

Comment une elfe, bien plus vieille que lui, physiquement parlant, pourrait-elle le voir avec plus d’affinités ? Et puis, quelles affinités ont les elfes ? Tombent-ils amoureux ? Ont-ils du désir pour un autre être, eux, si … « éternels » ? En somme, comment fonctionnent-ils ?

Sur le pas de la porte, Idril tremblait encore après lui avoir avoué ce qu’il ressentait, pire que pendant un combat contre un mort-vivant ! Pendant plusieurs longues minutes, Ujaali ne répondit pas, observant, calculant chaque mouvement d’Idril. C’était comme si … elle le savait déjà. Elle esquissa un sourire, lui caressa le visage en l’embrassant sur la joue puis ferma la porte de sa chambre en lançant un simple et timide :

- Bonne nuit.

Les jours suivant se firent plus légers. Malgré l’âge adulte, ils ressemblaient à deux ados jouant, se cherchant mutuellement… se découvrant.

Lorsqu’Idril l’embrassa pour la première fois en la prenant dans ses bras, il eu le bas du visage et les lèvres congelés pendant plus d’une heure… Le stress de mal faire, l’émotion, les sentiments… rendaient les pouvoirs d’Ujaali plutôt … incontrôlables.

* Qu’est-ce que ce sera si on va plus loin ? * pensait-il ironiquement.

Au même moment, Ujaali voulait lutter contre cette « peur »… pensant qu’il finirait sinon par partir un jour. Et puis… qu’en pensera-t-on ? Est-ce bien ? A-t-on le droit ? Il fallait être prudent.

Elle n’en parlait à personne. Seul le maître d’Idril, l’éclaireur Ralsir savait. Le bougre était trop tête en l’air… enfin, plus que d’habitude. Ralsir, lui a donc parlé longuement pour savoir d’où venait ce nouvel état d’esprit.

- Idril, regardes-moi ! fit Ralsir.

Le regard hébété d’Idril se tourna vers son maître qui poursuivit.

- Je t’ai déjà dit que j’étais rejeté de la société.

- Oui, bien sûr… mais…

- Sais-tu pourquoi ?

- … je… parce que vous êtes … hum... L’air gêné.

- Je suis un demi-elfe… Ne voyant pas de réactions il continua. Rejeté par le monde humain de ma mère et renié par celui de mon elfe de père. Réfléchis bien, c’est important.

- … Oui, je comprends… Mais…

- Ne t’inquiètes pas je ne dirai rien. Vous deux ne risquez pas grand-chose, mise à part d’être mal vu… mais si…Il s’arrêta un moment… soucieux, là tu auras un jour un fils comme moi… rejeté de tous.

- Oui Ralsir, cela n’arrivera pas.

Ujaali rentrait de son cours d’entrainement, la maîtrise du lancé de givrefeu devenait de plus en plus pratique. Se séparant de Livia au coin d’une rue, elle poursuivit sa route seule. Un peu plus loin dans une impasse déserte, Idril surgit de dessus les toits la faisant sursauter.

- Aaann tu es dingue !

- Moi aussi je suis content de te voir. Sourit-il en l’embrassant.

- Et si on nous voyait ?

- Laisses-les voir. Fit-il en la tirant vers lui par les épaules.

Ils s’embrassaient et riaient en même temps, se chamaillant ….

- Attends ! Arrêtes ! Lança Ujaali en le repoussant et fixant l’angle de la rue.

- Quoi ?! Qu’est-ce qu’il y a ?

- J’ai vu une ombre…

Idril pensa à Ralsir… il le suivait peut être.

C’est quelques jours plus tard, que les gardes vinrent chercher Idril dans la bibliothèque. Ils ne répondaient à aucune question. Ils le mirent aux fers quelques jours avant que le conseil juridique de Dalaran ne se réunisse. Ujaali demandait des informations de partout, personne ne savait.

Conseil de Dalaran, le Fort Pourpre.

Une assemblée était présente, certains nommés témoins pour décider du sort d’Idril, des curieux, et quelques rares personnes le connaissant. Ujaali tentait en vain de se rapprocher des premiers rangs, tandis qu’Idril, les mains liées et tête baissée restait debout au milieu de la pièce. Le chef du conseil se leva et attendit le silence de la salle.

- Bienvenue à tous, nous allons donc juger aujourd’hui un fait grave, dont les témoins désignés ici présents décideront de la sentence. Pour les autres nous allons vous faire un résumé, pour que vous sachiez à qui vous à faire, et à quel point nous devons faire attention à qui accordé notre confiance. Il lança un regard haineux à Idril, qui ne bougeait toujours pas.

Ujaali pouvait observer son maître faisant parti des témoins, il savait… et il n’a rien voulu dire… pourquoi…L’elfette rageait.

 - Idril, adopté par la famille elfique Fortarmure, vous êtes accusez d’abus de confiance et d’abus tout court sur une jeune fille de Dalaran.

- Mais.. Commença Idril en relevant la tête.

- Suffit ! Cria le chef de l’Assemblée. Les preuves et faits rapportés par la victime que vous avez sauvagement agressé comme le piètre humain que vus êtes, ont été analysés par tous les témoins ainsi que par tous les membres du conseil ici présent. Il reprit. Oui, cet humain, à qui on a donné asile dans cette cité magique, fort de son adolescence veut assouvir ses pulsions. Sauf qu’il n’a pas compris, qu’ici, les humaines deviendront des mages puissantes.

- C’est complètement faux ! Chuchota Idril avec rage.

- Parait-il en plus que vous commencez à vous exercer sur d’autres races que les humains…

Ujaali voulu crier, mais Ralsir l’attrapa par les épaule et lui ferma la bouche de sa main.

- Ne dis rien, ça ne fera qu’empirer les choses. Fit-il tout bas.

Il lâcha prise et Ujaali se retourna vers lui.

- Je t’en pris, il essaye de te protéger.

- Mais ce sont des mensonges.

- Oui, je te promets que je t’aiderai à en savoir plus, mais en attendant fais-toi toute petite, c’est compris ?

Ujaali ne répondit pas et se tourna à nouveau vers le centre de la salle, les larmes aux yeux. Qui a pu balancer de telles horreurs… et pourquoi ?

Le représentant des témoins, Fanoraithe, se leva à son tour.

- Pour les attouchements et agressions non consenties avec une jeune femme humaine, qui restera anonyme, les preuves fournies et l’argumentaire de l’accusé, les Témoins ont décidé de bannir à vie Idril, de Dalaran. Il trouvera mieux sa place dans une ville de sa condition. S’il revient, nous ne seront plus si cléments.

De nombreux brouhaha s’élevèrent dans toute la salle. Certaines personnes retournèrent à leurs occupations, leur curiosité assouvie. Tandis que les gardes prirent Idril par les bras et le trainèrent jusqu’à l’Aire de Krasus. Ujaali les suivirent accompagnée d’autres personnes. Ils attachèrent Idril sur un griffon, lui-même lié à un autre griffon conduit par un garde.

Les regards d’Idril et d’Ujaali se croisèrent, peut être pour la dernière fois. Elle n’osa pas crier… se ressassant sans cesse les dires de Ralsir. Idril, le visage triste, trouva la force de lui faire un clin d’œil… les raisons… elle l’ignorait. Mais elle savait, qu’il trouverait un moyen de la contacter… pendant ce temps elle ira pêcher les informations auprès de son maître et comprendre cette histoire…

Les griffons partirent vers l’horizon.

De retour dans son appartement désespérément vide, Ujaali pleurait. Sur le pas de porte elle trouva une lettre qui lui était destinée.

 

« Chère Ujaali,

Pardonnez-moi de vous contacter en cette période sombre… Mais vous devez être au courant.

Essayez de revenir à Teldrassil, je vous en pris, je vous expliquerai, ou au moins de contacter Níniel par tous les moyens.

J’aurai préféré ne rien vous écrire mais vous devez être au courant. Thélion est mort en mission. Et votre mère adoptive a disparu dès qu’elle a appris cette horrible nouvelle.

Faites quelque chose Ujaali, pour votre famille.

Je suis vraiment désolée.

Valustraa »

 

N’ayant plus aucune force, Ujaali s’effondra au pied de son lit, hurlante de peine et serrant la lettre dans sa main, le sol autour d’elle se gelant…

A suivre...

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Waooow... Un laping peut donc écrire aussi bien avec ses patounes de velours ? :3 ! Je me souvenais avoir lu quelques chapitres sur l'ancien forum (n'ayant pas consacré de temps à ce BG qui est juste exceptionnel) mais pour mon grand plaisir et ceux de mes trous et ennuis, j'ai sauvegardé tes textes pour les lire à n'importe quel moment !
Je n'ai pas encore d'avis général sur toute l'oeuvre puisque j'en suis qu'au premier Tome :3 ! Mais je risque d'être gâtée pour la suite !

Sur ce, à la prochaine ;) !
 

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Vraiment bravo à toi j'ai tout lus et c'est vraiment passionnant ! Beaucoup de boulot pour tout écrire je penses.Ton BC est juste génial

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Merci beaucoup, n'hésitez pas si vous voyez des fautes ou autre.. je corrige au fur et à mesure.

Voici donc le tome 5, allant du chapitre XXI à XXV. Il s'agit pour le moment du dernier tome entier. Les prochains post verront les chapitres apparaître un à un (et au bout de cinq, je créerai le tome 6, etc).

 

Tome 5 -> http://myreader.toile-libre.org/uploads/My_572095c985f0d.pdf

 

CHAPITRE XXI

Marcher Seule

- Partie 1 -

 

Révélation

 

Deux mois plus tard, début de l’an 27.

 

Sur l’une des collines surplombant la forêt du Chant de Cristal, il neigeait. Un peu comme si cet endroit était le point de départ du froid régnant en Norfendre. Ujaali, habillée tout de blanc dégageait un cercle glacé sur 5 m tout autour d’elle. De nouveaux cristaux s’étaient alors formés, de petits buissons et des pierres figés pour toujours dans la glace.

 

Assise en tailleur au centre, elle méditait, là, depuis plusieurs jours. Impassible et renfermée, la nature semblait la laisser la dominer, sans un brin de vent, les alentours restaient dans un silence le plus total, où seuls les flocons faisaient un bruit de coton.

 

Le froid n’avait plus d’emprise sur Ujaali, son corps restait à une température suffisante pour survivre. Ses larmes se gelaient lorsqu’elles quittaient la chaleur de sa peau, et tombaient sur sa robe.

 

Quel genre de méditation était-ce ? Une revisite de ses souvenirs ? Ou des visions ? Parfois, on pouvait voir un sourire s’esquisser. Et quelques mouvements de lèvres, comme si… elle parlait…

 

 

Les funérailles, ayant eu lieu deux semaines après avoir reçu la mauvaise nouvelle, furent simples et tout autant à la hauteur de la force et du courage de Thélion, accompagnées de chants et d’offrandes modestes de nourriture et d’objets dont son épée. Ce fut également l’occasion de revoir Níniel à Teldrassil et de parfaire les techniques de téléportation. Thélion part en paix… mais la raison de sa mort reste encore incomprise, un traquenard, prit dans l’étau d’une forêt qu’il connaissait comme sa poche.

 

 

 

La dernière lettre de Níniel était plutôt encourageante. Toujours en deuil, et certainement pour plusieurs années, elle a affirmé à Ujaali qu’elle ne se laissait pas envahir par la peine et qu’il fallait regarder l’avenir et l’enfant qu’elle attendait. « Ne pas être triste et continuer à se battre pour la vie», c’est ce que Thélion voudrait. 

 

 

 

 

Ujaali ouvrit les yeux subitement comme si elle se réveillait d’un cauchemar. Son regard restait fixe sur la forêt alentour.

 

- Ralsir, je vous sens. Sortez de votre cachette. Lança–t-elle.

 

Le demi-elfe apparu de derrière un arbre, sortant les mains de ses poches pour montrer qu’il n’avait pas d’arme.

