• Annonces

    • Asmondya

      Sécurisez votre compte Firestorm   04/03/2023

        Sécurisez votre compte Firestorm   Dans ce post, nous allons vous donner quelques bonnes pratiques afin de renforcer la sécurité de votre compte Firestorm.
      Pour rappel, votre compte est sous votre responsabilité, et vous êtes en mesure de le protéger sans que cela vous prenne plus que quelques minutes: pas cher payé pour se protéger des "hackeurs" et autres arnaques, non ?       Étape 1: Ajoutez un Authenticator (Authentificateur) La vérification en 2 étapes (ou 2FA) est extrêmement importante, et nous ne pouvons que vous conseiller de l'activer: C'est la meilleure des protections, et également un bon réflexe à prendre pour protéger vos autres données: chaque nouvelle connexion sur votre compte depuis un nouvel emplacement nécessitera un code que seul vous aurez. Comment l'activer: Ouvrez votre page de gestion d'authenticator sur le site. Cliquez sur "Activer mon authenticator". Téléchargez l'application Authy (meilleur que Google Authenticator). Vous pouvez en apprendre plus ici. Une fois l'application téléchargée, scannez le QR code ou rentrez le code généré par l'application manuellement. Votre Authenticator est activé! Vous devrez donc renseigner le code fourni par l'application à chaque connexion depuis un nouvel emplacement. Téléchargez les codes de récupération: Ça peut toujours servir!     Note: Une fois votre compte créé, n'oubliez pas de vérifier votre adresse mail. Sans ça, n'importe qui ayant accès à votre compte pourra en modifier l'adresse mail, et même le mot de passe.   Étape 2: Utilisez un mot de passe fort / complexe N'utilisez pas de mots du dictionnaire, mais de préférence une suite de caractères (lettres, chiffres, symboles) que vous seul connaissez. Une autre alternative consiste à choisir une phrase entière que seul vous connaissez, puis remplacez certaines lettres par des symboles (E -> 3, A -> 4, a -> @, etc) plus le mot de passe est long, plus il est difficile à trouver. N'utilisez ce mot de passe que sur Firestorm. De manière générale, essayez de ne jamais utiliser le même mot de passe sur différents sites. Des solutions, telles que KeePass existent, et peuvent s'avérer un excellent choix si vous avez du mal à retenir plusieurs mots de passe. Il s'agit d'un gestionnaire de mots de passes. Ne notez votre mot de passe nulle part ! Pas sur votre téléphone, pas sur votre ordinateur, ni au dos de votre liste de courses !       Étape 3: Sécurisez votre ordinateur Scannez votre ordinateur fréquement afin d'éliminer les malware, keyloggers et autres virus. Faites les mise à jour système lorsqu'elles sont disponible: n'attendez pas plusieurs semaines, car elles contiennent souvent d'importantes amélioration de sécurité. Si possible, faites en sorte d'être le seul à vous servir de votre ordinateur.       Étape 4: Amis & Famille ? Partager votre compte Firestorm avec vos amis, ou votre famille est fortement déconseillé: moins il y a de personnes qui connaissent vos identifiants, mieux c'est pour la sécurité de votre compte. Essayez d'adopter ces bonnes pratiques: Fermez votre session / déconnectez vous de Firestorm lorsque vous vous éloignez de votre ordinateur Ne divulguez pas vos mots de passe à vos amis / famille, et ne les laissez pas acceder à votre téléphone qui contient votre application Authy.       Récapitulons: Choisissez un mot de passe fort, unique, que seul vous connaissez. Vérifiez votre adresse mail, et installez un authenticator (de préférence Authy). Ne cliquez sur aucun lien douteux, et gardez votre ordinateur en "bonne santé" en le scannant régulièrement pour le protéger contre les virus & malwares. Aucun membre du staff ne vous demandera votre mot de passe. Ne le divulguez JAMAIS. Ne partagez votre compte avec personne, pas même des amis ou de la famille. Tous ces conseils sont dans votre intérêt, afin que personne ne vous vole quoi que ce soit, et que votre compte reste le votre !       FAQ: Question: J'ai perdu l'accès à mon authenticator, et je n'ai pas mes codes de récupération, que faire ? Réponse: Vous pouvez faire un ticket sur le support en fournissant le plus de preuves possibles que le compte vous appartient. Question: Quelqu'un m'a "hack" et a supprimé mes personnages et items. Réponse: Pour ce qui concerne les personnages, vous pouvez les restaurer sur la boutique, mais on ne pourra rien faire de plus: votre compte est sous votre responsabilité, c'est pour cela qu'il vous faut le protéger ! Question: Quelqu'un m'a volé mon compte, que faire ? Réponse: Techniquement, nous ne pouvons rien faire pour vous, comme expliqué dans cet article. Vous pouvez toujours faire un ticket sur le support en fournissant le plus de preuves possibles que le compte vous appartient.  
      L'Équipe Firestorm France
    • Asmondya

      L'équipe Firestorm France   04/03/2023

          Voici les membres des différents pôles de l'équipe Firestorm France    Veuillez noter qu'aucun membre du staff ne vous demandera votre mot de passe !    
    • Asmondya

      Liste des instances disponibles sur Oribos   05/03/2023

      Voici la liste des instances disponibles sur le royaume Oribos (Shadowlands) Nous savons que beaucoup d'entre vous aiment passer du temps sur les anciens contenus. Nous les avons donc tous testés et avons établi une liste avec l'état de chaque instance (fonctionne entièrement, partiellement, pas du tout). Cependant, a chaque patch, mise à jour ou correctif, il se peut qu'une d'entre elles soit affectée. Nous vous invitons donc à répondre à ce post si vous jugez qu'une des instances a changé. Par exemple : Suite à un patch, une instance qui fonctionnait entièrement a changé et un boss n'est plus faisable. Il vous suffit dans ce cas de nous le notifier en réponse au post et nous irons faire de nouveaux tests sur l'instance, puis en fonction de nos résultats nous vous répondrons et mettrons la liste à jour.  
Brasigen

Almaran, et les Hordeux en Vadrouille

12 messages dans ce sujet

[HRP] Yop, je me présente, Brasigen, joueur depuis quelques semaines sur le serveur Main-Noire. Etant un grand passionné d'écriture, je publie ici le background de mon pandaren sur le serveur.  Je ne sais pas encore à quel rythme je vais pondre les chapitres mais j'essaierais de garder un format régulier.

 

EDIT : Avec les années, ce sujet est devenu un recueil d'histoires sur la Guilde (Les Hordeux en Vadrouille), plus qu'un background classique. Prenez cela en compte s'il s'agit de votre première lecture.

Ah, et le "format régulier" que je mentionne plus haut... c'est des conneries. J'écris quand ça me chante. C'est inutile de revenir toutes les semaines... je tourne à un rythme plus anarchique.

 

Blagues à part, si vous avez des critiques, n'hésitez pas.

 

Bonne lecture. [/HRP]

 

 

 

Chapitre I

 

 

   La grande porte de métal s’ouvre brutalement. Trois corsaires Nains déboulent dans la chambre. Celui du milieu possède un bandeau bien trop grand pour lui. Au vu de leur posture et de la fréquence à laquelle leurs jambes tremblent, j'en déduis qu'ils ont peur.

   De moi.

   Je souris et me redresse. Leurs six petits yeux clignent frénétiquement lorsque ma fourrure grise touche le plafond de la cellule. Le Nain de gauche est le seul à me maintenir en joue. Les sphincters des deux autres ont sûrement déjà lâché.

   — Suivez-nous sans faire d’histoire, clame le petit homme au bandeau ridicule. Sinon…

   — Sinon ? répétai-je, leur dévoilant ma dentition ravagée par l’isolement.

   — Obéissez !

   Mon visage se tourne vers le soldat de gauche, celui-là même qui venait d’avoir une poussée de courage. Les cliquetis de son arme causés par ses tremblements résonnent dans la pièce. Son regard croise le mien. Il baisse la tête. Machinalement, je fais de même, et mes yeux se perdent dans une flaque de boue. Ma fourrure est souillée par le sang, la poussière et la sueur. Je ne ressemble à rien.

   — Obéissez !

   Malgré leur pilosité caractéristique, ces Nains sont jeunes. Des recrues, tout juste sorties de leurs satanées montagnes. Quel honneur y a-t-il à frapper des enfants ?

   Quel honneur y a-t-il dans la vie que tu as menée ?

   Je souris et m’assois docilement contre le mur de bois. Les petits hommes mettent quinze bonnes secondes à comprendre que je ne compte pas les tuer. Ils s’approchent, hésitent, puis, finalement, me ligotent à l'aide d'une chaîne de piètre qualité et me font sortir de ma cellule.

   Je ne sais pas vraiment où on se trouve. Sur un bateau, quelque part dans les Mers du Sud, là où la plupart des êtres qu’on ne désire pas voir jugés finissent. Le premier Nain tire sèchement à plusieurs reprises sur la chaîne fébrile. Je grogne. Il ricane. Je souris et tire la chaîne dans ma direction. Il titube mais reste debout.

   Son visage pâlit, mais il continue de mener la marche. Nous montons sur le pont.

   La lumière m’éblouit l’espace de quelques secondes, puis j’arrive à discerner la silhouette du capitaine du vaisseau à la proue du navire, contemplant l’océan. Au vu de sa musculature, il doit s’agir d’un Draeneï. D’épaisses cordes sont déjà disposées autour du mât. Je devine la suite des opérations.

   — Almaran, déclare solennellement le capitaine sans se tourner. Ça fait longtemps.

   — Trois lunes.

   — Oui. Trois lunes. (Il se tourne enfin. Il n’est pas un Draeneï, juste un Humain géant.) Qu’on l’attache.

   Je recule légèrement. Les Nains s’écartent.

   — Tu as peur ? répliquai-je.

   Il se met à rire.

   — Peur ? Parce que je devrais avoir… peur, d’un flibustier désarmé ? Voyons, Almaran ! J’ignorais les Pandarens dotés d’humour.

   — Flibustier ? Capitaine... dans le temps, j’étais moine.

   Les Nains doivent avoir anticipé ma manœuvre. Tant pis.

   Je contracte mes muscles et broie la pitoyable chaîne, que je jette sur l’enfant au fusil. Je jette un regard par-dessus mon épaule. Le poignard d’un corsaire me lacère le visage, mais j’esquive deux tirs d’un bond de côté. Un autre Nain se jette sur moi. Je le balaie d’un coup de patte, puis je me mets à sprinter en direction de la proue.

   Le capitaine, me voyant arriver, dégaine son cimeterre et bondit dans ma direction. Je n’esquive pas.

   Je bombe mon torse et me tourne légèrement, puis il me percute. Je sens son cimeterre m’entailler le torse.

   J’entends aussi ses côtes se briser sur mon épaule.

   Il crie. Je le saisis par le cou et le jette contre le mât de son navire. Son cri effroyable cesse, laissant place à des gémissements irréguliers. Je savoure le précieux instant pendant une seconde… puis un tir de tromblon résonne sur le navire. Je me tourne instinctivement et la poudre explosive me déchire le dos. L'odeur des poils brûlés envahit mes narines plus rapidement que la douleur physique.

   Je tombe en avant et passe par-dessus bord. Deux tirs de plus retentissent pendant ma chute mais n’atteignent pas leur but. Je plonge. Non... en réalité, mon corps a plutôt l'effet d'une bombe.

   Une douleur démoniaque naît du contact de ma peau avec l'eau salée, mais les muscles de ma mâchoire refusent de se contracter. Je m’enfonce dans l’eau, un grand filet de liquide vital s’échappant de mon abdomen. Vais-je mourir ?

   Pourquoi pas. L’idée est plaisante. Quoiqu’on en dise, j’ai eu une belle vie. Je l’aurais imaginé plus longue, certes… mais je suppose que les personnes comme moi ne méritent pas de vivre vieux.

   Si tu meurs, entendis-je, elle sera anéantie.

   L’idée me détruit le cœur. Non… je ne peux pas mourir.

   Pas maintenant.

 

Modifié (le) par Brasigen
Update global, fôtes et remise en page.
7 personnes aiment ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

[HRP] Bonjour à tous. Après réflexion je pense adopter un format hebdomadaire pour le background d’Almaran, donc chaque nouveau chapitre devrait normalement sortir le lundi, en soirée si j’ai du retard. Ça me laisse du temps pour peaufiner l’écrit sans trop endormir l’histoire.

Si vous avez une quelconque remarque à faire n’hésitez pas, en privé ou sur ce topic. Merci.

Et bonne lecture. [/HRP]

 

 

Chapitre II

 

   Pas maintenant.

   Ces mots résonnent dans ma tête, telle une prophétie que l’on aurait racontée à un enfant. Mes yeux s’ouvrent sur le ciel étoilé d’Azeroth. Une constellation particulière retient mon attention. Au vu de sa position dans le ciel, j’en déduis que je suis quelque part au sud du Royaume de l’Est.

   Quelque part à Strangleronce.

   — T’es enfin réveillé, Al ?

   La voix de mon vieil ami corsaire réchauffe les tréfonds de mon âme. Dweryl, un Elfe de Sang que l’on aurait du mal à différencier des autres, se penche sur moi et me regarde d’un air soulagé.

   Je réalise que je ne l’avais jamais vu arborer des traits aussi décontractés.

   — T’es allé à la pêche au gros ?

   Ma réplique le fait rire.

   C’est bon signe. Ça veut dire qu’il ne m’en veut pas trop.

   — On raconte que ton nom serait placardé un peu partout dans l’Est, dit-il en me mettant une seconde couche de bandage au niveau des amygdales. Tu n’es pas le seul – il y en a des centaines d’autres qu’ils recherchent. Mais le problème, c’est que tu demeures très facile à trouver.

   — Je n’ai jamais cherché à me cacher.

   — De tes ennemis, seulement.

   La pique refroidit brusquement l’atmosphère.

   Il m’en veut, finalement.

   Je me redresse douloureusement et tâte du bout des pattes boudinées mon dos brûlé. La fourrure carbonisée n’a, semble-t-il, pas encore commencé à tomber. Je n’ose pas imaginer l’état dans lequel doit se trouver mon épiderme.

   Dweryl ne me regarde pas. Son visage est toujours tourné vers les montagnes qui s’étendent au nord-est, sans dire mot.

   Je me mets debout. Son bras se lève lentement.

   Je me rassois.

   — Tu vas continuer encore longtemps ? me demande-t-il finalement.

   — Tu connais la réponse.

   Il ricane.

   — Tu ne m’as même pas demandé comment j’ai fait pour te sortir de là, Al. Tu ne m’as pas remercié non plus. (Dweryl soupire.) Les autres ont peut-être raison. Je cours après une chimère.

   — Comment m’as-tu retrouvé ?

   — Awendrill était déjà sur le navire, déguisée en sous-officier. (Aucune réponse de ma part. Je suppose que mon rythme cardiaque parle de lui-même.) Elle m’a invoqué après avoir entendu les premiers coups de feu. Je suis arrivé sur le pont quelques secondes après elle… et… elle t’a vu sauter. Non. (Il se ravise.) En réalité, elle t’a vu te faire tirer dessus et tomber dans la flotte. Elle a eu peur.

   — J’imagine.

   — Tellement peur qu’elle a failli se jeter à l’eau pour te récupérer. Mais ce faisant, nos chances de se sortir de ce foutoir auraient été légèrement compromises. Donc mon marcheur du vide s’est chargé de toi.

   — Où est-elle ?

   — Partie. Comme tous les autres.

   La douleur était encore vive, pourtant, quelque chose d’un million de fois plus atroce venait de naître dans ma poitrine. Une souffrance innommable.

   Retrouve-la.

   Mon corps se redresse sans que je ne lui ordonne de faire quoi que ce soit. Dweryl ne réagit pas. Son visage était toujours tourné dans la même direction.

   — Certains voudraient te voir quitter la guilde, ajoute finalement Dweryl lorsque je passe la patte sur mon visage lacéré. Ils estiment qu’un solitaire n’a pas sa place parmi nous. Surtout quand on doit aller lui sauver les miches de temps en temps.

   — Et tu en penses quoi ?

   — Je ne pense pas. C’est plus simple comme ça.

   — C’est lâche de ta part.

   Un drôle de rictus naquit sur le coin de ses lèvres.

   — Je ne répondrais pas à ça, Al. (Son sourire meurt. Je frissonne.) Tu as déjà suffisamment souffert ces derniers temps.

   — Dweryl, déclare une voix grave derrière moi. Les autres nous attendent.

   — Oui.

   Je me retourne. Un Orc imposant, entièrement vêtu d’une armure de plaques peinte aux couleurs de la guilde, se tient de l’autre côté de la colline, les mains fermement appuyés contre le manche de son gigantesque espadon.

   — Une nouvelle recrue ?

   Ma question fait ricaner Dweryl.

   — Fergas ? Tu plaisantes ? Il nous a rejoint en même temps qu'Illtas.

   — Vraiment ? Je ne l’avais jamais vu.

   — Ouais. Je sais.

   Il n’ajoute rien. Le dénommé Fergas me regarde d’un air faussement curieux, comme un enfant fasciné par un lieu dont on l'aurait interdit d’accès. Il resta là pendant trois secondes, trois longues secondes empreintes d'un silence perturbant. Ce n'est qu'après que les deux hommes firent demi-tour et repartirent vers la Baie.

   Je me rallonge. Mon dos me fait toujours aussi mal. Hmpf. Cette pensée me fait sourire. Je ne suis pas vieux. Pourtant, au début, mes blessures ne me lançaient pas autant. Au début… il y avait les autres pour me soutenir, aussi. Je ne me retrouvais que rarement seul, au clair de lune, au seul endroit sur Azeroth où je n’avais réellement jamais mis les pieds.

   Les choses ont changé.

   Mais quand exactement ?

 

 

   La première fois qu’elles avaient changé, c’était il y a deux ans, lorsque la Horde et l’Alliance avaient découvert la Pandarie, et par la même occasion, Shen-zi Su. Moi et Yüne, une amie d’enfance, avions quitté la tortue, comme de nombreux autres Pandarens à l’époque, pour rejoindre le reste d’Azeroth. Nous étions arrivés à Orgrimmar, les yeux aussi écarquillés que pouvaient l’être des balles en cuir.

   Très vite, nous avions rejoint le rempart de Mor’shan à Orneval. Des membres de l’Alliance nous assaillaient de tous les fronts. Au début, nous venions à bout des Elfes de la Nuit sans trop de mal. Nous avions, en cours de route, été rejoint par une Elfe de Sang nommée Nessana, et d’un Tauren – drôle de bête soit-dit en passant – du nom de Séref. Ensemble, nous avions réussi à repousser l’énième attaque de l’alliance, et nous nous étions dirigés vers le nord-ouest, après avoir eu vent des rumeurs qui se répandaient au sujet de Brassenoire.

   Je m’en souviens encore très bien. On avançait à proximité d’une ville ennemie dont le nom m’échappe encore aujourd’hui, lorsque, pour la première fois depuis qu’on avait quitté Mor’shan, Séref prit la parole.

   — Au fait… qu’est ce que vous êtes exactement ?

   Yüne me regarda, mais elle ne répondit pas.

   — Des Pandarens.

   — Jamais entendu parler, glissa l’Elfe de Sang.

   — Croyez-moi, ça viendra avec le temps.

   — J’espère bien. Je suis un Tauren, l’un des plus jeunes à avoir quitté les Pitons-du-Tonnerre.

   — C’est bien.

   — Je répands la lumière partout où je vais.

   — C’est bien, répétais-je lassement, suppliant secrètement maître Shang Xi de le faire taire.

   — C’est surtout naïf, glissa l’Elfe.

   — Attendez.

   On s’arrête tous en file derrière Séref. Il s’accroupit et contemple suspicieusement la route. Sa main se referme lentement sur son énorme marteau en bois.

   — J’ai cru voir quelque chose là-bas.

   — Un cerf ? proposai-je. Il y en a pas mal dans le coin.

   — Non. Quelque chose comme un bélier.

   — Un bélier ? répéta Nessana. Mais c’est...

   — Attention !

   Ma première rencontre -en tant qu'ennemis - avec  l'autre faction fut pour le moins chaotique.

   Un Nain accompagné d’un gigantesque ours m’avait tiré dessus à deux reprises. Le deuxième tir fit mouche, et les impacts qui apparurent sur ma fourrure furent malheureusement les premiers d’une longue lignée.

   Nessana et sa Succube se concentrèrent sur le guerrier Gnome – aussi ridicule qu'une brindille à laquelle on aurait attaché une épée – qui avait chargé Yüne. Le troisième trait d’ombre fit un trou énorme dans son armure, et le quatrième, aussi fin fut-il, emporta sa vie.