 

- Comment avez-vous fait ça ? Vous êtes pire que ces gnomes et leurs machines de détection ! Tenta-t-il avec un sourire.

 

- Qu’est-ce que vous voulez ? Fit Ujaali en se malaxant les tempes.

 

-  Et bien… J’ai quelque chose pour vous…

 

- Une lettre ?

 

- Euh… oui. Répondit Ralsir un peu désorienté.

 

Il s’approcha d’Ujaali et s’accroupit devant elle tout en retirant la lettre de sa poche arrière. L’elfette le regarda avec de grands yeux suppliants.

 

- C’est … ?

 

- Oui, c’est lui. Sourit-il en lui donnant le papier qu’elle lui arracha presque. … J… Je lui amènerai votre réponse, si vous le souhaitez.

 

- Je le savais. En voici une ! Ujaali sortit une lettre de sa besace, la donna à Ralsir et s’empressa d’ouvrir ce mot qu’elle avait tant attendu.

 

- Merci, je vais tacher de le revoir rapidement… mais je suis plutôt surveillé ces derniers temps…

 

- Oui je sais Ralsir. Répondit-elle, toujours plongée avidement dans sa lecture. Je suis désolée, j’étais justement en train de travailler sur une autre méthode pour le contacter.

 

- …euh… avec la méditation…la télépathie ?

 

- Merci beaucoup. Je vais tout arranger. Je vous le promets. Elle plia la lettre, se releva. Rangea le tout dans sa besace et repartie vers Dalaran.

 

 

 

 

Quelques jours plus tard.

 

Au beau milieu de la nuit, Ralsir enfila sa cape fétiche, finit un quignon de pain rassit, accrocha sa dague à sa ceinture et sortit de Dalaran. Le plus discrètement possible il se faufila à travers les égouts pour atterrir beaucoup plus bas, à l’aide de son hippogriffe dans le Chant de Cristal. De là, il rejoindrait Idril, réfugié au Donjon de la Bravoure, en passant par la Désolation des Dragons.

 

Plusieurs kilomètres plus loin, le vent bruyant et froid s’arrêta enfin. Ralsir poursuivit sa route dans la neige fraîche éclairée par un croissant de lune. Mais des sons de pas, comme un écho aux siens lui fit vibrer les oreilles… Il se retourna plus d’une fois… Rien.

 

Arrivant en haut d’une colline, Ralsir fit une pause, contemplant le ciel étoilé et ce paysage blanc. Il sentit subitement ses yeux partir, se fermer, la tête très lourde. Lorsqu’il voulu se retourner, il n’eut le temps que de voir une masse en bois l’assommer complètement avant de tomber au sol.

 

Il se réveilla au petit matin, frigorifié, au même endroit. S’en voulant de ne pas avoir été plus prudent, il pesta contre lui. Mettant sa main à la ceinture, il s’aperçu que son ravisseur avait prit sa dague… et la lettre d’Ujaali.

 

 

 

 

- Alors, tu es enfin de retour ?

 

- Oui Livia… Soupira Ujaali.

 

- Le maître veut nous voir ensemble, maintenant.

 

- Très bien allons-y alors.

 

- Tu as des nouvelles d’Idril ? Sourit-elle.

 

- Hum… pas vraiment non…

 

- Arf, les hommes… T’inquiètes pas ça passera. Lança Livia en mettant une main sur l’épaule de l’elfette.

 

- Pourquoi tu dis ça ? Ujaali s’arrêta de marcher et regarda Livia avec suspicion.

 

- … euh, et bien. Vous êtes amis depuis longtemps, donc … je me doute qu’il te manque. Malgré ce qu’il a fait à cette fille. Livia lui prit le bras et elles poursuivirent leur marche jusqu’au centre d’entrainement.

 

- Tu sais quelque chose ? S’inquiéta l’elfette.

 

- Non. … Mais  je te jure, je cherche des infos, depuis que tu es partie, je questionne un peu à droite et gauche et, c’est étrange, mais personne ne sait quoi que ce soit !

 

- Ce que je trouve étrange, c’est que tu t’intéresse beaucoup à cette histoire. La regardant avec un air de défi.

 

Livia lâcha prise et baissa les yeux. Elle tenta de garder son calme, ses yeux laissant apparaître une lueur, elle les ferma rapidement.

 

- Qu…

 

- Je l’aimais bien aussi tu sais ! Trancha-t-elle violemment. Il a beau être TON ami, il est le seul garçon humain de mon âge à qui j’ai pu parler.

 

Ne laissant pas Ujaali reprendre…

 

- Donc je veux t’aider !

 

Elles échangèrent un long regard avant de continuer la route. Ujaali ne savait pas… Comment faire confiance… Elle le sait, elle a toujours été jalouse de Livia et en même temps elle l’a toujours taquiné, elle si supérieure…

 

- On verra ça. Répondit Ujaali en esquissant un sourire.

 

 

- Bien, je vous ai enfin devant moi toutes les deux. Je voulais vous annoncer que je vais récupérer l’entrainement de deux jeunes gens, pour parfaire leur magie.

 

Les deux jeunes femmes regardèrent  Fanoraithe, attendant la suite. Il poursuivit.

 

- Vous l’aurez donc compris, je n’aurais plus le temps de m’occuper de vous.

 

- Ah bon ?!

 

- Mais ?

 

- Mais, coupa–t-il en levant la main à hauteur de sa tête, Je considère également que vous êtes toutes les deux capables désormais de vous débrouiller seule. Je n’ai plus rien à vous apporter, par conséquent, je peux enseigner à d’autres personnes.

 

- Donc nous allons devant le conseil du Kirin Tor pour la Confirmation ? Demande Livia.

 

- Oui vous irez. Mais avant et c’est la règle. Une dernière épreuve vous est demandée, même si vous avez déjà vécu pire avec cette guerre… mais passons, le Conseil ne veut rien entendre. Donc Livia, tu iras dans la Toundra Boréenne à l’escarpement d’Ambre, les gardes ont besoin de toi pour questionner un prisonnier.

 

- Oui maître.

 

- Mais fais attention, les ennemis sont tous corrompu par un mal de plus en plus en vogue, ces derniers temps. Il jeta un œil à Ujaali.

 

- Lequel ?

 

- Le crépuscule.

 

- Je peux y aller aussi ! … Maître ? Lança Ujaali voyant un moyen d’en savoir plus sur cette organisation, peut être même pouvoir les infiltrer…

 

- Non, j’ai autre chose pour toi.

 

- Mais maître, je…

 

- Non, j’ai dit. Tant que tu m’appelles maître tu me dois obéissance. C’est la mission de Livia, elle se débrouillera très bien.

 

- Je te ferai passer mon rapport si tu veux Ujaa. Tenta Livia.

 

C’est avec l’esprit rageur, qu’Ujaali écouta la suite.

 

- Non loin de l’avant-poste de Bor’Gorok, à l’Ouest, tu trouveras un campement de Murlocs. Ils ont découvert parait-il un collier magique. Ce collier, entre des mains inoffensives et surtout « primaires » peut faire beaucoup de dégâts.

 

- Pourtant, nombreux murlocs se servent de la magie des éléments, ils y sont donc sensibles..

 

- Oui justement… Aidez-les. Ou ils mettront à sac leur propre campement. Apprenez aussi, comment ce collier est arrivé entre leur main.

 

- Bien maître…

 

 

 

 

En rentrant dans sa chambre, Ralsir l’attendait au coin du feu.

 

- Ralsir ? Vous êtes déjà de retour ?

 

- Oui, mais avec une mauvaise nouvelle.

 

Ujaali tremblait. Le demi-elfe lui expliqua sa mésaventure, et la mit en garde.

 

- Quelqu’un ne veut pas que vous communiquiez Idril et vous. Qui et pourquoi, je ne le sais pas.

 

- J’ai l’impression de louper quelque chose… Idril n’a jamais fait ce pourquoi il a été condamné…

 

- C’est très simple, on veut vous séparer.

 

- Mais pourquoi ? Parce que je suis elfe et lui humain ? C’est stupide.

 

- Oui en effet, c’est sans doute beaucoup plus que cela. Qu’est-ce qui vous relie d’autre tous les deux ?

 

Ujaali réfléchit un instant, le regard fixé sur le feu de cheminée… Son esprit s’emporta au centre des flammes, la voix de son ravisseur en Kalimdor lui revenait, il la connaissait… Soudain elle vit surgir de grands yeux violets dans les flammes. Elle sursauta.

 

- Ujaali ? Ça va ? Vous vous êtes comme… déconnectée..

 

- Oui… une vision en quelque sorte… Ralsir, pour votre sécurité je ne peux rien vous dire. Ne prenez plus aucun risque pour moi c’est compris ?

 

- … hum, d’accord… mais…

 

- Je vous en pris Ralsir, faites-moi confiance.

 

- Très bien, mais sachez que vous pouvez avoir confiance en moi également.

 

Le maître voleur parti et Ujaali referma la porte derrière lui. Elle s’y plaqua contre et se laissa glisser au sol, revisionnant inlassablement ces yeux… Quels yeux… Le Clan du Crépuscule… c’est ça qui les lie…

 

- Partie 2 -

 

Révélation

 

Une semaine plus tard, dans les contrées de la Toundra boréenne.

 

Sur la colline surplombant le village murloc, Ujaali observait. Couverte d’un long manteau chaud et blanc comme neige, elle restait camouflée, assise sur le bord de la falaise.

 

*Comment rentrer en contact avec cette population ? … Aucun ne parle la langue commune et encore moins l’elfique… *

 

Ujaali souffla d’énervement.

 

 

 

 

En ce petit matin, le village semblait paisible, les murlocs allaient de l’eau à leur hutte en bois, ramenant des produits divers issus de leur pêche. De temps à autre, un « bllglblblblrrr » de dispute ou encore un « wuigulguurll » d’échange heureux, résonnaient jusque sur les rivages voisins.

 

 

 

 

- Blblbaui ?

 

Ujaali redressa ses oreilles et tourna la tête vers son… interlocuteur.

 

Un jeune murloc la fixait, les yeux écarquillés. Surprise, Ujaali ouvrit grand les yeux également… C’était la première fois, qu’elle voyait un murloc d’aussi près… et lui une elfe apparemment.

 

Le murloc se défigea quelque peu, piétina doucement un « pied » puis l’autre, fit quelques mouvements de lèvres.

 

- Blblbaui ?

 

Ujaali le regardait toujours avec le même étonnement…. Hum quoi répondre…

 

- Blbl ? Essaya-t-elle.

 

Le Murloc se fixa de nouveau, la bouche grande ouverte. Ujaali tenta alors un sourire. Le murloc lui répondit de même, montrant ses petites dents pointues, il semblait conquis.

 

Ujaali se retourna plus, tout en restant assise, doucement pour ne pas l’effrayer, ramenant un genou puis l’autre. Il recula d’un pas mais ne cessa pas de l’observer. L’elfette leva les mains à hauteur d’épaule.

 

- Je ne te veux aucun mal. Tu vois ?

 

Le murloc piétina à nouveau. Elle repoussa en arrière sa capuche laissant alors apparaître ses cheveux bleus clairs.

 

- Rooooo !

 

Le murloc s’approcha, petit pas par petit pas, tendant le bras vers la chevelure de l’elfe, comme envouté par la couleur. Ujaali baissa légèrement la tête vers lui pour l’aider.

 

- Rooooooooo !

 

- Tu trouve ça joli ?

 

Le murloc prit le menton de l’elfe et lui releva la tête à sa hauteur. Ujaali frissonna, tellement la peau de la créature était froide et gluante. Il lui désigna les cicatrices elfiques sur le visage.

 

- bligluidulu ?

 

- J’ai ça depuis longtemps. Répondit-elle, l’air inquisiteur.