   Un troisième tir de fusil m’atteignis au niveau de la poitrine. Mes mains agrippèrent machinalement le tonneau que je portais sur le dos, et d’un mouvement ample, et à peine réfléchi, j’envoyais le fût à pleine vitesse dans la direction du Nain. Il choisit de tirer sur le projectile au lieu de l’éviter, mais le tonneau résista au coup de tromblon.

   Pas comme le crâne du Nain, qui craqua drôlement fort à l’impact.

   Dans le feu de l’action, seul Séref avait vu le druide ennemi transformé en félin qui avait attaqué Yüne, accompagné du Gnome. Il hurla et généra du bout des doigts un filet de lumière aveuglante qui éblouit la panthère.

   Deux explosions de chi croisées la cueillirent ensuite en plein museau, lorsqu'elle rouvrit les yeux.

   On avait eu raison d’un groupe de la faction ennemie. C’était avec une grande joie au cœur, et une douleur relative à la poitrine, que moi, et le reste du groupe, nous étions ensuite dirigés vers Brassenoire. On ne le réalisait pas encore, mais c’était là les prémices de notre guilde.

   Notre commencement… et peut-être, quelque part… ma fin.

 

[HRP] Merci Elanaria pour ton commentaire, ça me fait du bien. J'espère que la suite te plaira ! [/HRP]

Modifié (le) par Brasigen
Structure et commentaire.
2 personnes aiment ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Woaw, j'adore, tu écris vraiment bien, il y a tout ce que le lecteur aime, de la description, du vocabulaire, une orthographe irréprochable, de l'action ! Et j'ai beau ne pas apprécier les pandarens, le tien a l'air d'avoir du caractère, alors, continue comme ça !

1 personne aime ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

[HRP] Bonjour tout le monde ! Voici la livraison de la semaine, avec un léger retard, j'en suis désolé !

 

Merci à ceux qui suivent et apprécient mon travail, ça me va droit au cœur.

 

J'espère que ce chapitre un peu atypique vous plaira. N'oubliez pas, si vous avez une quelconque critique à faire, n'hésitez pas.

 

Bonne lecture ! [/HRP]

 

 

Chapitre III

 

 

   L'air est sec et frais ; enfin, autant qu'il puisse l'être dans cette partie d'Azeroth. La lune a déjà bien progressé dans le ciel nocturne. Personne n'erre à l'extérieur de Baie-du-Butin à cette heure-ci. Personne, à l'exception de deux vétérans d'une guilde poussiéreuse qui viennent de sauver les miches d'un troisième membre ; le plus turbulent d'entre eux.

   Je pénètre dans la Baie-du-Butin avec Fergas, le visage dissimulé sous une capuche éthérée générée par la magie. Même si la manoeuvre attire l'attention des gardes de la cité, elle aura au moins le mérite de faire hésiter nos... amis quelques secondes avant de lancer l'assaut.

   — Tu as un plan ? me demande l'Orc.

   — Comme toujours.

   Mensonges.

   Je revois toujours ce crétin de Pandaren tomber dans l'eau salée, le corps plongeant dans la mare de sang qui s'en échappe. Ce n'était pas la première fois qu'il était si mal en point, mais voir Awendrill dans un tel état de panique....

   — Ils sont là.

   Je m'arrête. Au-dessus de nous, à huit mètres du sol, un groupe d'une dizaine de corsaires humains boivent et discutent à la lueur des torches, sur un balcon en bois suspendu quelques pas après le Maître des Coursiers du Vent de la ville. Ils ne nous ont pas vu.

   Fergas me regarde d'un air inquiet. Je le rassure d'un sourire feint de sincérité.

   — Ils travaillent pour l'Alliance ? s'enquit-il.

   — Ils travaillent pour le plus offrant.

   — Que vient-on faire ici exactement ?

   Je soupire. J'ai horreur de cette phrase.

   — On va faire ce que les autres sont incapables de faire.

   — Quoi ?

   — Fais ce que je te dis. Précisément ce que je te dis.

   Le vent frais cède sa place à une atmosphère nerveuse. Un des humains me regarde, fais les gros yeux, les cent pas, puis, conscient de l'étrangeté de la situation, il se penche et parle à son voisin de bar. Le schéma se répète ainsi de façon quasi-similaire jusqu'à ce qu'un gros bonhomme, que je connais bien, plonge son regard dans le mien.

   Il se lève en silence et rentre dans une maison suspendue. Les autres s'agglutinent sur le balcon, face à nous.

   — Un problème ? fis-je.

   Pas de réponse, jusqu'à ce que le gros corsaire revienne avec un tromblon assorti à sa carrure entre les mains.

   — Dweryl ! hurle-t-il en me maintenant en joue. Tu nous a trahi. Jack a placé une sacrée prime sur ta tronche, depuis ta petite intervention sur la frégate d'Olney. (J'entends les chier cliquer dans le fusil.) Un gros paquet d'or.

   C'est parti. J'inspire... je ferme les yeux. Le démoniste cynique cède sa place, en une poignée de secondes, au plus grand manipulateur qu'Azeroth ait jamais connu.

   — Trahi ? fis-je. En un an, et presque cinq tentatives, vous n'avez pas réussi à mettre la main sur le Pandaren une seule fois. Je vous ai donné sa position à deux reprises, mon gros, et il vous a finalement fallu trente de vos meilleurs hommes pour le capturer.

    — Ce n'est....

   — Je n'ai pas fini. (Il se tait. Les autres ivrognes me regardent toujours.) Je sais que tu m'écoutes, Jack, alors ouvre bien tes oreilles. Le gros tas de graisse qui te sert de lieutenant n'a rien trouvé de mieux à faire que de révéler à la Guilde, il y a trois jours, la position exacte d'Almaran dans les Mers du Sud, après s'être fait tabasser par un de nos paladins. Fidren comptait attaquer le navire avec Awendrill et Loethar. Vous n'auriez pas tenu cinq secondes.

   Je marque une pause. Les volets de la maison suspendue s'ouvrent légèrement, dévoilant l'oeil curieux de Jack, dissimulé à l'intérieur. Je souris. La manœuvre se passe bien.

   — Donc, repris-je, j'ai choisi de rejoindre l'opération pour connaître précisément la tournure des événements. Et devine quoi, Jack ?

   Une orbe magique cristalline se forme au-dessus de ma paume, dévoilant à l'intérieur Almaran, roupillant sur une des collines de Strangleronce à la lumière des étoiles. J'entends le volet se fermer, une porte s'ouvrir, puis vois le vieux Jack apparaître sur le balcon, les yeux rivés sur le Pandaren assoupi.

   — Comme tu peux le voir par le biais de l'Oeil de Kilrogg, il est là, à Strangleronce.

   Le gros gaillard ne répond pas... non, en vérité, personne ne parle. Personne n'émet le moindre son. Tout le monde est suspendu aux lèvres du grand Jack.

   — Je savais que je pouvais compter sur toi, glisse-t-il en dévoilant un grand sourire au coin de ses lèvres. Tu ne pouvais pas me trahir après tant d'années de loyaux services... tu n'es pas comme lui. Dweryl, c'est parfait. Grâce à toi, mon or reviendra bientôt dans les caisses de la Compagnie. Où se trouve-t-il exactement ?

   — Premièrement, dis-je en écrasant l'oeil, on va modifier les termes du contrat. On double ma récompense, en y ajoutant le vaisseau du Pandaren.

   — Pourquoi son espèce de radeau t'intéresse-t-il ?

   — J'y tiens. C'est tout. Deuxièmement.... vous irez le récupérer sans moi. J'ai déjà assez donné, Jack, et ça me tuerait de le voir mourir de mes propres yeux. Je vous confie l'oeil. (Il réapparait devant le capitaine, de la même manière qu'il était apparu avec moi.) Il te conduira à lui.

   — Dweryl... souffle Fergas.

   — Tu auras l'or quand nous aurons ton ami, Dweryl. Pas avant.

   — Ouais. Vous avez tout en main, désormais, tâchez de ne pas tout faire foirer Ce contrat marque la fin de notre accord, Jack. Ne l'oublie pas.

   — Absolument.

    Il ricane. Le genre de bruit strident, froid et inquiétant qui retentit quatre fois dans une bâtisse fermée sans même respecter les lois élémentaires de la physique des ondes.

   Bon dieu, que j'ai horreur de son ricanement.

   — Adieu.

   Je tourne les talons et quitte la Baie, accompagné de Fergas. Je me dirige machinalement vers le nord-ouest, à l'abri des arbres, puis je jette un coup d'oeil autour de nous. C'est là que mes oreilles écoutent pour la première fois les plaines incessantes qu'émet l'Orc depuis que nous avons quitté la ville.

   — C'était quoi ça ?

   — De vieilles connaissances. Aiguise ton espadon, on va en avoir besoin.

   — Tu leur avais déjà vendu Almaran ?

   — Une longue histoire. On bossait pour eux, jusqu'à ce qu'Almaran ne pille les caisses de Jack. J'ai essayé de superviser leurs opérations en leur faisant croire que je restais à leurs côtés. Pour ça... et pour atteindre Jack, il a fallu que je leur fasse croire qu'Almaran est vulnérable.

   — C'est risqué.

   — Oui. Jack est un vieux con, aigri par des années de haine et de pillage. Il est rusé, et en terme de stratégie navale, extrêmement dangereux, mais il a tendance à foncer tête baissée chaque fois que la question relève de son honneur, ou de son or. Ici, en l’occurrence, on a le droit aux deux aspects.

   — Si Jack meurt, la Compagnie cessera de pourchasser Almaran ?

   — Au début seulement. Il va ensuite falloir aller sur l'Île de Corail loin au nord-ouest. C'est un endroit protégé par des courants puissants, où s'est installée la Compagnie des Mers du Sud. Mais elle a fait son temps. (Fergas m'interroge du regard. Une gêne profonde naît en moi.) Si le monde entier se liguait contre l'un d'entre vous, je me tiendrais à ses côtés, Fergas. Quoi qu'il m'en coûte. (Mes mains s'ouvrent sur un autre Oeil de Kilroogg, positionné quelques mètres avant le premier. Je vois la lueur des torches se rapprocher dangereusement de la colline. Ils arrivent.) Bon... ça va être rapide, mon ami. Prêt ?

   — Pour la Horde !

   Une immense boule de feu gangrenée apparaît entre mes mains. Je ferme mes yeux, prononce l'incantation. Il s'écoule une seconde.