 

Il la lâcha se retournant soudainement, comme s’il avait entendu un bruit. Ujaali remarqua alors ses écailles sur le dos… couvertes de glace. Lorsqu’il se retourna vers elle, elle lui montra.

 

- Comment tu as eu ça ?

 

Le murloc tenta de se tourner sur lui-même pour regarder son dos, il comprit au bout de deux trois tours.

 

- blbkle blgrwuin lulili.

 

- Hein ?

 

Le murloc lui montra sa main, lorsqu’il l’ouvrait, une légère lumière froide en émanait.

 

- Ça alors… c’est impossible.

 

- blbliblu ?

 

- Je…

 

Ujaali s’interrompit, parler avec les gestes étaient bien plus pratique. Elle lui tendit ses mains et les ouvrit. La même lumière, mais plus forte en sortait. Lorsque Thélion et son équipe de sentinelles l’avait découverte dans la forêt, ce phénomène était permanent (chapitre I à III). Depuis elle avait appris à le contrôler. Mais, comment ce murloc a-t-il pu obtenir ce même pouvoir ?

 

La créature compara longuement les mains d’Ujaali avec les sienne, essayant d’attraper la lumière.

 

- blblblblblrgrg guillm fuillilii !! fit-il soudainement en la tirant par le bras.

 

- D’accord j’arrive ! Lança-t-elle en se relevant.

 

Le murloc la conduisit jusqu’au village, ses compagnons s’étaient tous arrêtés net dans leurs actions, fixant l’intruse. Il courut vers chacun, leur expliquant… apparemment quelque chose. Il revint vers elle et lui tira une main, lui faisant ouvrir sa paume vers les membres de son village.

 

 Tous surpris, ils se regardèrent les uns les autres, puis avancèrent vers elle formant un groupe à ses pieds. Ils l’imitèrent tous… et tous dégageaient cette même lueur.

 

 

 

 

Ce fut dur de se faire comprendre. Mais après de nombreuses heures de discussion, le chef murloc amena à Ujaali le collier qu’elle recherchait pour sa quête. De toute évidence, la pierre dont il était orné, était de même nature que celle qu’avait touchée Ujaali lorsqu’elle était enfant. Blanche et opaque comme un quartz mais lourde comme du plomb, les cristaux agencés par des prismes à sept faces.

 

Dans le secret de sa hutte, il mit le collier dans la main de l’elfette. Elle n’osait pas vraiment toucher la pierre… quel effet cela aurait ? D’après Valustraa, ces pierres ancestrales n’ont que le pouvoir de donner, pas de reprendre. Mais sait-on jamais.

 

D’après les gestes communs, Ujaali avait compris que le chef l’avait trouvé au fond de la mer, dans une grotte sous-marine. Seul lui l’a eu en main. Mais depuis, les accidents se multiplient. D’énervement ou de peur, certains murlocs ont développé une aisance à lancer de petits jets glacés, avec pour résultats, des parties de corps congelés. La majorité, en revanche, émane seulement de la lumière froide.

 

Au bout d’un moment, Ujaali se plaça au centre du village, sous les yeux de tous, et enveloppa le collier dans une épaisse boule de glace. Avec quelques incantations, elle fixa l’ensemble pour que cela ne dégèle que plusieurs jours plus tard.

 

 

 

 

Ujaali passa la nuit en méditation, les lits de pailles et les huttes sont beaucoup trop petits pour une elfe de la nuit. Il s’agit d’une autre manière de dormir en quelque sorte.

 

Le lendemain, les symptômes des murlocs avaient disparus. Sauf ceux du chef, qui visiblement aura à terme les mêmes genres de pouvoir qu’Ujaali.

 

L’elfette tenta de lui faire comprendre deux-trois astuces pour ne pas congeler tout son village, en attendant son retour. Il fallait qu’elle en parle à ses supérieurs, eux seuls pouvaient faire quelque chose pour ce chef murloc. L’aider à contrôler ses nouveaux pouvoirs.

 

En leur ramenant le collier, ils trouveraient peut être une sorte d’antidote. Mais… ils savent qu’elle aussi a obtenu ses facultés de cette manière… Cela pourrait se retourner un jour contre elle. Et leur réaction face aux mensonges contre Idril, lui faisait de plus en plus perdre confiance au Kirin Tor.

 

Sa décision était prise.

 

Elle détruisit la pierre à contrecœur avec l’aide du chef murloc. Ce dernier récupéra la poudre et l’enferma dans une huître qu’il offrit à Ujaali.

 

 

 

 

Chacun des murlocs vinrent dire aurevoir à leur chère « blujabli ». Elle donna une mèche de ses cheveux au jeune murloc qui lui avait  permis d’entrer dans le village. Tout content, il courut dans tous les sens, une horde d’autres murlocs convoitant également le présent.

 

En remettant sa capuche, Ujaali aperçu une silhouette sur la falaise… Le temps de cligner les yeux… plus personne…

 

 

 

 

Ujaali était de retour quelques heures plus tard,  à l’avant-poste de Bor’Gorok, pour se reposer un peu avant de reprendre la route pour Dalaran. Elle y retrouva son jeune hippogriffe, pour qui c’était une de ses premières missions. Elle lui parla en elfique et lui caressa les plumes une à une.

 

- Il a été très gentil, fit l’aubergiste qui l’avait gardé.

 

- hum, oui, je n’en doute pas. Merci. Répondit l’elfe dans un sourire.

 

Visiblement tendu, l’homme restait planté à l’entrée. Ujaali le questionna du regard.

 

-… euh… dites, une jeune femme est venue ce matin, elle a posé des questions sur vous.

 

- Qui donc ?

 

- Diable, je ne sais pas, une belle blonde, elle voulait savoir où vous étiez et si j’avais d’autres informations… n’importe lesquelles… sur vous.

 

Ujaali resta étonnée devant ces révélations.

 

* Livia ?... étrange…* pensa-t-elle.

 

- Et que lui avez-vous dit ?

 

- Je… je…rien du tout, je ne vous connais pas.

 

Ujaali arrêta les caresses sur l’hippogriffe et s’avança vers l’homme visiblement en panique, et lui mit une main sur l’épaule.

 

- Racontez-moi.

 

- Je ne sais rien, je n’ai rien pu dire.

 

- Oui… mais ?

 

L’homme se recroquevillait sur lui-même, il bégayait.

 

- Elle s’est énervée… son visage… euh son regard a changé. J…  J’étais s.. seul, mon apprentis n’était pas encore arrivé, je suis parti me cacher, et….

 

- D’accord, d’accord, Calmez-vous. Tout va bien. Savez-vous juste où elle est partie ?

 

- Vers le village murloc. Dit-il dans un souffle.

 

 

 

 

- Livia ?

 

Ujaali descendit de son hippogriffe, qui chercha un buisson pour manger des baies.  Une silhouette se tenait devant elle, dos tourné. L’elfette tentait de garder son calme…

 

- Oui Ujaa ? Fit Livia en se retournant en souriant.

 

- Apparemment, tu me cherchais. Dit-elle sèchement.

 

Dans un ricanement, l’humaine répondit.

 

- Oui, j’avais terminé ma mission, je voulais savoir où tu en étais toi.

 

Elle se retourna à nouveau vers l’horizon. Ujaali arriva à sa hauteur, ne sachant plus trop quoi penser.

 

- En agressant l’aubergiste ?

 

Livia ne répondit pas. Elle ferma les yeux un instant.

 

- Alors ? Je te connais présomptueuse, mais quand même ! Il ne t’a rien fait.

 

- C’est vrai, il ne m’a rien fait… Elle sourit avidement… eux non plus. Fit-elle les yeux toujours fixer vers le lointain.

 

Ujaali suivit le regard et tomba sur le village… incendié de toute part. Les huttes étaient fracassées au sol, de la fumée s’échappaient par endroit. Tout était sans dessus sans dessous… Une ruine.

 

- Quoi ?? Reculant d’un pas … Livia ! Qu’as-tu fais ? Pourquoi ? Les larmes lui montant aux yeux, choqués par le spectacle.

 

Toujours sans réponse.

 

- Regardes-moi ! Ordonna l’elfette en tirant l’épaule de la jeune femme.

 

La jeune femme semblait lutter contre elle-même. Se tenant la tête avec ses mains.

 

- Non !! Laisses-moi !

 

Ujaali lui prit les poignets et la força à baisser les bras. Livia se calma soudain et releva la tête vers l’elfette. Elle ouvrit des yeux flamboyants, teintés de violet. Ujaali lâcha prise et recula.

 

- Livia ?

 

- Ton tour viendra… Alassëa. D’abord ceux qui t’entourent ensuite, toi… sauf si tu nous rejoins.

 

- Quoii ? La secte t’a empoisonnée l’esprit !

 

- Seule, tu n’es rien. Continuait Livia d’un ton monotone.

 

- Seule.. ? … Alors… c’était toi ?! C’est toi … qui as commandité ce mensonge sur Idril !!

 

- Quelle perspicacité ! Ria Livia.

 

- Mais…. Pourquoi ?

 

- On m’a dit de le faire !

 

Ujaali s’approcha un peu plus et lui décrocha un revers. La jeune femme flancha sur le côté.

 

- Et après ? Continue Livia ! Qu’est-ce que tu vas faire ?

 

La main sur le visage, l’humaine se releva, le sourire aux lèvres.

 

- Au début, j’ai essayé de lutter… mais à quoi bon ? Plus le temps avance plus je me sens proche d’eux.

 

Elle poursuivit. Ujaali n’en revenant toujours pas.

 

- Tu n’es qu’un petit obstacle… Trois petites missions gâchées par ta faute. Tu le payeras.

 

- Hyjal, Teldrassil et lorsque j’ai été capturée avant notre départ pour Dalaran…

 

- Exactement. C’est là que tout a commencé pour moi.

 

- Oui donc, ils t’envoient faire le sale boulot, c’est ça ?

 

L’humaine ria.

 

- Regardes bien comment je vais faire ! Regarde hein. Fit-elle dans un clin d’œil.

 

Livia lança subitement une boule de feu sur Ujaali, qui eut tout juste le temps d’esquiver en se jetant à terre. L’humaine bondit vers elle mais l’elfette lui bloqua le souffle en lui donnant un coup de pied dans le ventre.

 

Le temps de se relever, Livia réattaqua avec un jet de flamme contré par un jet de glace. Les deux éléments s’affrontaient.

 

Un sursaut de pouvoir plus puissant de Livia envoya Ujaali dans les airs quelques mètres en arrière. L’hippogriffe prit de panique s’envola. L’humaine incanta dans une langue sombre, un bâton apparu dans sa main dans un tourbillon de fumée violette.

 

Elle fit trembler le sol en le plantant dans la neige. Le vent s’affolait. Ujaali, assommée, eut à peine le temps de relever la tête avant d’être ensevelie sous une petite avalanche, la faisant glisser jusqu’aux bords de la falaise.

 

Ujaali s’accrocha tant bien que mal à un rocher pour ne pas tomber.

 

- C’est décidément trop facile… ricana l’humaine en venant devant l’elfe, la dominant. Hum, au fait, tu as le bonjour de ton père.

 

L’elfette écarquilla les yeux. Cette secte, elle sait tout depuis le début ! Et Livia, est dans leur rang.

 

L’humaine leva les bras et la tête vers le ciel. De rage, Ujaali se tint d’une main et tout en se hissant elle attrapa de son autre main la jambe de Livia, qui congela quasi instantanément.

 

Elle se releva, ignorant les cris de douleur de l’humaine dont les yeux devenaient de plus en plus violets. Mais son adversaire sortie une dague rapidement de sa ceinture et manqua de lui trancher l’œil, lui coupant finement la peau le long de la tempe droite.

 

Se tenant mutuellement les mains ou les poignets, elles luttaient toutes les deux. Grâce au froid de sa main, Ujaali arriva à faire lâcher la dague. Livia lui attrapa l’arrière du cou et le brûla le plus possible, avant de se prendre un coup de coude entre les côtes.