   Je les rouvre aux côtés d'Almaran et de Fergas, sur la colline, face à une armée de corsaires trahis et amers. Jack hurle de joie en me voyant arriver. Il sentait venir l'embuscade... et il espérait en sortir vivant.

   Mes mains s'écartent.

   Que le spectacle macabre commence.

 

Modifié (le) par Brasigen
Gros (ENORME) problème d'affichage.
1 personne aime ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Mes félicitations, je passe après longtemps d'absence, mais c'est vraiment un plaisir de lire ton œuvre.
Bien écrit, cohérent, on se prend parfaitement au récit, et on pourrait presque sentir le soleil des mers du sud nous tanner la peau.
Continue, surtout, car tu as un talent certain !

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

[HRP] Bonjour tout le monde ! Ça fait plus d'un an depuis le dernier chapitre… avec mes amis IRL, on s’était absenté pour diverses raisons personnelles, et j’avais arrêté d’écrire.

Profitant de ces vacances, nous avons repris nos activités et par conséquent, les aventures de la Guilde peuvent poursuivre.

Ce chapitre est long, et j’ai mis beaucoup de temps à l’écrire. J’espère que vous l’apprécierez.

Bonne lecture ! [/HRP]

 

Chapitre IV

  

   La rivière de sang coule devant moi, composée d’autant de gouttelettes que l’on pouvait compter en temps de pluie. L’amer goût de rouille avait déjà, depuis des mois, infiltré les moindres recoins de ma mâchoire. Je ne souffrais pas ; du moins, je doute que l’on puisse qualifier cette étrange sensation de douleur.

   C’était bien au-delà de ça.

   Mes bras maigres sont attachés aux murs sans âge de la prison des pirates, et ils le resteront encore, jusqu’à ce qu’elle décide de mettre un terme à mes jours.

   Cette pensée heureuse fit naître sur mes lèvres un curieux rictus. Cela devait faire un an, pourtant. Mes calculs paraissaient juste. Presque quatre cents levers et couchers de soleil. Tellement de secondes comptées… humpf. Me réveillai-je enfin, un an et des centaines de tortures plus tard ?

   J’entends les racailles discuter derrière la porte. Ces crétins de pirates s’agitent. Ce matin, déjà, ils étaient deux à monter la garde, au lieu de l’abruti habituel. Depuis quelques minutes, leur nombre était passé à douze. Bientôt, peut-être, ils pénétreront dans ma cellule.

   Je souris de nouveau ; la balafre qui traversait mes lèvres me fait souffrir, cette fois.

   Des flashs de la bataille de Strangleronce me reviennent en mémoire. Les jets de flamme gangrénée qui dévorent la chair des flibustiers. Les balles qui s’incrustent dans mon torse.

   La tête de Jack qui roule à mes pieds.

   La porte en fer, hurlante comme à son habitude, s’ouvre finalement devant moi. Trois matelots se tiennent là, contemplant mes plaies avec un intérêt à peine dissimulé. Celui du milieu détourne le regard. Il doit être dégoûté de la balafre que j’ai au niveau du cœur.

   C’est vrai qu’elle suinte encore beaucoup.

   — Elle te demande, dit l’humain en baissant les yeux. C’est peut-être enfin ton jour de chance.

   Il me fait sourire ; encore.

   — Elle… elle a promis de me tuer ? fis-je.

   — Elle a fait réunir tous ses hommes dans la grand-pièce. Si elle ne le fait pas aujourd’hui, elle ne le fera jamais. (L’homme apeuré se tourne vers ses compères). Retirez-lui ses chaînes.

   — Z’êtes sûr lieutenant ?

   — Soulevez-le, bordel.

   Ils gigotent, s’activent, s’agitent. Le cri métallique des cadenas fit frissonner mon âme.

   — Je savais… que tu en pinçais… pour moi.

   L’humour fit saigner d’avantage mes lèvres sèches.

   — J’ai découpé pas mal de gens, répondit le lieutenant. Je pense qu’il serait bon que cette horreur cesse. (Il se penche sur moi et me saisit le bras). Attendez-nous devant. J’ai à lui parler.

   Ils s’exécutent encore.

   — Ils vont venir, murmurai-je sans m’en rendre compte.

   — La Guilde n’a pas donné de nouvelles depuis un an. Elle le sait bien ; elle les attend. Il est peut-être temps pour toi de disparaître à ton tour, tu ne penses pas ?

   — Ils vont venir… j’les connais. Ils viennent… toujours.

   — C’est bientôt fini, Dweryl. Allez, viens. Donne-moi ton bras.

   En sortant de ma cellule et en se dirigeant vers l’intérieur de la forteresse, je passe devant d’innombrables pirates qui me défigurent. Je ne reconnais aucun mur, aucune fenêtre, aucun visage ; tout autour de moi paraît flou, comme dans un rêve. Tout paraît irréel.

   L’embuscade de Strangleronce s’était évidemment retournée contre moi, même si le réel ennemi à ce moment-là avait été mon arrogance. Ils avaient été trop nombreux. Cinquante pour trois, dont un Pandaren salement amoché. N’importe quel abruti aurait pu deviner qu’il y en avait trop.

   Tue le vieux Jack.

   Un ordre qui paraissait si simple sur le papier. Il suffisait de tuer le chef des pirates de Strangleronce et de partir à travers le portail. Il… suffisait.

   — On arrive.

   Une énième porte s’ouvre, et je reviens à moi. Elle est assise sur une sorte de grand promontoire creusé dans la roche, élevé au-dessus des centaines de pirates qui nous regardent. J’aurais dû y penser avant.

   La base des pirates ne se trouvait pas sur une île ; elle avait été creusée à même la pierre à l’intérieur d’un gigantesque récif, ou d’un atoll surélevé.

   — Je vous présente un des membres de la Guilde qui nous a causé pas mal de soucis dernièrement : Dweryl.

   La voix de la belle rousse retentit dans la caverne, jusqu’à mes oreilles. J’ignorais le nom de celle qui se tenait en lieu et place du Seigneur des Pirates de cette partie de l’océan, mais je savais reconnaître sa voix. Je pouvais la reconnaître entre mille, après toutes ces horreurs qu’elle m’a fait subir.

   — Salut, bredouillai-je.

   — Pour ceux qui ne le savent pas encore… cet homme est responsable du décès du Grand Seigneur Jack. D’autres le connaissent sûrement ! Il faisait partie de l’équipage du capitaine Drakkensang, avec les dénommés Almaran et Alakam. Des traîtres, tous autant qu’ils sont !

   Une grande huée provint de la gigantesque assemblée. Je l’ignore ; j’ai déjà suffisamment de mal à rester éveillé.

   Le lieutenant prend la parole.

   — La raison pour laquelle nous le maintenons en vie depuis sa capture n’est plus valide, Seigneur Selena. La Guilde n’a plus donné de signe de vie depuis lors. Je pense qu’il serait temps de…

   — C’est moi qui pense ici, trancha la reine des pirates, pas toi. (Elle se tourne enfin vers moi). Je dois avouer que les druides ont fait un excellent travail. On aurait presque du mal à imaginer la quantité de chair que tu as perdu depuis que tu es ici, sans ces quelques cicatrices. (Une insulte fendit l’air, mais n’atteint malheureusement pas ses oreilles d’Elfe).  Enfin bref. Je te gardais ici parce que j’espérais que tes compères viendraient te libérer, mais ils ne sont jamais venus. Ce n’est pas faute de leur avoir envoyer des messages. (Elle marque une pause). Tu ne me sers plus à rien, Dweryl, alors on va s’en arrêter là, tu veux bien ?

   Pour la première fois depuis un an, un rictus sincère naquit sur mes lèvres déchiquetées.

   — Magnifique, déclara-t-elle. Dans ce cas, j’invite tous les matelots ici présents à laisser une cicatrice sur le corps de cet homme. N’importe quoi ; laissez-y votre petite touche personnelle.

   Quoi ?

   — Je m’assurerai personnellement qu’il reste en vie jusqu’à ce que nous ayons terminé. Ensuite, seulement ensuite, Dweryl, je t’autoriserai à mourir.

   — Mais pourquoi ?

   La question était sortie de ma bouche avant que je m’en rende compte.

   — Tu as tué mon père, fumier. (Elle sourit à son tour). Almaran recevra tes restes, je le promets. (Elle tourna les talons.) Faites !

   — Pas si vite.

   La nouvelle voix, forte et autoritaire, trancha radicalement avec celle, plus douce, de Selena. Une silhouette arrondie apparut à ma gauche, surgissant du même couloir d’où le lieutenant m’avait tiré. Une silhouette très familière : celle d’Almaran.

   — Tu ne me donnes pas le choix, Selena.

   — Toi ?!

   — Drakk !! Maintenant !

   Quatre gigantesques explosions retentirent dans la caverne, et un pan entier de la roche au fond de celle-ci s’effondra, dévoilant derrière elle trois énormes navires de guerre remplis de guerriers de toutes origines. Une bonne partie des pirates de Selena mourut soufflé par l’explosion, ou écrasée sous les débris. Le chaos s’était brutalement immiscé dans la Baie.

   — Allons-y frangin.

   Almaran me soulève par le bras. La joie me submerge.

   Je pleure, avant de m’évanouir.

 

 

   — Allons-y frangin.

   Dweryl s’avère être bien plus léger que ce que je pensais. Je le pose sur mon épaule et fait volteface, avant de poser les yeux sur le pirate qui se tenait à moins de trois mètres de moi.

   — Tu n’attaques pas ? demandai-je, la patte caressant mon bâton.

   — Il a déjà suffisamment souffert ; emmenez-le loin d’ici.

   — Fais gaffe à toi, humain. La Guilde ne sera pas aussi clémente si tu traînes tes bottes ici. (Un coup d’œil ; Dweryl semble bien positionné.) Adieu.

   Je m’enfonce dans le corridor de pierre. La base principale des pirates avait une architecture réellement impressionnante. Elle n’avait été construite qu’à coup de canons et de bombes, ce qui donne un aspect vraiment unique au corail qui servait de mur dans ces cavernes. Les tunnels qui s’étiraient sous la grand-pièce rejoignaient pour la plupart la jetée au nord du récif. Il me suffisait de…

   — Le Pandaren ! tonna une voix familière. Ici vite !

   Je me tourne, et souris. Mon ancien capitaine se tient au milieu d’une gigantesque brèche dans le mur, un sourire anormalement large peint sur les lèvres.

   — Capitaine. Vous avez fait un raccourci ?