 

Voyant l’ouverture, Ujaali n’hésita pas un seul instant. Les mains pleines de givre elle lui fonça dessus en l’attrapant par la taille. Avec l’élan, elles tombèrent dans le vide ensemble.

 

 

 

CHAPITRE XXII

Sur les traces du père

 

Révélation

 

Dalaran, trois jours plus tard,

 

Hall des mages,

 

Fanoraithe restait assit face à Ujaali. Les deux se regardèrent longuement sans un mot. De temps en temps Ujaali baissa les yeux et ravala un sanglot, serrant les poings sur le bâton de Livia qu’elle avait posé sur ses genoux, comme un « témoin » de sa victoire. Un fin pansement ornait sa tempe, comme « seule blessure » de sa lutte.

 

Son maître l’observait, calmement. La pièce était aussi silencieuse et lourde que la tombée de la neige aux abords de la cité.

 

L’elfette venait de tout raconter, tel une confession : le village murloc, la dispute, les révélations de Livia, leur combat et comment Ujaali a retrouvé le corps sans vie de l’humaine et ramené à Dalaran.

 

Enveloppé soigneusement dans sa cape, le corps de Livia, meurtri par la chute, a tout de suite été pris en charge par le Kirin Tor dès le retour à Dalaran.

 

C’est en se congelant elle-même, comme face au Dragon durant son enfance, qu’Ujaali a survécu, repoussant son adversaire et atterrissant sans dommage dans le village en ruine aux pieds de la montagne.

 

 

 

Au bout d’un moment, Fanoraithe se leva, prit Ujaali par les épaules pour la relever doucement. Il lui récupéra le bâton, l’observa un moment, le frottant de sa main.

 

- Vas te reposer. Je dois en informer le Conseil. Fit-il en soupirant.

 

 

 

 

Le corps de Livia fut envoyé auprès des membres de sa famille, non loin d’ Hurlevent, comme c’était son souhait. C’était un long voyage nécessitant la magie pour garder le corps intact jusqu’aux funérailles. Avant le départ du convoi, Fanoraithe scella l’enveloppe magique autour de l’humaine après y avoir apposé le bâton d’entrainement de son ancienne élève.

 

 

 

 

Le Conseil s’était réuni, soupesant chaque argument énoncé par Fainoraithe. Une enquête fut menée durant quelques jours. Pendant ce temps, Ujaali était sous surveillance avec interdiction de quitter la cité et on lui avait confisqué son bâton.

 

C’est dans les appartements de l’humaine, qu’ils découvrirent la vérité… Un membre du Conseil et Fanoraithe s’acquittaient de cette tache. Le maître archimage ouvrit la porte, tout semblait lourd, habité, fenêtres fermés et rideaux tirés. Auprès de la cheminée, sur une petite table, ils remarquèrent de nombreux parchemins. Il s’agissait de pamphlets écrits par des membres du Crépuscule. Tels des textes religieux, ils ventaient les pouvoirs que les anciens dieux offraient à leurs adorateurs.

 

D’autres feuillets, étaient des lettres, des missions. Livia correspondait avec les membres du Chaos depuis Dalaran. Le membre du Conseil lut rapidement et passa les lettres les unes après les autres.

 

- Elle nous espionnait pour leur compte. S’écria-t-il. Nos défenses, nos habitudes… tout.

 

- Elle était très certainement ensorcelée…

 

- Endoctrinée vous voulez dire ! Et elle était sous vos yeux, pendant tout ce temps !

 

Le maître n’osa pas répondre, honteux de lui-même.

 

Il arpenta la pièce, tandis que son supérieur poursuivait ses lectures. Il remarqua divers essais de sorts sur les murs. Des écrits en langue noire, démoniaque avec des signes religieux du Crépuscule.

 

Sur le lit de Livia, d’autres lettres attachées en paquet, seules quelque une étaient ouvertes. Il en prit une et lut. Il regarda rapidement le membre du Conseil qui s’était assis devant la cheminée. Fanoraithe récupéra le paquet de lettres et les mit dans sa robe furtivement. Il sursauta soudain.

 

- Vous trouvez quelque chose d’autre ?

 

- Euh… oui…

 

Il chercha rapidement du regard un indice dans la pièce, sur le bureau d’étude, un petit livret. Fermé magiquement, il refusa de s’ouvrir. Il ne fallut que quelques mots prononcés par le maître, l’index et le majeur levés pour que le journal intime dévoile ses secrets.

 

 Ce dernier montrait toute la complexité de l’initiation de Livia au Chaos… Comment, elle se battait contre… elle-même.

 

 

 

« Fin de l’an 24 [Passage se passant lors du Chapitre XIV- voyage vers Dalaran]

 

Je ne sais pas par où commencer.

 

Je suis très heureuse d’avoir aidé cet humain, Idril, à sauver son amie elfe. Elle doit être importante pour que l’on est autant de mal à la retrouver. Mais ce n’est pas ce qui me chiffonne le plus…

 

Cher journal, après le combat, j’ai visité ce camp … du Crépuscule. Il voyageait je ne sais où, mais ils avaient pourtant de nombreuses affaires avec eux, dont un livre... que j’ai récupéré.

 

Je suis en train de le lire, et plus j’avance, plus je suis d’accord avec ces idées… ces principes… pourtant si éloignés de ce que je connais et de ce que j’espère faire un jour… Je me sens… divisée. »

 

 

 

Fanoraithe passa quelques pages, réfléchissant à ces instants clés où son élève, en détresse ne s’était pourtant jamais plaint.

 

 

 

« Début de l’An 25 [à Dalaran]

 

Cher journal, ou qui que ce soit qui me lira,

 

Je ne sais pas ce qui m’arrive, c’est… entre joie et peur. Je lisais encore ce livre et récitais une prière dans la gloire des anciens dieux, quand… je me suis sentie.. partir… Oui, je ne trouve pas d’autres mots, partir, comme si mon esprit se libérait de toute enveloppe physique.

 

Je flottais au-dessus de moi-même, je me voyais écrire, dessiner sur mes murs.

 

Quand j’ai repris conscience, j’ai voulu effacer ses horreurs… Impossible ! Elles sont indélébiles. Je ne me rappelle pas avoir fait ça ! Seulement je me suis vu le faire, mais… ce n’était pas moi !

 

Hier, j’ai jeté le livre dans les égouts de Dalaran, pensant m’en débarrasser. Le livre m’ait revenu ce matin avec un simple mot :

 

* un petit bout de papier découpé était collé juste en dessous du texte de Livia *

 

Ton enseignement n’est pas terminé. Courage, je prendrai très bientôt contact avec toi. Tu as une grande valeur pour nous. Gloire aux Dieux très anciens ! Gloire à leurs serviteurs ! Gloire au Marteau du crépuscule ! »

 

Le mage, de plus en plus sceptique passa à nouveau quelques pages. Certaines étaient entièrement raturées, d’autres arrachées. Sur beaucoup, elle réécrivait par-dessus. Des « accompli » , « je me sens plus forte » … Il s’arrêta sur la dernière page écrite.

 

 

 

« Début de l’an 27, [Chapitre XXI – Marcher seule]

 

Ma cible est désormais seule. Je ne sais toujours pas pourquoi cet homme du Crépuscule lui en veut autant… sans vouloir la tuer pourtant… Quelle stupidité ! Avec ses airs, elle m’énerve au plus haut point. Je vais l’avoir. Je serais récompensée.

 

* se suivirent des glyphes violets jusqu’au bas de la page, telle une prière pour renforcer ses pouvoirs* »

 

 

 

- Alors Fanoraithe ?

 

- Son journal intime, il nous dévoilera toutes les preuves que nous recherchons. Répondit le maître en tendant le livret.

 

 

 

 

Le Grand Conseil fut bref. Ujaali leur avait enlevé, sans le savoir, un espion de leurs lignes. Sous l’emprise du Marteau du Crépuscule depuis leur rencontre en Kalimdor, Livia tenait à exécuter diverses missions. Le Kirin Tor ne s’était douté de rien et remercièrent brièvement l’elfette.

 

 

 

 

Fanoraithe convoqua, un peu plus tard dans l’après-midi, sa dernière élève dans une pièce adjacente au hall des mages.

 

- Merci, maître. Sans vous, je pense que le Conseil n’aurait pas été si clément.

 

- Les preuves sont écrasantes, certes vous n’auriez pas dû agir ainsi… mais les circonstances sont compréhensibles.

 

- Maître ?

 

- Oui ?

 

- Il y a  quelque chose qui ne colle pas… Lors d’une mission en Couronne de glace, .. ;

 

- Elle a tué le chef-mercenaire qui faisait également parti de la secte.

 

- euh… oui..

 

- Elle a écrit également une page dans son journal. Il risquait de la dénoncer. Elle a donc prit les devants, voilà tout.

 

Ujaali se senti bête de ne pas y avoir pensé et resta silencieuse.

 

- Au sujet d’Idril, votre ami, Ujaali releva rapidement le regard, Il faut que vous sachiez qu’elle a tout commandité également pour son exil.

 

- Oui, elle me l’a dit.

 

- J… J’étais au courant. Mais je n’ai pas vu le mensonge dans ses yeux. Je tenais donc à m’excuser.

 

- M.. Maître, ce n’est pas de votre faute. Ce qui est fait et fait. Se renfrogna l’elfette.

 

Fanoraithe tendît le paquet de lettres qui l’avait dérobé plus tôt dans la semaine.

 

- C’est pour vous.

 

Ujaali regarda longuement le lot, tel un cadeau désespérément attendu, les lettres d’Idril et les siennes.

 

- Merci, mais…

 

- Elle les avait interceptées, elles vous reviennent désormais.

 

 Le maître commença à tourner les talons lentement.

 

- Maître, s’il vous plaît ?

 

- Hum ?

 

- Le Marteau du Crépuscule est une organisation très dangereuse. J’ai l’impression que sa menace est sous-estimée par le Conseil.

 

- Oui, mais je ne peux malheureusement pas faire grand-chose. Vous en revanche…

 

Ujaali l’interrogea du regard. Il poursuivit.

 

- L’homme qui formait Livia vous voulait vous. Si vous partez, il vous suivra. Le Conseil vous aidera, si vous avez des problèmes, vous avez suffisamment prouvé votre valeur et votre capacité à vous battre seule ou entourée. Je vous aiderai moi-même s’il le faut, cette histoire m’a fait perdre beaucoup…

 

Il lui montra les lettres du doigt, les yeux souriants.

 

- Il vous attend… à Hurlevent et apparemment il a une piste personnelle pour vous.

 

- Quoi donc ? Demanda-t-elle en s’empressant de chercher la bonne lettre.

 

- Votre père. Mon avis est, qu’il aura les réponses à vos questions si vous le retrouver.

 

- Je… mais… 

 

- Vous pouvez partir dès que vous êtes prête. J’ai négocié une mission bidon de lecture dans la grande bibliothèque d’Hurlevent. Vous êtes libre.

 

 

 

CHAPITRE XXIII

Après tant d'années

 

Révélation

Au cours de l’an 30,

 

Taverne de Gadjetzan,

 

Le brouhaha des discussions reprenaient petit à petit après l’entrée d’Ujaali dans la taverne. Certains regards s’étaient levés, d’autres restaient plus timides ou même dormaient, les bras croisés sur le bar. Quelques chuchotements seulement avaient marqués ses pas jusqu’à la table encore grasse de bière où elle prit place sans sourciller.

 

L’homme masqué la recherchait depuis plusieurs semaines, posant des questions à qui était présent, n’importe où, n’importe quand. Il l’avait enfin trouvé, enfin, c’était elle, qui était venue à lui. Voulant mettre les choses au clair, elle pensait qu’il n’y avait rien de mieux que le frontal.

 

- C’est bien vous la Dame Bleue n’est-ce pas ? fit à voix basse l’homme en s’asseyant en face d’elle.