   — C’est le bordel ici mon garçon, rétorqua le mort-vivant Drakkensang. L’équipage a déjà subi pas mal de pertes, mais je peux t’assurer que Selena a du souci à se faire pour ses p’tites miches.

   Alakam, un grand troll à la peau mate prit à son tour la parole.

   — Ecoute-moi mec ! En continuant dernière nous tu d’vrais rejoindre Loethar et les autres. Fidren, Séref et Awendrill ont déjà pris d’assaut le vaisseau de Selena. S’tu veux mon avis, il va pas tenir longtemps.

   — Merci mon pote. Vous allez faire quoi ?

   — Deux crétins d’Orc sont allés rejoindre la Pandarenne sur la jetée. On va aller leur donner un coup de main.

   — Illtas et Fergas ?

   — Connais pas leur nom, mec, mais ils étaient pas bien fûtés.

   — Personne ne s’occupe de Selena ? demanda Drakkensang.

   Je ricane. La stratégie de Fidren était bien pensée.

   — Sans navires, ils ne pourront pas quitter la baie. Cette caverne sera son tombeau, quoiqu’il arrive.

   — Ramène déjà l’Elfe de Sang au navire. Tu t’occuperas du reste ensuite.

   J’acquiesce et reprends la route. Je traverse rapidement les tunnels inférieurs de la Baie, défonce quelques crânes d’humains à coup de tonneaux, puis j’atteins le port au sud. Enfin ; port est un bien grand mot. En réalité, il s’agit plutôt d’un minuscule atoll auquel on avait attaché une poignée de barques.

   J’ai de la chance. En retournant sur mes pas, je passe à côté du plus gros de l’assaut. Partout autour de moi, la Baie de Corail s’effondre sur elle-même, engloutissant des dizaines de pirates. Des flèches, des balles, et toute sorte de projectiles fendent l’air. Je ne prends même pas la peine de les éviter : je ne suis pas leur cible.

   Pas encore.

   Le vaisseau de Fidren apparaît finalement à travers un gouffre creusé dans la roche, baignant à l’abri des regards dans une gigantesque alcôve rocailleuse. Je vois Loethar me faire signe de monter depuis la proue du navire. Je m’active.

   — Malrïc t’attend à l’intérieur.

   — L’assaut se passe bien ?

   — Je l’espère. On a plus de nouvelles du groupe de ma sœur depuis qu’elle s’est mise en tête de bousiller le bateau de Selena.

   — Awendrill est une dure à cuire tu sais.

   — Je sais, c’est pas le soucis. (Les yeux clairs de Loethar se posent sur Dweryl). Il souffre.

   — Il a morflé.

   — Je ne parle pas de la douleur physique, Almaran. Je ressens quelque chose… de cassé, en lui.

   J’apprécie énormément Loethar, mais étant un grand cynique, j’ai toujours eu du mal à croire en cette Lumière que prêchent autant les paladins et autres défenseurs du Bien. Je trouve cela trop… naïf.

   — C’est ça que je dois soigner ? demanda une voix étouffée depuis l’intérieur du navire.

   Un frêle mort-vivant, bien plus pâle que puissent l’être ses confrères, surgit de l’ombre, vêtu d’une simple robe à l’allure sinistre.

   — Ça te pose un problème, Malrïc ? demanda le Pandaren.

   — Je suis un prêtre d’Ombre, mon gaillard. Ce genre de… plaies, je ne suis pas sûr de pouvoir le guérir. La Lumière… ne fait bon ménage avec les Réprouvés.

   — Je m’en occupe, ajouta rapidement Loethar. Essaie de rejoindre ma sœur, Almaran. Dweryl est en sécurité à présent.

   — Pas encore.

   La voix de Malrïc est soudainement devenue grave, et sombre. Ma nuque frissonne, puis je me tourne vers lui, et mes yeux voient ce que me montre son doigt frêle, dans la Baie.

   — On va avoir de la compagnie.

   Le Réprouvé a raison. Des dizaines de pirates viennent d’apparaître devant le navire, dirigé par un étrange Gobelin à l’allure farfelue. Je ne pensais pas que les pirates resteraient organisés aussi longtemps après l’attaque.

   — Y en a combien à l’intérieur du bateau ? demandai-je.

   — Quatre ou cinq recrues, tout au plus.

   — Sous les ordres de ?

   — Nessana.

   — Alors va me les chercher de suite. Ils montent !

   Je saisis mon bâton et bondit sur le ponton du navire, ma patte caressant le tonneau attaché dans le bas du dos.

   — A nous de jouer, les enfants.

 

 

   Saloperie de Pandaren.

   Enfoiré d’Elfe de Sang.

   Putain de Drakkensang !

   — Tous les hommes avec moi !! hurlai-je. On reprend le navire et on dégage d’ici.

   — La jetée grouille d’ennemis, ma dame, il serait peut-être plus judicieux de…

   — Ferme-la !

   Ce crétin de Nain avait raison, et il le savait. La Guilde a déjà pris possession de la jetée au nord de la Baie, et étant donné que le plus gros de ses troupes arrive depuis le sud, mes hommes se font écraser de tous les côtés. A ce rythme, nous allons…

   Merde !

   — Les canons, demandai-je, où sont les canons ?

   — Sur les remparts supérieurs ma dame. Des hommes sont déjà montés.

   — Pourtant je n’ai entendu aucun coup de feu, rétorqua un autre matelot.

   — Je veux dix hommes sur les remparts nord ! Qu’ils arment les canons. Si le moindre bateau quitte la Baie, allié ou ennemi je m’en fous, je veux qu’il soit réduit en charpie ! Compris ?!

   — Oui ma dame.

   — Alors cassez-vous !

   Une poignée d’énergumènes, hésitants, s’échangèrent des regards, puis le Nain fit nommer quelques personnes à sa suite, et il s’enfonça dans la Baie accompagné de ses nouveaux hommes.

   Mon rythme cardiaque ralentit petit à petit.

   — Les autres avec moi. On essaie de nettoyer la jetée.

   — Compris.

   Nous nous mettons en marche, et, aussitôt, je me demande où nous avions pu nous rater. Le Pandaren avait dû infiltrer la Baie plusieurs heures auparavant, de sorte à être présent au moment où je demande l’exécution de l’Elfe. Pourtant, il n’y avait aucun moyen qu’il sache quand j’allais me décider à le faire. Mes propres lieutenants ignoraient la date exacte de la mort du prisonnier, alors comment…

   Les gardes.

   Quelle imbécile.

   — Attention ma dame !

   Une flèche fend l’air devant mes yeux : je m’arrête net et mes pensées disparaissent, dévoilant devant moi un spectacle macabre. Nous avons réussi à atteindre la jetée où se déroulent les plus gros affrontements entre la Guilde et les pirates ; des pans entiers du port explosent sous l’impact des sortilèges ennemis, emportant par la même occasion nombre de navires et d’armes de guerre. Heureusement, la colonne en acier qui maintient le pont principal en état a l’air de résister aux chocs. Tant qu’on reste là, ça devrait le faire.

   — Le navire, demandai-je, où est-il ?

   — Là-bas. (Un matelot lève le doigt vers la mer). Il a déjà quitté la Baie.

   Les canons ! Ils foutent quoi ?

   — Raah ! Alors on va le rejoindre. Avec moi, jusqu’aux barques !

   Les gardes !

   Ils ont su que l’exécution se déroulait aujourd’hui parce que j’avais demandé à tous les gardes de se replier vers l’intérieur de la Baie, afin de pouvoir assister à l’exécution de l’Elfe. Ma vanité, et mon envie de rendre théâtrale la mort de ce misérable assassin ont eu raison de moi. ‘Chier. C’est le comportement d’une gamine ça, pas d’une reine.

   — Ma dame !!

   Retour à la réalité, une fois de plus. Je pare une lame courbe au niveau de ma joue, puis, instinctivement, je saisis mon tromblon et tire à bout portant sur le Troll qui s’agite devant moi. Un son étrange s’échappe de sa bouche, puis il tombe à la renverse et son corps disparaît dans la mer.

   Concentre-toi Selena, tu réfléchiras à ça plus tard.

   Le navire. Je tourne ma tête à gauche et vois les embarcations attachées à la jetée, en contrebas. Trois barques semblent encore en état de flotter. Tout juste de quoi emporter six hommes.

   La partie droite de la jetée explose soudainement sous les tirs de mon propre navire, qui baigne au large de la Baie. La déflagration dévore une bonne partie du ponton en bois avant de s’arrêter à vingt mètres de moi. Ça va, je ne risque rien.

   Il y a des morts, mais je ne risque rien.

   — Six hommes avec moi ! On reprend mon navire.

   — Ma superbe Selena ! Comment ça va ?

   Je me tourne, et mes yeux croisent ceux sans vie du traître Drakkensang.

   — Toi !

   — Depuis le temps que j’attends de tout faire sauter ! (Il éclate de rire.) Tu ne peux pas imaginer ce que ça me fait.

   — Je t’ai déjà tué une fois, Drakk. (Mon épée courbe siffle dans l’air.) Je peux très bien réitérer !

   — Justement, ma belle. (Les lèvres blêmes du Réprouvé se déformèrent en un affreux rictus). Toi et moi, on va remettre les compteurs à zéro, ahahahah !

   Une boule de feu se forme dans la main de l’ancien Capitaine. Je bondis sur le côté ; la chaleur frôle mes côtes mais les flammes ne m’atteignent pas. Rapidement, je me redresse et je brandis mon fusil dans sa direction, et les chiens amorcent la cartouche.

   Un moment d’hésitation me frappe lorsque je vois sourire de nouveau cet horrible énergumène.

   — Boum, ahahah !

   Boum ?

   Un autre morceau de la Jetée détone derrière moi, et le souffle me projette par-dessus la rambarde, dans la flotte. La douleur est vive dans le bas de mon dos… bordel mais qu’est ce qui s’est passé ?

    On me saisit par les épaules et me remonte sur une barque, à mi-distance entre la Jetée et mon navire. Je me retourne et contemple la Baie : l’immense rocher dans lequel j’avais passé les quinze dernières années n’est plus qu’un amas de roches enflammées. Ils vont me le payer…

   — Z’allez bien, ma dame ?

   Je hoche la tête. Les couleurs me reviennent petit à petit. Deux hommes et une naine, c’est tout ce qu’il me reste, et on s’éloigne de plus en plus de la Baie. Ah, saloperie de Drakk… je comprends sa manœuvre lorsque mes yeux se posent sur les caisses de poudre qui parviennent encore à flotter à la surface.