 

Ujaali répondit seulement d’un signe de tête en ôtant sa capuche, libérant alors son teint et ses cheveux aux couleurs si particulières aux yeux des autres races d’Azeroth.

 

L’homme, par politesse, laissa son visage à découvert, restant à l’affut d’éventuels curieux. Il jetait un œil par endroit, rapide, gardant sa main à portée de sa joue et l’autre à portée de son arme.

 

L’observant, Ujaali se souvint alors, l’air grave… d’un humain, et ce pourquoi ils se battaient ensemble. Cet inconnu le lui rappelait tellement.

 

La même scène s’était produite trois ans plus tôt…

 

 

 

 

An 27,

 

Taverne du Comté de l’Or,

 

Après un long voyage depuis Dalaran, Ujaali s’était enfin posée. Les humains ont quasiment tous été agréables avec elle, la saluant, voulant lui rendre service, d’autres la draguant… peu habitués aux elfettes.

 

Les lettres étant trop risquées, Ujaali avait, à force d’effort depuis le début de sa formation de mage, réussi à trouver un autre moyen de contacter Idril et d’avoir une réponse : la méditation.

 

Ce fut compliqué au début, puis, petit à petit plus facilement, en fait, au fur et à mesure qu’Idril s’habituait à ce qu’elle « vienne » dans son esprit. Elle lisait ses pensées en quelques sortes et lui les siennes.

 

C’était donc à la taverne du Comté, qu’Idril lui a demandé de venir. En rentrant dans la salle, les hommes se turent et la fixèrent. L’un d’eux, un peu saoul lança un sifflement suivit d’un rire gras. Ujaali baissa les yeux, ne se sentant pas à sa place… gênée.

 

Un homme encapuchonné s’approcha d’elle, repoussant un autre qui tentait en vain de se lever. Il prit le poignet de l’elfette en enlevant sa capuche.

 

- Ne crains rien, c’est moi. Viens. Fit Idril sur le qui-vive.

 

Il l’amena à une table et l’aida à s’asseoir avant de se placer en face d’elle.

 

- Pourquoi ici ? Chuchota-t-elle.

 

- C’est… moins dangereux. Je n’ai confiance en personne ici. Et les bruits de taverne restent des bruits de taverne. Répondit-il à voix basse. Il leva une main vers le serveur. La même chose s’il vous plait ! Puis reprit vers Ujaali. Je savais que tu aurais du succès ici. Sourit-il.

 

- Génial… fit-elle dans une grimace.

 

- Tu as vu mes lettres ? Toutes ?

 

- Oui évidement, lues des dizaines de fois. Mais comment … ?

 

- Des marins, au port du Donjon de la Bravoure, ils parlent beaucoup avec plusieurs verres dans le nez. Fit-il fièrement. Ils parlaient d’un homme elfe qu’ils ont récupéré sur le rivage avant de partir sur Hurlevent. Gentil, un peu étrange, perdu… dans son sommeil il marmonnait… marmonnait…  jusqu’à se réveiller en criant … Alassëa.

 

Ujaali ouvrit grand les yeux, entre joie et doute...

 

- Mais tu crois vraiment que ?

 

- Je ne sais pas… mais c’est la seule piste qu’on ait non ?

 

- L’Orc savait mon vrai nom.

 

- Oui, mais il est mort.

 

- L’homme qui m’a kidnappée en Kalimdor … aussi…

 

- L’elfe.. Ujaa, c’était un elfe.

 

- Oui c’est vrai… Et maintenant ?

 

- Les gens de ta race ne sont pas très fréquents ici, s’il est en ville ou est passé là, on le saura vite.

 

- Mais, c’est tellement… immense.

 

- Niniel arrive bientôt, elle m’a envoyée un message. Idril sorti la lettre et la tendit à Ujaali. En gros, elle dit qu’elle veut t’aider, elle a trouvé un moyen de faire garder bébé Thélion à Teldrassil.

 

- Il est né ? Déjà ? Fit Ujaali en lisant rapidement.

 

- Héé apparemment oui. Sourit Idril.

 

 

 

 

Plus tard dans la nuit, Idril conduisit l’elfette dans sa maison de fortune, aux abords du lac au sud-est de la capitale. Ils purent enfin se retrouver… seuls, et vivre leur amour si longtemps caché et interdit. Ils parlèrent aussi de tout d’autres choses : Fanoraithe, Livia, les indices sur le Marteau du Crépuscule, mais rien n’égalait les sentiments qu’ils ressentaient, juste à cet instant.

 

 

 

 

Quelques jours plus tard, ils accueillirent Niniel au Port de Hurlevent, puis partirent à la chasse aux informations. Niniel chez les gardes, en tant que sentinelle elle lança une demande de recherche, Ujaali dans le quartier des mages et Idril chez les mendiants et dans les tavernes.

 

Les recherches ne donnant rien de probant, ils partirent prospecter plus loin, dans les Marche de l’Ouest. Un homme ivre avait fait part au jeune voleur d’un elfe réservé, secret avec « des cheveux bleu-verts, c’est bizarre bleu-vert, c’est pour ça que je m’en rappelle, hips. », se dirigeant vers le sud.

 

A Ruisselune, la taverne était vide, la ville était calme. Les gens avaient très peu de moyens, même pour un verre… Ils n’étaient alors que tous les trois, discutant, pendant que le tavernier s’endormait, la tête sur son plat froid d’haricots. De toute évidence, il ne savait rien.

 

Les questions de toutes parts circulaient, les « on dit » aussi. Certains hommes scrutaient Idril, lui faisant une réputation d’homme fougueux… se faisant deux elfettes ! Et qu’en plus de cela, il en cherchait un troisième…

 

La porte s’ouvrit dans un grincement, faisant sursauter le tavernier.

 

- Vous me cherchez Monsieur, Dames ?

 

Niniel, Ujaali et Idril tournèrent la tête.

 

Une silhouette se tenait à l’entrée, un elfe…

 

 

An 30,

 

Ujaali sorti de ses pensées, l’homme masqué toujours face à elle.

 

- Pardonnez-moi, je… réfléchissais. Je suis Ujaali. Dit-elle d’un ton sûr.

 

- Enfin, je vous rencontre, appelez-moi Ilywln Van Malsen.

 

Leur discussion à eux, ne faisait que commencer…

 

 

 

CHAPITRE XXIV

Tout n'est qu'apparence

- Partie 1 –

 

Révélation

An 30, campement secret,

 

Ujaali se faufila sous sa petite tente, perdue quelque part non loin de Gadjetzan, à l’abri du vent et du sable, derrière des rochers escarpés.

 

Elle s’arrêta net, attendant d’entendre un bruit ou au contraire, s’assurer que tout était calme.

 

Rien.

 

Elle s’abaissa pour rentrer sous l’abri. La nuit était tombée et elle se servait de sa main pour éclairer son chemin, la refermant aussitôt lorsqu’elle craignait un bruit.

 

Elle s’asseyait sans bruit sur sa paillasse, recroquevilla ses doigts et soupira profondément. Dans le noir, elle ferma les yeux, assise en tailleur, comme pour faire corps avec la nuit.

 

Elle aimait se retrouver seule ainsi, réfléchir, notamment à sa discussion avec ce jeune homme masqué, sa proposition… et à tout ce qu’il lui rappelait, ces personnes, cette soif de vengeance, ces combats…

 

 

An 27, Marché de l’Ouest,

 

Ujaali se leva d’un coup, face à l’homme-elfe qui fit irruption dans la taverne. Elle le scruta du regard, ses souvenirs d’enfants se mélangeant au présent.

 

Idril se retourna, toujours assis, la bouche pleine d’haricots et de poulet, prêt à sortir une arme s’il le fallait.

 

Níniel, regardait à tour de rôle sa fille adoptive et le nouvel arrivant.

 

- Alassëa, tu ne me reconnais pas ? Fit l’elfe en s’approchant, tendant les bras.

 

Ujaali sourit, contourna la table et courra vers lui.

 

- Evidemment ! Papa ! Je n’ose y croire !

 

L’elfe la tira par la manche pour la serrer plus rapidement, après toutes ces années.

 

- J’avais cru que… Pardonne-moi mon enfant !

 

Idril et Níniel s’observèrent. Le jeune homme fit la moue, contraint de regarder la scène.

 

- Viens ! Voici Niniel, qui m’a élevé après notre séparation.

 

- Ravie, enfin, on vous a retrouvé !

 

- Le plaisir est pour moi, madame, fit-il en s’inclinant.

 

- Et voici, Idril, poursuivit Ujaali en pointant l’humain du doigt.

 

Ils se serrèrent la main en se fixant les yeux dans les yeux

 

- Un ami ? demanda le père avec un sourire en coin.

 

- Et bien …

 

- Bien plus que ça ! Coupa le jeune homme en lui rendant son sourire.

 

Le père retira lentement sa main s’asseyant, les autres firent de même.

 

- Et bien, j’en ai raté des choses… J’ai appris que deux elfes et un humain me recherchaient, quand ils vous m’ont décrit, j’ai tant espéré, Alassëa !

 

La jeune elfe baissa les yeux sur son verre, Níniel la prenant par l’épaule en la bousculant légèrement pour la rassurer.

 

- Qu’est-ce qu’il vous ait arrivé pendant tout ce temps ?  Où étiez-vous ? demanda Níniel.

 

- Je m’appelle Lothior Cenedril. Lors de l’attaque de notre village, tu t’en souviens ? Ujaali acquiesça et releva la tête. J’ai été blessé et j’ai pu m’échapper, il remonta sa manche laissant découvrir un bras cicatrisé de tous côtés, comme anciennement brûlé, les orcs n’avaient pas cessé de me répéter que tu étais morte… J’y ais cru, j’étais pris de panique et j’ai fuit…

 

Le père prit sa tête dans ses mains, éclatant en sanglots.

 

- N’importe qui aurait réagit ainsi. Assura Níniel.

 

- Je ne me le pardonnerai jamais !

 

L’homme-elfe poursuivit son histoire relatant ses années passées en Kalimdor à tenter de se reconstruire, retrouver une vie « normale ». Puis comment il en est venu à travailler en tant qu’ambassadeur et commerçant avec les humains dans les Royaumes de l’Est. Ils discutèrent jusqu’à tard dans la nuit, le tavernier dormant toujours sur son bar et Idril ne disant pas un mot, écoutant…

 

 

A proximité d’Hurlevent, quelques jours plus tard,

 

Ujaali et son père passaient de longues heures à discuter, se remémorer les souvenirs de sa mère, leur passé, tout en se promenant de hameau en hameau, jusqu’à Hurlevent, une des villes principale des humains.

 

Elle lui raconta comment elle avait commencé à apprendre à contrôler ses pouvoirs avec Valustraa, les enseignements de Fanoraithe à Dalaran, à quel point Teldrassil était une île magnifique à ses yeux… Elle ne voulait pas l’inquiété en lui parlant de ses mésaventures diverses… notamment ceux concernant le marteau, trop récents, trop proches du motif de leur séparation. Après tout, elle aura tout le temps de lui en parler ! Mais elle voulait préserver cette nouvelle quiétude qui s’installait dans le regard de Lothior. Seul fait semblant le gêner quelque peu : son histoire avec un humain.

 

- Je comprends, mais tu verras, quand tu apprendras à le connaître, il est tout ce que tu aurais souhaité pour moi, j’en suis sûre ! Sourit-elle.

 

- Je ne doute pas de ton choix, j’ai juste besoin d’un peu de temps, tant de bonheur et de souvenirs douloureux au même moment…

 

- Ah, ben le voilà ! Idril !

 

- Lothior, fit-il en le saluant, Ujaa, Níniel te cherche, elle est près du lac.

 

- D’accord, je vous laisse tous les deux ?

 

- Oui, …

 

- Ne t’inquiète pas…

 

Les deux hommes se sourirent, Ujaali les regarda avec étonnement et amusement.