   Sa boule de feu ne me visait pas moi. Tsss, enfoiré !

   — On f’ra quoi une fois là-d’ssus, ma dame ?

   — Les ordres sont pourtant clairs, abruti. On nettoie mon vaisseau et on fout le camp d’ici. On va devoir récupérer les hommes qu’on a posté à Baie-du-Butin.

   — Quatre matelots, c’est pas assez pour un navire pareil. On coulera, pour sûr.

   La naine a raison.

   — Alors j’espère que les eaux nous seront favorables.

   Je me redresse douloureusement à l’approche du navire : une bonne partie de mon dos a été brûlé par l’explosion, mais je devrais encore pouvoir me battre correctement.

   — Vous deux, vous allez venir avec moi. Toi ! (Je pointe du doigt la naine). Tu gardes la barque, et tu vas essayer de pêcher quelques survivants, par là. On a besoin d’un équipage.

   — Bien, Seigneur.

   Au moment-même où mes lèvres s’arrêtèrent de remuer, un boulet de canon fendit l’air et vint balayer la proue de mon navire. L’horrible fracas du métal sur le bois déchira mon âme.

   — Ils foutent quoi, bordel ?!

   — Y suivent vos ordres.

   Je vais les tuer. Tous les tuer.

   — Dans ce cas, changement de plan. Tous les deux : vous allez faire cesser ces coups de feu, et seulement après vous me rejoindrez !!

   — Faut y r’tourner à la nage ?

   — Utilisez vos fusils, abrutis !

   — A cette distance ?

   Je me penche sur l’homme à la peau mate, et lui susurre lentement :

   — Si un boulet de canon frôle encore mon vaisseau, je couvrirai les trous avec votre propre peau. Suis-je clair ? (Ils hochent la tête.) Bien ! Je compte sur vous.

   Puis je bondis sur les cordes du navire. Un équipage entier n’a pas pu prendre possession du navire en si peu de temps, et sans que personne ne s’en aperçoive. Ils doivent être peu nombreux ; au maximum cinq ou six. Et s’ils sont d’aussi piètre qualité que ces andouilles…

   Calme-toi, Selena. Ça va aller.

   Je monte finalement sur le pont du vaisseau, et ne vois qu’une Elfe de Sang, assise devant le mât, qui m’accueille avec un grand sourire.

   Ça va clairement aller.

   — Dégage de mon navire, connasse, avant que je ne le reprenne de force.

   Elle sourit.

   — Fidren avait raison. D’une façon ou d’une autre, tu as désespérément cherché à rejoindre ton navire. Je comprends maintenant pourquoi ton père était si récalcitrant à te nommer à sa suite.

   — Pardon ?

   — Je me nomme Awendrill. (L’Elfe se redresse et saisit un grand bâton de magie). Et l’homme que tu as torturé est mon ami, Selena.

   Ses yeux se chargent d’une étrange lueur bleue. Je ne la sens pas.

   — J’ai torturé bien des hommes, sorcière !

   Je saisis mon fusil.

   — Et Dweryl sera le dernier. (La lueur bleutée jaillit brutalement de son corps.) Je te le promets.

Modifié (le) par Brasigen
Mise en forme, as usual.
2 personnes aiment ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Ooh, encore et toujours excellent. Je n'ai même pas eu besoin de relire les précédentes parties pour me remettre dans l'histoire, c'est bien mené ! La seule petite chose qui m'a étonnée, c'est qu'après un an de souffrances et tortures, notre bien-aimé Dweryl a l'air d'avoir encore parfaitement toute sa tête ! Je ne doute pas de son mental d'acier, mais au bout d'un an, je serais devenue carrément dingue à sa place... 

On en veut davantage, désormais ! c:

2 personnes aiment ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

[HRP / Merci Elenaria pour ton commentaire, même si ça commence à dater ! Pour Dweryl, eh bien, d'une, on partira du principe qu'il a un mental d'acier (mais pas sans failles), et de deux, pour les plus sceptiques... on parlera de pirouette scénaristique !

La suite est là. On retourne petit à petit au "pourquoi" de ce background : les aventures de la Guilde, et les prémices de quelque chose qui est un peu parti dans tous les sens.

J'ai essayé de faire varier mon style, j'espère que ça plaira. / HRP]

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Chapitre V

 

 

   — Nom de…

   Le sol tremble, et un gigantesque pilier de glace surgit de l’autre extrémité de la Baie, réduisant en miettes le vaisseau de Selena. Le combat cesse brièvement dans la base des pirates : l’espace de deux secondes, tous les pirates ont le regard braqué sur le navire dévasté, espérant revoir émerger leur reine.

   Mais elle ne remonterait jamais à la surface, car son corps avait été broyé par les javelots d’Awendrill. Je le savais.

   Même en me battant sur le quai opposé, le simple fait de sentir la vibration du sol m’avait suffi à en déterminer la source. Une pensée sombre caresse mon esprit : troisième règle de la Guilde.

   Ne jamais mettre Awendrill en colère.

   — Il s’est passé quoi là ?! hurle Drakkensang, qui vient d’encastrer le manche de son épée dans le crâne d’un flibustier.

   — Selena est morte. (A mon tour, je broie les côtes d’un Nain d’un coup de paume.) Fidren et les autres ne devraient plus tarder !

   Elle a concentré tant d’énergie pour invoquer un tel sort…

   — Ils reculent ! fit Alakam.

   Je m’avance.

   — Tant mieux. Retournez sur le pont avec le capitaine et ne laissez personne monter à bord. Vous partirez au retour du chef. Je vais chercher le groupe de Yüne, on se retrouve au point de rendez-vous.

   — Mais vous n’avez pas de navire ! hurle mon capitaine.

   — Il y en a d’autres, de plus petite taille, sur le flanc ouest de la Baie. Allez, du nerf !

   Je frappe d’un coup sec le pirate face à lui, mais ce dernier pare aisément le coup. Il n’a cependant pas vu le tonneau qui était attaché à la pointe de mon bâton et, me servant du manche comme d’une catapulte, le baril dessine un arc de cercle dans les airs et s’enfonce dans le crâne de mon adversaire. Ce dernier s’effondre en arrière, marquant sa chute d’un glorieux « Gmrrhllbl » qui resterait à jamais gravé dans ma mémoire.

   — Quelle mort de …

 

 

   Merde.

   Où suis-je ? Qui suis-je ? Que se passe-t-il ?

   Mes membres sont lourds… je ne ressens même pas mon cœur battre. Je regarde autour de moi ; mon corps baigne dans une sorte de marée noire. Une marée qui, étrangement, murmure à mes oreilles.

   Mais je ne comprends pas ses dires. Je ne parviens même pas à discerner sa voix parmi toutes les autres. Toutes celles qui me demandent de me réveiller. Ah ! Si seulement c’était aussi simple…

   — Dweryl !

   Mais la douleur est trop grande.

   — Dweryl !

   — Dweryl !

   J’ouvre les yeux et tente de me redresser, mais une douleur vive sous ma poitrine me plaque au sol.

   — Comment tu te sens ?

   Awendrill est penchée sur moi, son regard mêlant à la fois inquiétude et chagrin.

  Je ne comprends pas.

   — Où suis-je ?

   — De retour parmi les vivants.

   La voix de Fidren venait de me répondre ; je devinais que l’Orc se trouvait quelque part derrière moi, avec son air sévère éternellement figé sur le visage.

   — Il s’est passé quoi ?

   — Tu t’es pris un coup d’épée dans le flanc pendant qu’on se frayait un chemin dans la bibliothèque. Awendrill a réussi à arrêter l’hémorragie, mais tu as besoin de soins.

   La bibliothèque ?..

   Ah oui, ça me revient maintenant. Le monastère écarlate. On était censé l’infiltrer…

   — Leurs renforts ne tarderont pas à arriver, il faut partir vite. Tu peux marcher ?

   Je me tourne vers Fidren.

   — J’ai l’air de pouvoir marcher ?

   — Merde. Si seulement…

   — Les intrus sont là !

   Un groupe de croisés déboule dans le couloir. Fidren et Awendrill s’interposent entre eux et moi. J’ai du mal à compter, ou à discerner les soldats ennemis de là où je me trouve ; néanmoins, je sais reconnaître une situation désespérée lorsque j’en vois une, et je peux affirmer avec certitude que mes deux compagnons ne feront pas le poids contre ces renforts.

   — Fuyez.

   — Pas question.

   — On a échoué… bredouille-je. Cassez-vous.

   — Pas question, répéta Awendrill. Je ne te laisserai pas ici.

   Bordel.

   Les croisés chargent, et Awendrill commence à murmurer ses incantations. Je tente une fois de plus de me redresser, mais mes jambes me rappellent immédiatement à l’ordre, et je tombe de nouveau, face contre terre. J’entends les épées s’entrechoquer avec le marteau de Fidren, et puis…

   Et puis un fracas.

   Je lève la tête et vois arriver deux nouveaux combattants, bien plus grands et larges que les autres. Ma vision se trouble : je vois un Tauren et… une grosse tâche blanche et noire se joindre à Fidren. La tâche se jette sur un soldat et le jette à terre. Fidren en balaie un autre d’un coup de marteau, tandis qu’Awendrill empale le troisième d’un coup de javelot.

   Mes yeux ne parviennent pas à suivre ce qui arrive au quatrième individu, et pourtant, le combat vient de se terminer.

   — Vous avez eu chaud, dit la tâche.

   Elle a une voix grave et autoritaire, un peu comme celle de Fidren.

   — Qu’est ce que vous faites ici ? demande Awendrill.

   — On est venu vous faire sortir de là, reprit la tâche. Vingt aventuriers ont pris d’assaut la cathédrale du monastère. Votre rôle se termine ici.

   — On a aidé à prendre l’armurerie ! ajoute vivement le Tauren.

   — Oui Séref, on a aidé.

   — Notre commanditaire nous a ordonné de…

   La tâche coupe fermement Fidren :

   — Madame Voss nous a ordonné d’infiltrer le Monastère pour le détruire de l’intérieur et c’est précisément ce que nous avons fait. Elle guide l’attaque de la cathédrale en ce moment-même parce qu’elle espère emporter la tête de la grande inquisitrice. Quoiqu’il en soit, nous n’avons plus rien à faire ici. Venez !

   — Mon ami ne peut pas marcher, ajoute simplement Awendrill.

   — Je vais le prendre sur mon épaule.

   — Hors de question ! fis-je violemment. Personne… ne me porte.

   — On n’a pas le choix. Allez hop !