 

- Très bien, à tout à l’heure !

 

Faisant un signe de la main, l’elfette parti, pressant le pas et riant à moitié.

 

- Content de vous avoir trouvé, Ujaali a l’air plus sereine désormais, tenta Idril en reprenant la marche.

 

- Dans mes souvenirs, Alassëa, … a toujours eu une joie de vivre étonnante, sourit-il en marchant aux côtés d’Idril.

 

Le jeune homme soupira.

 

- Et puis, elle vous à vous également.

 

- Oui, exact. Mais, sauf votre respect, en aucun cas je ne remplace un père.

 

- Je comprends tout à fait, je suis juste heureux si elle est heureuse avec vous.

 

Lothior tendit sa main vers Idril. Il la serra, tel un serment, puis ils reprirent leur marche.

 

- Vous saviez qu’elle était à Dalaran, n’est-ce pas ?

 

- Je .. je ne comprends pas ?

 

- Un jour, elle a reçu une boîte, sans doute qui appartenait à votre femme, elle a pensé que c’était vous.

 

L’homme-elfe resta figé sur le sentier les yeux rivés sur ses pieds, il remonta une main sur ses yeux et appuya légèrement dessus avec ses doigts, comme une habitude, un tic.

 

- Je revois cette boîte, fit-il les yeux fermés, je n’ai jamais su ce qu’il y avait dedans, c’était un secret. Il fixa Idril. Cela m’inquiète, mais ce n’est pas moi.

 

Idril, un peu gêné, acquiesça et lui tapota l’épaule brièvement.

 

- Vous avez dû vivre pas mal d’aventure ensemble ! Elle reste discrète là-dessus, mais je vous pris, d’homme à homme, racontez-moi ! Sourit l’elfe.

 

- Ah, et bien que dire. Votre fille a un certain talent pour me tirer des ennuis, il compta sur ses doigts, geler une forêt entière pour me garder en vie, faire diversion mainte et mainte fois, mais elle a aussi un souci avec les orcs…

 

- Vraiment ?

 

- Oui, son truc c’est de leur faire exploser la tête ! Ria-t-il, C’est vraiment … pardon…

 

- Oh pas de problème, répondit Lothior contrarié et battant l’air de la main. A-t-elle été blessée ?

 

- Par les orcs ? Oh si peu. En revanche elle a été enlevée une fois et blessée au bras par un Tauren.

 

- Hum d’accord.

 

- Vous ne voulez pas savoir ?

 

Lothior fixa Idril avec étonnement.

 

- C’est un elfe qui avait commandité cela, il était allié avec diverses races. Lança Idril sur un ton de défi.

 

- Certains elfes tournent mal… Il remonta sa main à nouveau sur ses yeux. Surtout depuis la fin de Nordrassil. En même temps, Kalimdor est particulièrement instable et peu sûr.

 

- C’est vrai !

 

- Lothior, Idril ! Venez !

 

Ujaali et Niniel s’étaient posée sur le bord d’un lac en leur faisant signe de la main.

 

- Allons-y ! fit l’elfe en tapant l’épaule de l’humain.

 

Il avança et prit sa fille dans ses bras, Idril ralenti le pas, fixant le sol et chuchota à lui-même:

 

- Mais… je ne vous ai pas dit que c’était en Kalimdor…

 

 

La nuit tombée, Idril et Ujaali profitaient de ces quelques instants encore à l’abri de l’humidité à la lisère de la forêt, rentrant dans la petite maison qu’ils avaient pu négocier pour quelques temps.

 

En poussant la porte, ils virent Níniel et Lothior discuter ensemble. Ils se firent signe de la main.

 

- Bonne nuit ! Ne discutez pas trop longtemps !

 

- Bonne nuit ! Ne t’inquiète pas… Ujaali. Fit Níniel.

 

Idril lui fit un clin d’œil comme d’habitude, mais elle resta figée, l’ignorant presque tout en le regardant pourtant. De quoi pouvaient-ils bien parler… ? Pendant un instant il espéra qu’elle ne raconte pas trop de détails… gênants.

 

 

Plusieurs jours plus tard,

 

- Elle a dit qu’elle se rendait aux griffons pour envoyer un message à la famille qui garde le jeune Thélion, elle va revenir.

 

- Non Idril, elle aurait du revenir depuis des heures !

 

- Mais arrête de t’inquiéter !

 

- Et si elle avait été enlevée ? Hein ?

 

- Tu t’imagine toujours de ces trucs… soupira le jeune homme.

 

- Elle était bizarre ce matin… Je vais demander à mon père, s’il la vu.

 

- Justement, elle est bizarre depuis que ton père est là !

 

- Quoi ?

 

- Tu sais quoi, à mon avis il lui bourrine la tête avec pleins d’idées…

 

- Tu es jaloux ! Tout ça, parce qu’elle est un peu moins complice avec toi ces derniers temps. Et quels genres d’idées ?

 

- Non, j’observe c’est tout ! Il est incohérent.

 

- C’est toi qui es incohérent !

 

- Tu lui as parlé de ton enlèvement dans les tarrides ?

 

- Bien sûr que non !

 

- Et bien il a deviné que c’était en Kalimdor ! Je ne lui en avais pas parlé !

 

- N’importe quoi… soupira Ujaali, ça pouvait se deviner voyons… si seulement tu pouvais réfléchir deux secondes ! Et puis le problème, n’est pas là, Níniel a disparu !

 

- Désolé Ujaa, mais… NON ! Je ne lui fais pas confiance ! Méfies-toi ! Il revient tout à coup comme ça, Níniel disparait… il est à mes yeux pas clair, donc NON ! fit Idril en claquant la porte.

 

 

An 30, près de Gadjetzan,

 

Ujaali rouvrit les yeux toujours dans la tente, assise.

 

- Si seulement….. Larmoyante… Pardonne-moi !

 

- Partie 2 –

 

Révélation

An 27,

 

A proximité d’Hurlevent,

 

Plusieurs jours se sont écoulés et toujours aucunes traces de Níniel. Ujaali et Idril ont refait tout son parcours, discuté avec toutes les personnes qu’elle aurait pu rencontrer.

 

Elle a bien envoyé son courrier, mais depuis, plus rien…

 

Sans en informer le jeune homme, Ujaali demanda toutefois de l’aide à son père, inquiet également, mais rien de plus de son côté.

 

Les disputes à ce propos se multipliaient poussant ainsi chacun à faire les choses dans son coin.

 

Tellement aberrant pour la jeune elfe, tellement évident pour lui …

 

- Mais, pourquoi tu lui as demandé ??

 

- Tu ne vas pas recommencer ! Il est de notre côté !

 

Idril ne répondit que par des rires nerveux, baissant les bras à chaque récidive.

 

- Je vais finir par croire que c’est toi qui as un problème.

 

Le jeune homme ne broncha pas, les yeux rivés sur la forêt. Il fit simplement un signe de la main.

 

Sur l’un des chênes centenaire, l’arc de Níniel étaient fixé à l’écorce du tronc par une hache surdimensionnée. Pourtant, elle ne s’en séparait jamais…

 

Idril y mit toutes ses forces pour retirer l’arme paraissant plus lourde que lui. Elle se décrocha, et l’humain fit un bond en arrière, manquant de tomber. Ujaali, quant-à-elle récupéra l’arc brisé d’une main tremblante et se mit à genou observant ce triste trophée.

 

- C’est un message, elle a été faite prisonnière ? Dis-moi oui Idril ! Ne me dis pas que …

 

- Je ne sais pas Ujaa, mais.

 

Il fit tourner la hache dans tous les sens, lentement en la fixant.

 

- Mais quoi ?

 

- … le Marteau est dans le coup.

 

Il montra l’emblème de la secte situé au milieu de la large lame.

 

 

- Alors, des nouvelles Alassëa ? demanda Lothior.

 

- Et bien, on a peut être une piste. Répondit l’elfette en jetant un coup d’œil furtif à Idril.

 

Ils préparaient leur départ, prenant tout ce qui pourrait être utile. L’humain écrivit une lettre qu’il fit partir par bateau.

 

- Je peux vous aider ? S’il vous plaît ?

 

- Surement pas !

 

- Euh, en fait, Père, nous ne préférons pas. C’est compliqué et je ne veux rien risquer, tu comprends ? fit-elle dans un sourire gêné tentant de trouver une explication.

 

- Tu veux que je reste là, sans rien faire ? fit-il les mains sur les yeux et soupirant.

 

- Oui ! On n’a pas le temps Lothior !

 

- Idril ! L’elfe soupira. Père, s’il te plait, reste ici, avec un peu de chance Níniel pourrait revenir ici, ainsi tu pourras nous prévenir. Nous partons vers l’Est.

 

 

 

 

Plusieurs jours qu’ils marchaient, sans réellement savoir où ils se trouvaient. Aucune nouvelle, ni rançon ne fut demandée. Le seul indice, des traces d’orcs sur le lieu de l’arc broyé. Par endroit, tantôt dans la boue des marais, tantôt dans les plaines cendreuses des steppes, ils repérèrent des traces.

 

Un avant-poste orc, un petit campement.

 

A eux deux, ils ne mirent pas longtemps à se débarrasser des locataires. Idril en interrogea un. Il montra du doigt simplement l’entrée d’une caverne que le campement cachait. L’orc mourut en souriant insultant dans sa langue.

 

Sans se poser de question, les deux jeunes gens entrèrent dans la grotte. Personne.

 

Arrivés dans la dernière salle, ils virent Níniel assise contre la paroi.

 

- Níniel !! Ca va ?

 

La chasseresse observa le couple et se releva.

 

- Qui… Qui êtes-vous ?

 

En train d’accourir, Idril et Ujaali furent surpris.

 

- Comment ça ? C’est moi ! Ujaali et lui c’est Idril !

 

- Je… J… l’elfe se prit la tête. Je ne vous connais pas !

 

- Ujaa… fit l’humain en tentant de faire tourner l’elfe

 

Un groupe d’orcs scellaient désormais l’entrée de la salle, à leur tête, Lothior.

 

- Quoi ?!

 

Le père s’approcha. Idril se tenait prêt à riposter. Les orcs devenaient agressifs mais d’un simple signe de main de la part de Lothior, ils gardèrent leur calme.

 

- Je le savais…. Marmonna l’humain.

 

- Oui, vous avez été perspicace ! Souria l’elfe.

 

 - Je … Je ne comprends pas !

 

Lothior présenta Níniel. Elle semblait vide, comme si une multitude d’expériences avaient été faites sur elle.

 

- Qu’est-ce que tu lui as fait ?

 

- Je lui ai proposé de nous rejoindre ! fit-il en ouvrant les bras.

 

- Alors, ils t’ont eu toi aussi !

 

- C’était vous l’elfe en Kalimdor n’est-ce pas ?

 

- Alassëa, tu aurais dû écouter ton compagnon. Ria-t-il. Mais si vous nous rejoigniez on oubliera tout ça. Tu nous a donné du fil à retordre, mais me mettre dans cette mission était semble-t-il, la meilleure façon de t’arrêter.

 

Les deux jeunes gens se regardèrent. Le regard de l’humain était plein de reproches et de regrets. Celui de l’elfe, encaissait les informations, cherchait une solution.

 

- Je ne suis pas Alassëa, Lothior ! fit-elle en manipulant de la glace dans ses mains et se mettant en garde.

 

Idril fit de même et sorti ses dagues.

 

L’homme-elfe se frotta les yeux, grimaçant.

 

- Très bien, comme tu voudras. C’était le seul moyen de te sauver.

 

Il arrêta son tic et laissa apparaître des yeux d’un violet flamboyant. Idril et Ujaali s’observèrent à nouveau, comprenant tout. L’elfe fit signe aux orcs.

 

- Pas de prisonniers !

 

 

 

 

Les Orcs s’exécutèrent, acharnés et impatients.

 

Dos à dos, Idril et Ujaali se protégeaient mutuellement, arrêtant ou déviant les coups. Lothior avait reculé et regardait la scène de plus loin.

 

Níniel s’était réfugiée dans un coin les mains sur la tête. Voyant une ouverture, Ujaali se lança vers elle.

 

- Níniel !!!!!

 

Apeurée, la chasseresse la regarda et leva les mains vers elle. A peine, l’efette eut le temps d’arriver, que sa mère adoptive disparue dans un flot de fumée. Elle se retourna vers son père, souriant, les yeux fulminants. Il lui fit simplement un signe « non » avec son doigt.

 

Idril de son côté se fraya un chemin lui aussi. Il n’évita pas la lame blanche d’un orc, qui vint se ficher dans son épaule. Le cri lancé, interpela l’elfette qui le couvrit de jets glacés. Entre le froid et la lueur aveuglante, les orcs se pliaient et reculaient. L’humain en profita pour en égorger un et en blesser un deuxième sous les côtes.

 

Ujaali revint vers lui et bloqua d’un mur de glace tous les assaillants. Essoufflée, elle se retourna vers son compagnon. Il avait parcouru plusieurs mètres très rapidement et était nez-à-nez avec Lothior. A cette vue, Son cœur s’arrêta de battre et elle ne put que murmurer..

 

*non !*

 

Entre sa magie noire et sa force Lothior leva l’humain par le cou. Ce dernier se débattit manquant de trancher l’œil de son adversaire. Une entaille profonde et saignante parcourait le visage du sorcier.

 

D’un simple geste, l’elfe fit tomber les dagues du voleur et planta sa main munie d’un orbe sombre dans la poitrine du jeune homme.

 

- NONNNNN !!!

 

Le temps semblait si long. Ujaali courrait le plus vite possible. Le sorcier quitta sa victime des yeux et défia l’elfe. D’un sourire, il propulsa le corps d’Idril sur elle. Ils s’effondrèrent au sol ensemble.

 

Dans sa tête, la panique était totale. Ses mains tremblaient, elle n’arrivait plus ni à les serrer ni à les lever. Elle n’entendait plus rien, un cauchemar dont il était temps de sortir.

 

Elle s’asseyait et plaça mieux Idril sur ses genoux pour le voir. Elle longea sa poitrine d’une main chancelante et remonta jusqu’au cou. Plus un pouls…

 

Elle hurla, prenant le visage de l’humain entre ses mains, le secoua pour le réveiller.

 

Seul le rire de son père la ramena à la réalité.

 

Le mur de glace fondit et les crissements d’armes orcs devenaient de plus en plus audibles.

 

Ses seules pensées restaient figées.

 

* non… non. Non. *

 

Elle observa une dernière fois ce doux visage, lui ferma les yeux et l’embrassa tendrement sur le front. L’elfette se releva et reposa doucement la tête d’Idril sur le sol.

 

- Allez –y ! Ordonna Lothior aux orcs encerclant maintenant l’elfette.

 

Ujaali se releva avec peine en leur faisant face seule, les larmes coulant sur son visage.

 

Dans un élan, elle enchaîna les tirs gelés sur les orcs, les bloquant au sol ou visant la tête ou le cœur. Elle récupéra une dague au sol et la lança sur son père l’évitant de peu. Ils se défièrent.

 

- C’est entre toi et moi ! Dis-leur de partir ! Lâche !

 

Le sorcier lui ria au nez. Ses yeux commencèrent à vaciller et Ujaali poursuivit tant bien que mal, luttant de son côté face aux orcs. Ces gros soldats se faisaient facilement prendre dans le gel qui les enrobait des pieds jusqu’à la taille.

 

- Pourquoi as-tu fais ça ?! Pourquoi !?

 

Le sorcier observa sa fille se battre. Sa tenue déchirée par endroit, de si nombreuses blessures. A chacune de ses questions, elle le fixa dans les yeux. Et à chaque vue, il luttait contre lui-même, se remémorant sa fille, sa petite fille.

 

- J’espère que tu me pardonneras, ma chère enfant.

 

- Je te TUERAI !!! Je le jure sur les Dieux !

 

Les yeux de Lothior redevinrent normaux, il pleurait. Ujaali prépara un sort de feu, aussi puissant que sa colère. Certains orcs se libérèrent de la glace un à un et fondirent sur elle. Lothior la bloqua et l’envoya d’un sort discret plus loin, la jetant, puis un autre, l’envoyant encore un peu plus loin, puis plus loin… tombant à chaque fois au sol et s’écorchant de toute part.

 

Partiellement assommée, elle regardait sans broncher un grand orc brandissant sa hache au-dessus de sa tête.

 

*C’est la fin* Se dit-elle en fixant alors son père, * le Marteau a gagné*. Résignée, elle jeta un dernier regard sur le corps d’Idril et ferma les yeux.

 

Dans un hurlement de rage, l’orc fit tomber sa lourde arme sur l’elfette. La lame se brisa sur le sol dans un tintement aigu, plus d’elfe. 

 

L’elfette avait disparue en un battement de cil. Un fin filet de fumée violette la remplaçait. Lothior serra le poing et soupira de soulagement. Il l’avait téléporté discrètement au beau milieu de la forêt.

 

- Père… Idril ! … fit-elle en ouvrant les yeux surprise de respirer encore.

 

Ujaali tenta de se relever, mais croula sous la peine et les douleurs lancinantes, revoyant en boucle, Idril, tomber sans vie dans cette caverne maudite. Elle souffla, à quatre pattes sur le sol. De rage, elle referma ses doigts sur les herbes humides de la forêt, les broyant et les gelant en même temps.

 

- Je te retrouverai !!

 

 

 

 

An 30,

 

Campement de Gadjetzan,

 

Ujaali ouvrit les yeux, très souvent, elle revivait inlassablement cette scène dans son sommeil.

 

Au matin, elle retrouva l’homme masqué, décidée. Ils se serrèrent la main.

 

- J’accepte ! Je me battrai, humain !

 

Le regard plein de vengeance, elle fit son serment à cet homme mystérieux, qui lui répondit par un sourire.

 

 

- Epilogue-

 

 

Révélation

 

Les orcs pestaient, se regardant les uns les autres. Le grand orc battait l’air de sa hache, furieux.

 

- Elle est où ?

 

- Disparue !

 

- Impossible, elle était juste là !

 

- Elfe, Quand dis-tu ? Tu sembles bien la connaître ! fit le grand orc.

 

Lothior, les mains sur les yeux, tremblait. Il se redressa, les yeux flamboyants.

 

- Nous la retrouverons plus tard… je …

 

Le grand orc lui donna une tape sur l’épaule.

 

- Mon avis est que tu l’as laissé s’échapper, et même que tu l’as aidé, non ?

 

L’elfe se maintenait, malgré le coup.

 

- Voyons, Orc ! C’est une mage ne l’oubliez pas ! Vous l’avez sous-estimé et voilà le résultat. Allez ! Nettoyez-moi tout ça maintenant !

 

Râlants, les péons s’exécutèrent. Le grand orc fixa l’elfe, le jugeant et le provoquant à la fois. Il s’approcha à quelques centimètres de son visage, avant de partir rapidement.

 

 

Lothior prenait sa tête dans ses mains, luttant, se marmonnant à lui-même.

 

Il revint à lui. Il était dans une pièce sombre, illuminées en parcimonie par quelques bougies. Sur une table devant lui, le corps sans vie d’Idril.

 

L’elfe se mit à pleurer, se griffant tantôt le visage, tantôt tirant et secouant les vêtements en cuir du jeune homme, se mit à genou.

 

- Qu’ai-je fais ?? … Pardonne-moi ! Reviens je t’en supplie !

 

Il se reprit la tête dans les mains.

 

- Non laisses-moi tranquille ! Tu as brisé tant de vies…

 

Il regardât à nouveau Idril.

 

- J’AI brisé, tant de vies… soupira-t-il, que les dieux me pardonnent.

 

Il apposa ses mains sur le corps froid de l’humain et marmonna de multiples prières et sortilèges. Une lueur pourpre sortait de ses yeux et des paumes de ses mains pour pénétrer dans le corps d’Idril. Plus le temps passait, plus le corps se transformait : le visage s’émaciait, sa peau se ridait, il maigrissait à vue d’œil.

 

L’elfe s’arrêta net et plissa les yeux.

 

- Non laisses-moi ! fit-il à nouveau en luttant. Reviens humain ! Ne la laisse pas !

 

Il reprit quelques instants ses sorts avant de s’évanouir lourdement au sol.

 

Au beau milieu de la nuit, le corps sans vie ouvrit les yeux, sans émotion.

 

 

 

CHAPITRE XXV

Errances

 

Révélation

Des brouhahas,

 

Tels une fourmilière s’afférant à la tache avant l’hiver.

 

L’air marécageux autour de Brasse-Tourbe était efficacement apprivoisé par bon nombre de moustiques et autres teignes.

 

*CLAP*

 

- Ah, enfin ! J’l’ai eu !

 

Ujaali ouvrit les yeux. Un gobelin se tenait là, devant, exhibant fièrement sa chasse entre ses deux gros doigts verts. Surprise, elle parcourra rapidement l’environnement du regard. Une petite pièce faite de bois et de terre crue protégeant de l’humidité extérieur. Des meubles, table et chaises de petites tailles, un coffre, soigneusement rangé dans un coin, des cuirs en cours de séchage et des bibelots en tous genre.

 

- Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle finalement au gobelin.

 

Ce dernier lui expliqua comment elle était retrouvée en forêt et ramenée jusqu’à la petite ville, en divaguant allègrement sur diverses affaires et conflits ayant eu lieu entre lui et ses congénères. Conflits, notamment pour savoir qui récupèrerait la récompense pour l’avoir sauvée. Cela se serait apparemment décidé en fin de soirée à la taverne. A la fin de son récit, l’elfe s’était déjà rendormie, laissant son hôte bougonner.

 

Le lendemain, la jeune elfe enleva les multiples bandages et pâtes réparatrices à l’origine douteuse, de ses blessures réparties sur tout le corps. Certes, les gobelins avaient beau avoir d’autres techniques, elles n’en demeuraient pas moins efficaces. Plus une seule égratignure.

 

Relativement bien accueillie, Ujaali déambulait dans la ville. Divers habitants la saluèrent ou la dévisageaient.

 

Une lettre lui fut remise. Un courrier faisant suite à l’alerte, ou plutôt, à « l’appel à payer » pour elle en échange des soins prodigués, qui avait été gracieusement envoyé pour elle par un autre gobelin.

 

 

 

Ujaali,

 

Idril m’a prévenu pour ton père et je suis venu le plus vite possible. Suite à ses inquiétudes, je suis à Hurlevent depuis près d’une semaine avec Fanoraithe.

 

Nous venons d’apprendre ce qu’il s’est passé par la lettre gobeline. Ne parlant que de toi, je crains le pire pour mon ancien élève et ta mère adoptive.

 

Quoi qu’il en soit, nous sommes avec toi, et nous venons à ta rencontre dans le Marais. J’espère que nous pourrons parler de vive voix et éclaircir tout cela.

 

Ci-joint, une bourse pour ton soigneur.

 

Ralsir

 

 

 

A la fin de sa lecture, l’elfe se referma sur elle-même pour s’empêcher de pleurer, serrant le poing sur la lettre.

 

Au moment de partir, les aurevoirs fut bref avec les gobelins, dont certains se disputaient déjà le butin. Ujaali paya un capuchon supplémentaire en laine verte à son hôte, afin de passer plus facilement inaperçu sur les terres de l’Est.

 

- Mm, Attendez !! Fit le gobelin en lui courant après.

 

L’elfe se retourna et regarda la créature en se demandant ce qu’il aillait bien pouvoir raconter ou quémander.

 

- J’ai oublié de vous dire quelque chose sur vos soins !

 

- Hum ?

 

- Venez, venez ! Fit-il en faisant signe à l’elfe de s’abaisser.