   La tâche se rapproche, et je discerne une silhouette que je n’avais jamais vu auparavant. Grande, grosse, et à l’apparence presque enfantine, comme les peluches que l’on offre aux enfants. Une forme grossière… et pourtant, si rassurante.

   — Mon nom est Almaran, dit-il en me tendant son bras, et lui c’est Séref, un très bon ami.

   — Fidren.

   — Awendrill.

   Puis tous les regards se braquent sur moi.

 

 

   — Dweryl !

   Je me réveille, une fois de plus, dans un piteux état. Mes yeux s’ouvrent sur la première image chaleureuse depuis bien longtemps : Awendrill, les larmes aux yeux, qui referment ses bras sur moi. Une étrange sensation naît dans les profondeurs de mon âme. Une sensation agréable.

   — Enfin…

   — Awendrill.

   Derrière elle, je vois un Réprouvé en robe qui me dévisage, et à sa droite, Loethar et Fidren qui restent impassibles, comme à leur habitude. On se trouve dans une petite pièce rectangulaire en bois : je devine qu’il s’agit d’une cabine de navire.

   — Comment tu te sens ? me demanda-t-elle.

   — Beaucoup mieux.

   Je la serre à mon tour, plus fort. La joie me submerge, et je peine à retenir les larmes qui s’échappent de mes yeux.

   Puis ces derniers se posent sur Yüne, la pandarenne qui était en train de soigner le Troll au fond de la pièce, et un autre nom jaillit dans mon esprit.

   — Où est Almaran ?

   Personne ne me répond. Awendrill se redresse doucement, me sourit, puis elle s’éloigne pour me laisser me mettre debout à mon tour. Fidren me répond ensuite :

   — Les autres sont sur le pont.

   Je sors. Je me sens plus en forme que dans mes souvenirs ; j’arrive à marcher et je recommence à sentir la magie affluer dans mes veines. La douleur permanente que je ressentais depuis mon incarcération commence enfin à se dissiper. Je me sens en vie.

   Devant moi, sur le pont, je vois le capitaine Drakkensang discuter avec Séref, Illtas et Fergas, à côté du mât. Nessana reste près de la proue, accompagné d’une druidesse que je ne pense pas connaître.

   Je ne le vois pas.

   — Où est Almaran ? répète-je, plus sèchement.

   Tout le monde se tourne vers moi, mais personne ne répond. Je m’impatiente.

   — Il est parti ?

   — On ne sait pas où il est, fit Fidren. Tu le connais…

   — Il est parti ?..

   Sans que je ne m’en rende compte, une pointe de colère est trahie dans ma voix.

   Et rapidement, mes yeux la trahirent, eux aussi.

   — Il est parti ?! Déjà ?

   Mes forces reviennent plus brutalement que prévu, et des flammes gangrénées jaillissent de mes mains, tournoyant autour de ma personne. Je ne les contrôle même pas ; pourtant, elles évitent manifestement d’attaquer le navire et se contentent simplement de repousser les autres.

   Mais ma colère gronde, et avec elle, de nouvelles flammes, plus grandes, jaillissent de tout mon âme.

   — Dweryl ! hurle Awendrill. Arrête s’il te plaît !

   — Pourquoi il est parti ?..

   — Malrïc ! hurle Fidren. C’est ce que t’appelles mal au point ?!

   — Tu m’as demandé de le soigner, répliqua froidement le mort-vivant, et c’est ce que j’ai fait !

   — Arrête frangin.

   Tous se tournent et voient le Pandaren se tenir debout, au-dessus de la cabine, sa main gauche posée sur le gouvernail du navire. Je ressens comme une pique au niveau du cœur. L’agréable sensation revient aussitôt…

   Et est balayée par toute cette rage qui déforme mes traits.

   — Tu t’apprêtais à partir, avoue-le, comme à chaque fois ! hurle-je. Pourquoi… pourquoi es-tu obligé de toujours devoir te la jouer cavalier seul ? Hein ?!

   — Arrête.

   Un torrent de larmes coule sur mes joues.

   — Pourquoi avoir mis tant de temps pour venir ?! Un an !! Une putain d’année ! Tu crois que j’ai attendu moi, quand Awendrill m’a appris que ces connards allaient t’exécuter sur un de leurs navires ?!

   — On ne pouvait pas faire autrement.

   — Moi je n’aurais pas hésité une seule putain de seconde…

   Les gangreflammes s’intensifient encore.

   — C’est pour ça que tu t’es fait capturer, affirma Fidren.

   — J’ai cherché à aider un ami !!

   — Je sais. (Je me retourne vers lui et avant que je ne puisse ouvrir la bouche, il reprend). Et en tant qu’ami, moi aussi, je comprends ce comportement, mais je suis également le chef de la Guilde, et en tant que tel, je ne peux pas tous vous voir comme des amis. A mes yeux, et au vu de tout ce que nous avons traversé jusqu’à aujourd’hui, vous êtes ma famille. Et je ne peux pas laisser ma famille tomber dans un piège aussi absurde.

   » Séref, Illtas, Awendrill… et Almaran, tout le monde était prêt à partir te sauver après le rapport que nous avait fait Fergas. Fergas avait même déjà dégainé sa hache, alors qu’on n’avait même pas encore décidé de la marche à suivre. Mais je leur ai empêché de commettre l’irréparable. En tant que chef de famille, je ne peux pas risquer la vie d’une personne pour en sauver une autre. C’est inenvisageable.

   — J’aurais pu… mourir…

   Les flammes ont déjà perdu leur couleur verdâtre.

   — Almaran a réuni l’intégralité des membres de la Guilde pour te sauver – et nous savons tous à quel point il s’agit d’un exploit. Je suis désolé si cela a pris tout ce temps… mais quoique tu puisses ressentir à ce propos, j’en assume entièrement la responsabilité. C’est ma décision, Dweryl.

   — Ecoute frangin, ajoute Almaran. Je ne sais pas ce que t’as vécu là-bas… mais c’est fini. On est là, maintenant, et on te lâchera plus.

   Je fonds en larmes.

   J’ai envie de mourir tant la douleur est forte.

   — Promis ? lâche-je entre deux sanglots.

   Almaran sourit, et me tend son bras.

   — Promis.

 

 

   Tout était ensuite rentré dans l’ordre. Tout le monde était retourné à ses occupations, et la nuit tomba rapidement sur les nouveaux navires de la Guilde. Il y en avait trois, bien que deux suffisent largement pour emporter tout le monde. Drakkensang avait le commandement du plus grand d’entre eux – son propre navire, la Douce Veuve –, Fidren le second et moi le troisième.

   Eh oui. Moi, Séref, grand paladin Tauren, ait hérité du troisième bateau !

   Bon, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de monde à mes ordres. La vingtaine de pirates qu’Illtas et Fergas s’étaient amusés à capturer œuvrent au bon entretien du bateau. Quelques-uns ont déjà tenté une rébellion : j’ai remarqué qu’il suffisait d’en balancer deux ou trois par-dessus bord, et tout rentrait dans l’ordre. C’est drôle quand même.

   Mon nom, donc, est Séref. Je fais partie des premiers membres de la Guilde : avec Awendrill, Almaran, Dweryl et Fidren, à l’époque où nous n’étions qu’une idée qui avait germée dans la tête de l’Orc. Yüne, Nessana et une poignée d’entre nous ont rapidement rejoint ensuite. Enfin ! Je connaissais la Pandarenne avant même de rencontrer Fidren. C’est pas le problème : c’est juste que, à l’image d’Almaran, elle disparaissait souvent et revenait comme ça lui chantait.

   Drôles de bestioles quand même, ces Pandarens. Almaran avait quand même réussi à se mettre à dos une bonne partie de la Guilde, avec son comportement solitaire. Personnellement, j’arrive pas à comprendre ça. Une Guilde, c’est avant tout fait pour progresser ensemble… mais malgré cela, je ne peux pas lui en vouloir. Almaran, c’est un peu le doyen du groupe. Il est assez vieux, et je crois qu’il s’agit du plus expérimenté de tous.

   Je crois.

   Je ne sais même plus quoi écrire de plus sur ce journal. Je me suis dit que bon, étant donné que ce soir, je me retrouvais seul sur mon navire avec Loethar, j’allais pouvoir m’essayer à l’écriture. Almaran aime bien écrire. Il ne le fait plus depuis très longtemps, mais je me souviens qu’au début, il me faisait lire ses histoires.

   Loethar m’appelle, je vais laisser ma plume. La traversée des Mers du Sud risque de prendre encore quelques jours. Je vais essayer de voir avec les autres, pour discuter un peu du bon vieux temps, maintenant que tout le monde est réuni.

   Dweryl est de retour parmi nous, et la Guilde n’a jamais été aussi forte. C’est agréable.

   Je ne sais pas trop comment terminer cette page de mon journal. En fait, je ne sais même pas si quelqu’un le lira un jour, alors je vais abréger un peu bizarrement.

   Voilà.

 

                                                                                                                                                             Séref.

  

Modifié (le) par Brasigen
Corrections multiples
1 personne aime ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

J'aime vraiment la façon dont tu écris, et en plus on a le même surnom D:

Keep going!

 

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

C'est.
MA.
GNI.
FIQUE.

J'adore ton écriture! Elle est sublime! Et l'histoire est super prenante!

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Merci à tous les deux, et à tous ceux qui m'ont soutenu à travers cette histoire d'ailleurs !

Je n'ai pas écrit de "suite" à tout ça pour le moment parce que le BG de mon personnage est terminé, le reste se développant directement IG, mais je publierais de temps à autres des petites histoires sur la Guilde (des chapitres qui se suffiront à eux-même) pour ceux qui voudront en apprendre d'avantage ! :)

Une première "anecdote" devrait arriver bientôt :D

1 personne aime ça

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

[HRP / Anecdote avec un style d'écriture un peu différent. Les futurs messages auront chacun un style littéraire particulier, en fonction du personnage qui écrit, ou qui parle.

Je manquais un peu de temps ces dernières semaines à cause des études donc la sortie de ce bout de texte a pris plus de temps que prévu.

Bonne lecture / HRP]

 

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 

» Qui est Miralas ?

 

Eh bien, pour répondre à cette question, il faut remonter assez loin. A un jour que je serais incapable de situer, mais dont je me rappellerais encore longtemps, je pense.