 

Elle s’exécuta et mis un genou à terre. Le gobelin lui confia une amulette de protection spéciale et lui susurra quelques mots à l’oreille, en prenant bien soin de cacher ses lèvres aux éventuelles oreilles indiscrètes.

 

Ujaali resta figée en l’écoutant.

 

- J’pensais bien que vous n’étiez pas au courant. Poursuivit-il en haussant les épaules.

 

Lorsqu’il tourna les talons, l’elfe le rattrapa doucement par l’épaule et le remercia larmoyante. Visiblement touché le gobelin observa l’elfe se relever et partir seule dans les marais…

 

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Bien,vraiment très complet,bien écrit,même si j'ai deux petits regrets :p

-certains éléments mériteraient d'êtres un peu plus approfondis.

-certains éléments trop prévisible (je parle du père)

Bref,enfin malgré ces deux "imperfections" j'attends la suite avec impatience!

 

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Salut, 

20 ans plus tard... ^^ -> Le chapitre XXVI enfin retouché. J'ai un peu de mal à arriver à la fin... car Ujaali c'est toute une histoire pour moi :3 (en fait, je ne veux pas finir...)

Merci, beaucoup ! ;) Effectivement il y a des imperfections... Je me rends compte que depuis presque 3 ans (oh wait...) que je cherche des inspirations pour ce BG, je n'ai pas énormément changé le scénario de base. Mon style d'écriture est aussi loin d'être parfait, donc les pseudos suspens ...

Justement je suis en train (de temps en temps) d'approfondir certains chapitres. Donc s'il y a des passages que vous aimeriez ou qui selon vous devraient être approfondis mp moi ;) !

 

CHAPITRE XXVI

Préparations et Reconstructions

 

 

Révélation

Quelques semaines plus tard,

 

A la Taverne du solitaire bleu, Quartier des mages, Hurlevent,

 

 

 

Ujaali venait tout juste de rejoindre son ancien maître, Fanoraithe. Ils attendaient tous les deux Ralsir, partit sur une piste, dont il avait le secret, quelques jours plus tôt.

 

L’elfe raconta toute l’histoire à son maître, celui-ci devenant alors de plus en plus grave au fil du récit. Ujaali demeurait inconsolable crispant ses doigts sur sa chope de bière forte ou se prenant la tête dans les mains à s’en arracher les cheveux.

 

Voyant certains humains se retourner par moment, interrogateurs ou moqueur, Fanoraithe essayait tant bien que mal de la calmer.

 

- Je suis désolé mon enfant.

 

- Je dois le retrouver ! Sanglota-t-elle, les yeux fatigués et rougis.

 

- Et que ferez-vous ?

 

La jeune elfe répondit d’un simple regard *le tuer !*. Son maître n’eut aucune difficulté à le comprendre et grimaça.

 

- M’aiderez-vous ?

 

L’homme hésita quelques instants. Sortir de la Grande Cité des Mages n’était déjà pas anodin, mais alors partir dans le but de tuer quelqu’un sans en avoir reçu l’ordre…

 

- Le Marteau est dangereux. Votre père n’est qu’un pion dans leur jeu, tout autant que pouvait l’être Livia. Vous risquez gros... Nous ! ...Risquons gros.

 

Ujaali serra le poing.

 

- Ce PION là est plus dangereux ! Si Livia était perdue après un laps de temps si court… Imaginez mon père après toutes ces années. Elle reprit son souffle, avant de pleurer à nouveau, laissant sa tête reposer sur sa chope. D’ailleurs... il n’a plus rien de mon père.

 

- Nous devons l’arrêter, c’est un fait ! Trancha Fanoraithe. Mais avec un plan et en aucun cas… vous seule et votre fureur. Finit-il en lui prenant le poignet.

 

- Vous n’avez pas confiance en moi ? Le défit-elle, flamboyante.

 

- Si, au contraire, tenta-t-il calmement. Mais votre parenté avec cet homme ne rendra pas les choses plus faciles, que vous le vouliez ou non. Pour l’instant, vous devez vous reposer pour y voir plus clair. Nous devons être prudents dans nos décisions.

 

Après un bref silence, et un plateau tombant à terre au loin dans un fracas de verres, la jeune elfe respira profondément et serra à son tour le poignet de son maître.

 

- Bien ! Préparons-nous dans ce cas !

 

Elle se leva subitement et partit d’un pas vif vers l’étage. Etouffant d’une main un énième sanglot, elle se retourna vers son maître, qui la suivait d’un regard inquiet.

 

- Merci...

 

 

Ils débattaient depuis de longues heures maintenant, cherchant un moyen d’arrêtez Lothior. Prisonnier ou mort ? Mort ! Comment contrecarrer son pouvoir ? Où le trouver ? Une diversion ? Combien d’Orcs ? N’y avait-il que des Orcs ?

 

La nuit était bien installée et la taverne se vidait petit à petit, ne laissant place qu’aux foies les plus costauds et à d’autres joueurs de « dés-nu-dés » acharnés.

 

Le voleur demi-elfe entra dans la taverne enfumée d’herbes et de plat en ragout en tout genre. Il était accompagné d’une personne, enveloppée d’un capuchon.

 

Quelques humains le dévisagèrent, marmonnant diverses blagues et autres insultes réservées aux bâtards. Le demi-elfe tenta d’ignorer les dire, baissant la tête, non sans avoir au préalable adressé quelques regards assassins. Il tira discrètement son compagnon de route par la manche pour se diriger ensemble vers la table d’Ujaali et de Fanoraithe. Ralsir fut soulagé de la voir enfin et lui fit un signe circonspect. Il fit asseoir son invitée, jetant un œil tendu au maître mage. La jeune elfe, surprise, tenta de déchiffrer le visage de l’inconnue. Un teint clair, un visage fin, des cheveux verts tressés et des marques typiques sur le visage… Níniel.

 

- Surtout, ne dites rien ! Pas ici… ou en tout cas… pas fort ! fit Ralsir en prévention.

 

- Vous l’avez retrouvé ! Murmura Ujaali avec une lueur dans les yeux.

 

Níniel retira elle-même son capuchon sans sourciller et croisa ses mains sur la table.

 

- Oui, mais… il abaissa la voix en s’asseyant à son tour, elle ne se rappelle de rien.

 

- Si. Je me souviens. Marmonna-t-elle, stoïque.

 

- Racontes-moi Níniel ! Fit Ujaali en lui prenant les mains.

 

- Tu grandis vite ! Je… Nous t’avons trouvé il y a tout juste quelques jours en Gangrebois. Je ne comprends pas... Où est Thélion ?

 

Les trois autres se regardèrent inquiets.

 

- Níniel, ce que tu me dis c’était… enfin... il y a déjà de longues années que ça c’est passé. Grimaça l’elfe.

 

- Quelle est la dernière chose dont vous vous rappelez ?

 

Hésitante, elle finit par décrire une grotte et un elfe. Lorsqu’elle lui parlait, elle se sentait à la fois confiante mais se sentait également « partir », disparaître… sans réussir à réfléchir par elle-même. Ensuite, elle expliqua comment un homme et Ujaali sont arrivés, décrivit une bagarre, combien elle avait eu peur et comment, sans explication, elle s’était retrouvée en pleine forêt.

 

- Je vous avoue… Je pense avoir oublié bon nombre de détails. Mais vous ne m’avez pas répondu. Où est Thélion ? Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle en regardant Fanoraithe, puis Ujaali. Combien d’année tu me dis ? Des années ?

 

- Calmez-vous, tout va aller mieux maintenant. Fit Ralsir la main sur son épaule.

 

L’elfe fixa Ujaali, dans l’attente.

 

- Niniel, … C’est une longue histoire.

 

- Où est-il ? S’il te plaît…

 

Comme elle, elle avait tout perdu. Il lui restait néanmoins un fils… mais son histoire ? Sa mémoire ? Est-ce que cela reviendra ? Ujaali ferma les yeux, faisant abstraction de tout ce qui pouvait se passer dans la taverne. Elle souhaitait se réveiller d’un simple mauvais rêve.

 

 

Quelques semaines plus tard,

 

Ujaali accueillait Valustraa au port de Hurlevent ainsi que la nourrice du jeune Thélion, et ce dernier également. Elle ne l’avait encore jamais vu. A l’apparence d’un enfant de 3 ans, il était très éveillé et visiblement ravi de la fin de ce long voyage.

 

Après avoir enfin fait connaissance, elle le prit dans ses bras, lui racontant une histoire sur les humains et sur la grande ville de Hurlevent. Elle lui indiquait les différents lieux de la main en marchant. L’enfant regardait les bâtisses en pierre, les yeux grands ouverts.

 

Valustraa et Ujaali échangèrent sur les récents évènements. Elles utilisaient des mots les plus légers possibles pour ne pas heurter ni l’enfant, ni sa nourrice qui n’avait guère vu de combats.

 

- Je suis d’ailleurs étonnée de vous voir. Fit Ujaali.

 

La Draenei, comme à son habitude, croisa les mains devant elle tout en marchant, le regard fixe.

 

- Ton équipe est…diminuée. Tu as besoin de monde, il me semble. Fanoraithe, m’a envoyé un message il y a quelques temps pour me tenir au courant. A ce moment-là, je n’avais pas réagit, je ne savais pas quoi apporter concrètement. Mais, ... me voici aujourd’hui, prête.

 

Visiblement touchée, l’elfe hésita.

 

- Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

 

L’ancienne maître secoua la tête, lançant une mèche de cheveux vers l’arrière. Celle-ci se coinça sur une de ses cornes.

 

- Tout. Si mon ami te vient en aide, c’est que c’est important.

 

Elle fit une pause.

 

- J’ai toujours suivi tes progressions... Tu n’es plus une enfant aujourd’hui et il n’est pas question que je te laisse te morfondre dans tes regrets passés.

 

La draenei fixa la jeune elfe qui posa au sol le jeune Thélion. C’était comme si elles se découvraient sous un nouveau jour. Ujaali ne put que murmurer dans un sourire ému.

 

- Merci...

 

La jeune mage les guida à travers la ville, jusqu’à la maison louée pour Níniel. Depuis, on lui avait tout raconté. Elle avait besoin d’être seule a-t-elle dit. Quelques rares souvenirs revenaient, mais tout demeurait si amer. Son mariage, la mort de Thélion, tous les bons comme les mauvais moments… rien.

 

Lorsqu’Ujaali entre-ouvrit la porte, elle laissa se faufiler le jeune Thélion entre ses jambes. Il s’arrêta net au milieu de la pièce.

 

- MAMAN !!

 

Níniel se retourna, n’ayant rien entendu jusqu’alors. Elle l’observa, puis voyant Ujaali sourire, elle reposa son regard sur le bambin, suppliant silencieusement à sa mémoire de revenir.

 

Le jeune Thélion attendait, souriant et ouvrant les bras au milieu de la pièce.

 

Elle posa quelques affaires sur la table et vint vers lui. Elle se mit à genou et le considéra. Ses mains effleuraient son petit visage chaud d’émotion. Les cheveux aux teintes bleu nuit ébouriffés par le vent marin et de grands yeux rêveurs vert pâle. Níniel le prit dans ses bras. Le touchant, le sentant, elle le serra plus fort encore.

 

- Mon chéri ! éclata-telle en sanglots.

 

Comme il le lui rappelait ! Il avait tout de lui. Elle prit à nouveau ce petit visage souriant entre ses mains et se souvint alors de leur première rencontre. C’était lors d’un soir d’été que le jeune Thélion naquit, pleurant à la vie. Son mari était là, heureux à ses côtés.

 

- Oui ! Mon fils ! Elle serra à nouveau.

 

L’enfant ne semblait pas trop comprendre ce qui lui arrivait et pleura aussi, silencieusement.

 

Son léger sourire disparu en larmes de joie, Ujaali referma discrètement la porte.

 

Modifié (le) par Ujaali

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