Ce matin-là, un vent frais soufflait sur les quais d’Orgrimmar. Peu se souviennent encore de l’existence de ces quelques plaques bâtardes qui s’élancent sur l’océan, accueillant, parfois, les navires incapables d’atteindre Cabestan. A mes yeux, la jetée d’Orgrimmar a toujours eu cette apparence que personne n’avait jamais vraiment été capable de qualifier : des morceaux difformes de métal, de bois et de chance se mêlaient çà et là, formant un amas noir suffisamment solide pour tenir, contre toute attente, au-dessus de la Grande Mer.

Mais ce miracle de l’ingénierie – ou abomination surnaturelle, à mes yeux – n’est pas ce qui nous intéresse. Non ; la jetée tenait bon, et les ingénieurs avaient tantôt oublié son existence pour se concentrer davantage sur la conception d’engins de siège. Faisons de même, et rapprochons davantage de la tâche noire et blanche qui errait sur ces quais.

Moi.

J’étais jeune à l’époque. J’étais arrivé en Azeroth une poignée d’années auparavant, et la Guilde avait déjà été montée par Fidren et Awendrill. Elle était encore petite, cela dit. Nous étions à peine une dizaine, et ils préféraient tous traîner dans les Royaumes de l’Est. Je ne me souviens plus exactement de la raison de leur absence, en ce jour ; tout ce que je sais, c’est que je me tenais là, droit sur les quais, mon visage scrutant les vagues qui s’écrasaient sur la jetée difforme, et que j’y suis resté longtemps.

Comment ça, Séref ? Pourquoi Awendrill et pas toi ? Tais-toi donc avec tes questions, on n’a pas le temps. Retourne t’asseoir et écoute attentivement.

Je disais donc… plus d’une heure. Je suis resté là jusqu’à ce que je voie la vieille barque de cet abruti surgir de la brume, à l’horizon. Et soudainement, la jetée me parut extraordinairement bien conçue. C’est simple. Je suis prêt à parier qu’il y avait plus de flotte dans le navire de Miralas à ce moment-là, qu’il n’y en avait dans l’intégralité des Mers du Sud. Il avait le ventre à moitié trempé. Ses pattes baignaient dans l’eau et son radeau semblait vouloir en finir avec sa propre existence : pourtant, Miralas atteignit la jetée presque par miracle. Je m’en souviens encore bien.

Avec son sourire niais peint sur le visage, il me tendait sa grosse main.

— Mon ami, dit-il en me scrutant de bas en haut, tu as encore pris du poids.

— Miralas.

On n’avait pas besoin de davantage. En l’espace de quelques minutes, nous avions déjà trouvé une table à l’auberge la plus proche d’Orgrimmar. Le trajet s’était fait dans un silence agréable, qu’aucun d’entre nous n’avions jugé bon de briser. Ce silence symbolisait une bonne partie de notre amitié.

On s’assit quelque part, près du comptoir. C’est à ce moment-là qu’il retire son chapeau de paille.

— Comment se passent tes aventures, mon ami ? demande-t-il en posant son couvre-chef.

— Bien. Les tiennes ?

— Heureuses ! Merci d’avoir posé la question. (Il fait signe à un Orc qui traîne là, et commande deux bières). Ce monde est fascinant, tu ne trouves pas ?

— Fascinant ?

— Les coutumes ! Elles sont fabuleuses.

Je souris ; c’est le genre de sourire nerveux dont le sens-même était obscur, même pour moi. On voit longtemps. On discute. Les bières arrivent, on boit, et on continue à discuter... de Yüne, du monde, de la vie et de son absence de sens. Jusqu'à ce que, passé la dizaine de bières, le regard de Miralas se fasse plus insistant sur mon joli minois.

— Que t’est-il arrivé au visage ? s’enquit-il.

— Une fabuleuse coutume.

Je grommelle en caressant la balafre. Le chasseur ne m’avait pas raté.

— De quel peuple ?

— Un Humain qui a dû me prendre pour un ours, je crache. Il n’a pas vécu suffisamment longtemps pour m’expliquer la raison de son agression, cela dit.

Je vois luire dans les yeux de Miralas l’essence-même du silence dans lequel baigne notre amitié.

Sa stupidité.

— Almaran, tu te souviens des préceptes du maître, n’est-ce-pas ? La violence…

— … est souvent nécessaire, je coupe en soupirant. Ce sont les préceptes que j’ai appris ici, dans le monde réel. Hmm ? On est à court de bières ?

— Pourquoi être si impatient ? Tout vient à point à qui sait attendre.

Un frisson mord ma nuque à pleines dents.

— Tu ne vas pas commencer, Miralas.

— Voyons ! Je t’ai envoyé cette lettre pour que nous puissions nous retrouver un peu tous les deux, mon ami. Je ne pensais pas que tu avais tant changé. Ton regard… tu as les yeux de quelqu’un qui a vu toutes les horreurs que ce monde avait à offrir.

Il ne savait pas à quel point il avait tort, à cet instant. Je n’avais pas encore tout vu.

Les bières reviennent. Je porte la mienne à mes lèvres.

— Tu devrais vider ton sac, me dit-il. Parler un peu. Tu sais, un verre est bien plus utile lorsqu’il est vide.

Le frisson se transforme en blizzard. Je grogne en terminant ma chope.

— Ça. Tu devrais arrêter ça.

— Arrêter quoi ?

— Tes jolies phrases. Elles n’ont aucun sens.

— Quoi ? Ces préceptes ? Mais elles forment notre héritage !

Mon poing percute de plein fouet la petite table sur laquelle je suis appuyé. Le bois tremble mais tient. Tous les regards se tournent vers moi.

— Il n’y a pas d’héritage, Miralas. Ferme-la maintenant et bois.

— Comment oses-tu ? Tu renies notre apprentissage !

— Quel apprentissage ? Quel héritage, Miralas ? Tu es déjà allé en Pandarie, toi ? Moi j’y suis allé, et effectivement, c’est similaire à la vie sur Shen-zin Tsu. Mais les ressemblances s’arrêtent là. Je ne me sens pas chez moi, là-bas. Je ne me sens chez moi nulle part. (Je bois une grande gorgée de bière, après que le serveur m’ait ramené une chope). Nous ne sommes même pas des Pandarens, toi et moi. Yüne non plus. La Horde et l’Alliance font les mêmes erreurs, encore et encore. Tu le sais ça hein ? Notre présence ici n’a aucun sens. Notre héritage n’a aucun sens. Tes phrases, tout ce qu’on nous a appris, et plus particulièrement ces putains de mensonges sur l’équilibre de la vie. Tu as vu ce qu’il se passait en Azeroth, Miralas, alors que nous vivions paisiblement sur Shen-zin Tsu ? Il n’y a pas d’hérita…

La patte de Miralas me caresse le visage avec une violence dont il avait rarement fait preuve au cours de sa courte vie. L’alcool me tambourine le crâne. Je n’aurais pas dû boire avant de me rendre sur les quais.

Je tombe à la renverse, saisis ma chaise et la fracasse sur l’autre tâche noire et blanche. Miralas recule à son tour, sonné, probablement surpris, même, par ma nouvelle force. Je me redresse et lui fait face, les doigts caressant le manche de mon bâton.

— La violence, dis-je en léchant le sang qui coule de mon museau, je pensais que c’était à proscrire ?

— Tu n’es même plus capable de différencier une simple baston de bar à un règlement de compte, mon ami ?

Je crache.

— Ce coup était lâche.

— Utiliser une arme l’est encore plus, mon ami.

Quelqu’un arrive dans mon dos et me saisit par l’épaule. Un Troll au regard noir, probablement un habitué. Je n’aime pas son expression.

En colère, je lui fracasse les restes de la chaise sur la tronche. Il se courbe, encaisse le coup, et réplique avec un uppercut dont je me souviendrais encore longtemps. Rapide, puissant, douloureux, un coup comme on en reçoit rarement. J’ai fini ma course sur une autre table, et je suis resté cloué au sol de longues secondes. Le Troll m’a roué de coups avec un autre Orc, et ma vision commençait à se brouiller. L’alcool faisait son effet.

Et ensuite, Miralas les a dégagé tous les deux. Même aujourd’hui, je n’ai toujours pas compris comment il avait fait. Je me souviens juste du moment où il s’est penché sur moi.

— Tu n’es plus que l’ombre du Pandaren que j’ai connu, mon ami.

— Nous ne sommes… pas des Pandarens…

— Toi peut-être, mais mon cœur ne m’a jamais trompé à ce sujet. La Pandarie… non, Azeroth entier est notre foyer, et effectivement, nous devons le protéger. Les lois que nous avons appris plus jeunes sont probablement vouées à changer, et à évoluer avec le temps, Almaran, mais jamais… jamais elles ne disparaîtront. Alors tu peux rester là, seul, à boire et à te bastonner avec d’autres ivrognes... comme le font si bien les Pandarens, d’ailleurs. Ou alors, tu peux décider de changer ton cœur, et d’apporter la paix à ce monde ; une paix que nous avons mis tant de temps à cultiver sur l’île vagabonde. C’est à toi de voir.

Il est parti après ces mots. Je ne l’ai pas supplié de rester. Je suis quelqu’un de fier, et surtout, à ce moment-là, j’avais terriblement mal aux articulations, et l’alcool que j’avais ingurgité manquait de remonter hors de mon estomac. Et il est parti.

Et je suis retourné chercher Dweryl, à ce moment-là, pour que nous nous lancions dans la piraterie.

 

 

Alors voilà, Séref, qui est ce Miralas dont je parle tout le temps.

Un abruti qui pense dur comme fer que les mots peuvent régler tout la souffrance du monde, parce qu’il ne l’a jamais vraiment connu.

Un imbécile heureux qui a la certitude d’être quelqu’un de cultivé, et qui répète toujours les mêmes expressions toutes faites à qui veut bien les étendre.

Un stupide pandaren qui refuse de se laisser aller à la partie plus sombre, qui vit en chacun d’entre nous, comme je l’avais fait, il y a longtemps.

Un vieil ami qui m’a rouvert les yeux et qui m’a permis de devenir la personne que je suis aujourd’hui, suite à une baston de bar.

Mon ami.

Et je t’en parle aujourd’hui parce que bientôt, je vais partir à sa recherche, et je le ramènerais dans la Guilde. Je veux qu’il voie à quel point Yüne a changé ; je veux qu’il se rende compte du chemin que nous avons parcouru.

Pourquoi le ramener, me demanderas-tu encore ?

Parce que je veux parcourir le reste du chemin à ses côtés.

Modifié (le) par Brasigen
Comme d'hab, je ne me suis pas relu.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !


Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.


Connectez-vous maintenant